Une belle victoire de Jonathan DUHAIL à l’Infernal Trail des Vosges 33 kms
Infernail trail des Vosges, 33 kms, 1000m D+, Saint-Nabord (39)
par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Paris
Ça y est, c’est l’heure de la reprise du TTN après la période des vacances !!! Depuis la dernière course que j’ai faite à Malaucène près du Ventoux, l’entrainement s’est bien passé la plupart du temps, à part une légère douleur à la cheville droite. J’ai effectué pas mal de kilomètres, d’autant plus que j’accompagne souvent Agnès sur des séances de prépa 100kms de Millau, donc ça fait pas mal de sorties. J’avais quand même fait le 50kms de Theillay avec elle en vélo pour ne pas trop avoir mal aux jambes pour la suite de l’entrainement. L’expérience était vraiment sympa.
Le WE du 13 septembre, avait donc lieu la dernière manche du TTN court, avant les championnats de France : l’Infernal Trail des Vosges. Pour pouvoir bien figurer au classement final du TTN, il fallait réussir à faire une bonne place, qui remplacerait ma décevante 8ème place du Trail Drôme.
Nous partons donc avec Agnès le samedi soir (hé oui, la vie de commerçante n’est pas toujours facile, Agnès se doit d’être là pour ses clients le samedi, alors on part après le boulot) pour Plombières-les-Bains, où nous avons réservé un appart pour deux nuits, afin de profiter aussi du lundi sur place : Plombières est une ville thermale donc nous voulons avoir le temps de profiter des Vosges, mais aussi des thermes !!!
Sur le trajet, pas mal de petites choses tentent de nous ralentir : des bouchons en sortant de Paris évidemment, des flics qui ont décidé de faire des contrôles radars, des biches qui se baladent partout sur les routes dans les Vosges, la pluie et surtout un mal de fesse pour Agnès à cause d’une sciatique qui la fait vraiment souffrir en position assise… On arrive quand même à destination pas trop tard et la sympathique proprio du logement nous attend pour nous remettre les clés. Après un rapide repas, on décide de se coucher rapidement, même si le départ n’est pas si tôt que ça puisqu’il est prévu à 9h30.
Le lendemain matin, réveil aux aurores, une fois de plus le dimanche, alors que c’est le seul jour de repos de ma chérie … Quand on aime… Il est donc 6h30 lorsque nous déjeunons en parlant du programme de la matinée. J’ai programmé à Agnès les différents points sur le parcours où elle pourra venir me voir. Il y en a beaucoup puisqu’une dizaine sont prévus !!! Du coup, c’est un peu le stress de son côté. J’essaie de la rassurer en lui disant que nous sommes à pied et elle en voiture :) donc qu’elle aura le temps de venir me voir ;)
Pour lui changer les idées, je lui parle aussi des forces en présence, puisque je sais que certains coureurs jouant le TTN seront présents pour cette dernière manche – comme Laurent VICENTE, un spécialiste des courses de montagne, qui s’est aligné sur le TTN court cette année, et à qui il faut encore faire une course avant les France – ou encore quelques concurrents souhaitant participer à cette manche. C’est en effet la dernière épreuve qualificative pour pouvoir participer aux championnats de France. J’ai le droit à une réponse très claire : « De toute façon, t’es là pour la gagne, on s’est pas bougé le cul pour faire une manche en plus à Faverges si c’est pas pour faire un gros résultat ici aujourd’hui !!!! ;) »
Bon bah les choses étant mises au point :) , il n’y a plus qu’à assurer pour tout déchirer et ramener des points. Sur le papier, le format de ce trail me convient bien, étant donné qu’il n’y a que 1000mD+ annoncés sur 30kms. Ça devrait donc être assez roulant. Coté météo, ce n’est pas la grosse fiesta. Il pleut plutôt pas mal lorsque l’on sort de chez nous pour aller récupérer le dossard à Saint-Nabord. Sur le trajet, des nappes de brouillard nous enveloppent. Ça s’annonce pas top pour ma suiveuse :( En allant vers le départ, on s’arrête à deux endroits sur la route pour repérer certains points où Agnès m’attendra tout à l’heure.
