Une arrivée au Sprint à la TranjuTrail, par Jonathan DUHAIL
Le marathon de la TransJutrail, dimanche 7 juin 2015, 36kils, 2000m D+
par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Paris
Après le marathon de Sauternes, j’ai passé une semaine plutôt tranquille, orientée récupération, pour pouvoir répondre présent lors des objectifs suivants, et notamment lors du Marathon de la Transju, qui a eu lieu deux semaines après seulement. Cette course est la deuxième épreuve du Trail Tour National à laquelle je vais participer cette année. J’ai pour objectif de mieux figurer que lors de la première manche dans la Drôme, où le résultat n’était pas des meilleurs. Cette manche-là me correspond mieux sur le papier : elle est plus longue et le dénivelé est mieux réparti.
La semaine d’avant la course, je reprends donc un entrainement plus conséquent, mais sans trop en faire non plus, pour arriver frais le dimanche. Le départ pour le Jura est fixé au samedi soir depuis Team Outdoor, car Agnès, qui m’accompagne une fois de plus, travaille au magasin toute la journée. Cette fois, nous avons décidé de prendre sa C3 pour partir, puisque la conduite lui parait plus sûre dans une voiture qu’elle connait pour foncer d’un point à un autre pendant la course (voir le résumé du Trail Yonne). Le samedi, je finis donc de préparer mes affaires, et je rentre aussi dans le GPS les différents points ou Agnès pourra passer me voir pendant la course : au total, je lui prévois donc 6 points de passage, plus le départ et l’arrivée.
Nous partons un peu après 18h du magasin. Après sa journée de boulot, Agnès tient quand même à prendre le volant pour que je puisse me reposer avant la course du lendemain. Bon, à part le petit loupé au départ où on rate l’A6b, et où du coup on rejoint l’A6a, ça se passe bien, et je dors une bonne partie du trajet. Au bout de 2h30 de route, on change de conducteur, et je prends le volant à mon tour pour qu’Agnès puisse aussi se reposer. Finalement, nous arrivons au gîte qu’Agnès a réservé vers 21h30 environ. On est super bien installés, à 15min du départ (Morez) en voiture, et 3min de l’arrivée (Les Rousses).
Le départ a lieu le lendemain à 9h15. Nous nous levons donc vers 6h00 environ, pour manger. Puis, je prépare mes affaires et mes