Sur la zone de retrait des dossards, il n’y a pas encore grand monde lorsque l’on arrive. Mais les coureurs sont sans doute venus retirer leur dossard la veille, vu qu’il y a de nombreuses courses sur cet Infernal Trail : un 160km, un 72km, plus des course à obstacles, ou des courses pour les enfants. Bref, il y en a pour tous les gouts. Nous sommes surpris par la taille de la zone et du portique d’arrivée : c’est vraiment une grosse orga et tout est millimétré, du parking en passant par le retrait des dossards, le village départ, …
On retourne donc à la voiture qui est garée stratégiquement pour qu’Agnès puisse repartir directement pour aller au premier point de passage situé au bout de deux kilomètres de course en pleine ville, juste avant la première montée.
Derniers préparatifs, avec les épingles, les petites photos rituelles d’avant-course avec le parapluie offert par l’organisation, le sac et les flasques, plus le téléphone qui est le seul matos obligatoire sur cette course. Sur les conseils d’Agnès, je pars ensuite m’échauffer sur la fin du parcours pour le reconnaitre et savoir à quoi m’attendre en cas d’arrivée groupée comme à Sancerre :) C’est une belle descente, un peu boueuse et pas trop technique qui nous attend pour le final.
Au bout de 20min d’échauffement et après avoir croisé des oies (mauvais souvenirs de la Drôme), je sens que ma cheville est chaude et qu’elle ne me gênera pas. Je pars donc plutôt confiant vers le départ, après avoir dit « à très vite » à ma chérie qui se rend au premier point de passage.
Sur la ligne de départ, il fait de moins en moins mauvais : la pluie s’est presque arrêtée. Tout semble réuni pour qu’on puisse faire une belle course. Je retrouve peu de monde que je connais : Geoffroy SARRAN et Romuald DE PAEPE ne sont pas là, car ils ont déjà fait les 4 courses nécessaires avec des résultats satisfaisants. Laurent VICENTE est bien là, sur la ligne, avec un paquet d’autres coureurs qui ont l’air prêts pour en découdre.
Dès le coup de feu donné, je me retrouve en tête avec Laurent, puis peu après un concurrent nous double à toute allure, alors que le rythme me paraissait déjà élevé.
Au bout de 300m, on retrouve la route et le peloton se reforme. Je décide alors de prendre les choses en mains pour étirer le groupe afin qu’on ne se retrouve pas à 30 à vouloir entrer dans le single à 2km de là. Je me place en tête et j’imprime un rythme assez soutenu ce qui fait que je ne suis pas non plus complètement à l’aise en arrivant au premier point où Agnès est censée m’attendre. Je la cherche parmi la quinzaine de personnes présentes. Mais impossible de la trouver. Je me dis que ça commence mal et j’espère surtout qu’elle n’a pas eu de problème sur la route. En fait, elle était bien là et m’a encouragé tout en prenant plein de photos. C’est juste que je ne l’ai pas vue :( J’ai pu me rendre compte après la course d’après la photo prise à cet endroit, qu’il y avait encore un groupe d’une quinzaine de coureurs dans le peloton derrière moi alors que le rythme était quand même très soutenu.
L’entrée sur le single se passe bien pour moi, étant donné que je suis devant !!! A partir de là, commence la plus longue ascension de la course. Je décide de prendre un rythme et de m’y tenir. Derrière, seul un concurrent s’accroche à moi, les autres se laissent peu à peu distancer. Le seul problème c’est que j’ai l’impression de quand même beaucoup être essoufflé à ce rythme, alors que le coureur derrière moi semble très à l’aise. Je ne l’entends même pas respirer… Dans la première descente, je temporise un peu, pour récupérer et un groupe de 6 ou 7 se reforme. Vers le 7ème km, on arrive à une traversée de route où j’aperçois enfin mon accompagnatrice ;)
La descente – estampillée « attention danger » – continue et on progresse dans un groupe de 5 environ, à travers des forêts de sapins, des champs et des chemins très peu utilisés presque tracés pour nous je pense, droits dans la pente ! Je suis en tête depuis le départ mais lors d’une bifurcation, je me trompe de chemin. Me voici donc en seconde position derrière Hocine BOUTRIA, le coureur qui me talonnait dans la première côte. A ce moment-là, je n’aperçois pas Laurent dans le petit groupe de coureurs derrière. Mais, il est plutôt du genre à bien gérer ses courses après des départs prudents sur ces terrains-là, pas trop vallonnés.
Au 10ème km, peu avant le premier ravitaillement, Hocine accélère assez fortement et je ne me sens pas de le suivre. Je hausse quand même un peu le rythme, mais je vois bien que c’est suicidaire de s’accrocher à lui. Les écarts commencent à se creuser, que ce soit entre lui et moi, ou derrière moi. 12ème kilomètre : j’arrive au premier ravito où Agnès m’attend avec une flasque. Je n’en ai pas besoin alors je lui demande de me l’amener au second. Je prends juste un verre de coca pour changer un peu du gout de la boisson énergétique et je repars à la poursuite d’Hocine. Agnès m’a indiqué 25sec de retard, ce qui fait quand même beaucoup en 2km !!!
A partir de là, le parcours est quand même moins vallonné et le profil se rapproche d’un trail de région parisienne. Nous longeons un lac puis une belle colline à notre droite, colline qu’il va finalement falloir monter : un sentier droit dans la pente se profile et j’aperçois Hocine déjà bien haut. On replonge ensuite vers le lac pour repasser pas loin du ravito. Agnès doit m’attendre normalement à ce point. Je la retrouve avec d’autres spectateurs. Elle m’encourage de loin avec des « Allez mon Loulou !! » Les autres personnes présentes se mettent aussi à crier les mêmes « Allez mon Loulou !! » ce qui me fait bien rigoler sur le coup. Agnès me racontera que les spectateurs présents lui avaient demandé la permission de m’appeler « Allez mon Loulou !! » et qu’au vu de ma tête un peu dans le dur, elle avait accepté pour me redonner le sourire.
L’écart est monté à cet endroit-là (15ème km) à 1min20sec : je commence à me dire que c’est mort pour la première place vu la vitesse à laquelle l’écart grandit. Pourtant, j’ai quand même l’impression de forcer pour justement limiter l’hémorragie. Je ne m’occupe pas pour le moment de ce qu’il se passe derrière et Agnès ne m’en parle pas non plus.
Au 18ème km, alors que je ne vois plus Hocine depuis longtemps, je retrouve Agnès une fois de plus. Elle m’annonce un écart de 2min. Pourtant, elle me dit aussi que devant Hocine commence à être marqué. De mon côté, ça me fait toujours autant plaisir de voir ma chérie qui est là pour moi et je sais qu’elle se débrouille super bien pour être partout alors que les points sont quand même très proches ! Le rythme que j’ai adopté me convient bien pour aller au bout de la course, sachant qu’il reste encore 15km pour boucler les 33 que compte la course. Si jamais Agnès a raison sur l’état de forme d’Hocine, peut-être que j’ai une chance de le revoir avant la fin.
Le parcours est de plus en plus plat maintenant. Cela me permet de dérouler la foulée et de me sentir de mieux en mieux, comme d’habitude sur ce type de format. Au bout de 21km, Agnès est encore là, à un point qui n’était pas prévu ! Elle est bien motivée et m’encourage comme une folle à ne rien lâcher. Je lui demande de préparer la flasque pour le ravito qui arrive 2km plus tard, car la mienne est presque vide.
A l’arrivée au ravitaillement, au 23ème km, il y a de l’ambiance, avec pas mal de spectateurs, plein de bénévoles, de la musique et…. ma chérie, … mais pas de coca sur la table du ravito !! Il y a bien des bouteilles, mais les gobelets ne sont pas servis, à priori, on ne nous attendait pas aussi vite. Qu’à cela ne tienne, Agnès se jette derrière les tables, chope une bouteille et un gobelet pour faire le service, le tout filmé par la caméra de MyLorraine !!! Pendant ce temps, elle me donne les dernières infos : Hocine a encore creusé l’écart mais il est de plus en plus marqué. Je sens qu’Agnès a une grande confiance pour la fin de course. Elle m’expliquera après la course qu’Hocine ne paraissait plus du tout lucide à ce point : il est arrivé en traversant le ravito sans s’arrêter avant de faire demi-tour et de revenir prendre un gobelet le plus vite possible pour repartir. Elle avait repéré qu’il était parti sans eau.
Je ressors du ravito reboosté, mais malheureusement le seul et unique problème de balisage de la course intervient à ce moment-là : impossible de savoir si il faut prendre à gauche ou à droite. Je tente donc les deux directions avant de retrouver de la rubalise sur la gauche et de repartir de plus belle. Quelques petites bosses à monter et descendre, un ruisseau à traverser, des singles plein d’épines de pins et je retrouve déjà Agnès au 25ème km. Là, je n’ai plus le droit à des écarts. En fait je revenais sur Hocine, mais Laurent n’était vraiment pas loin derrière à ce moment-là et Agnès ne voulait pas que je m’en occupe. Elle se contente donc de m’encourager sans me dire qu’elle apercevait déjà Laurent juste derrière.
Quelques kms plus loin, après une traversée de route, j’entame une belle montée et j’entends derrière moi Agnès gueuler comme une folle : « Aller mon amour !! ». Elle est vraiment partout ;) Au 28ème km, je rattrape Hocine qui n’avance plus, presque en haut de la dernière côte. Il ne restera plus que de la descente ou presque derrière, donc je me dis qu’il pourra quand même aller au bout. Je ne ralentis pas pour autant, car je sais bien que derrière ils n’ont pas arrêté de courir même si Agnès ne me donne pas les écarts.
Je ne verrai pas ma chérie sur le dernier point prévu, car le GPS a décidé de lui faire faire du rallye un peu plus loin sur des routes forestières interminables qui ont eu raison de la vitesse de la C3 !! De mon côté j’arrive dans la dernière descente que j’ai repérée à l’échauffement et je sais à ce moment que la course est gagnée, car normalement ça ne peut plus revenir sur les deux derniers kms.
Je profite donc des conseils de Bertrand – l’entraineur d’Agnès, qui m’avait donné un cours particulier de descente en juillet dernier – pour me concentrer et essayer de prendre un maximum de plaisir avant l’arrivée. Finalement, je passe la ligne en 2h25min, 2min devant Hocine et 3min devant Laurent. Beaucoup de monde parmi les 10 premiers seront aux championnats de France deux semaines plus tard : ça promet une belle bagarre.
J’ai le droit à quelques interviews par la presse locale, puis je discute un peu avec Hocine et Laurent. Finalement, je peux aussi remercier ma chérie, qui finit par arriver, déçue d’avoir raté mon arrivée mais très heureuse d’avoir entendu le speaker annoncer ma victoire alors qu’elle galérait pour se garer.
La suite est assez classique après la course : je mange un peu au ravito, puis Agnès m’emmène à la voiture me changer (pas le temps de retourner se doucher à l’appart avant les podiums). Ensuite, sur le village, on rencontre bien évidemment des tas de gens qui connaissent Agnès : Bruno, plusieurs de ses commerciaux, …
Sur le podium, les dix premiers sont conviés et il y a plein de lots sympas, avec surtout de la gastronomie régionale. Laurent m’offre aussi 4 BD sur la course à pied dont il est l’auteur (www.coachapied.com), mais que je n’ai pas encore eu le temps de lire. En discutant un peu avec Hocine, on se rend compte qu’il a vraiment un gros potentiel : 30min45sec sur 10km cette saison, 10ème aux championnats de France de course en montagne, … S’il gère mieux sa course aux France dans deux semaines, il peut créer la surprise.
Dans l’après-midi, on se fait une balade dans les Vosges, mais ça tourne mal quand on entend un orage s’approcher de nous. En 5min, on est trempé de la tête aux pieds, ainsi que toutes les affaires qu’on avait mises à sécher dehors… C’est pas grave ça fait des souvenirs. On passe aussi aux thermes se renseigner pour le lendemain (on se rend compte à ce moment qu’on a oublié nos maillots tous les deux : résultat, Agnès en achète un, et je vais y aller en short de course à pied).
Le lendemain, Agnès doit quand même s’entrainer pour Millau, vu qu’elle n’a pas couru le dimanche préférant me suivre. Je l’accompagne pour un footing de 45min, et je me rends compte que j’ai bien forcé la veille parce que je n’arrive pas à la suivre dès que ça monte…
Après un petit repas au restaurant avec des produits du terroir, on se dirige vers les Thermes de Plombières. De l’extérieur, on ne se doute pas du tout de ce qui nous attend à l’intérieur. Ce sont des anciens thermes romains restaurés dans leur état d’origine. C’est tout simplement magnifique : le parcours commence par un couloir au sous-sol ou la température augmente naturellement au fur et à mesure que l’on s’y enfonce. Au bout, on a le choix entre un hammam magnifique, mais très chaud (aux dires d’Agnès), ou une salle surchauffée ressemblant à un sauna. Plus loin, on peut profiter de deux jacuzzis très chauds eux aussi, ou de jets d’eau chaude sous pression.
Bref une après-midi de rêve dans un décor somptueux et vraiment relaxant. Autant dire que le retour sur Paris n’a pas été facile après ça !!!
Vidéo de l’arrivée : https://www.dailymotion.com/video/x36pds3_l-infernal-trail-des-vosges-2015-vainqueur-du-30-kms_sport#tab_embed
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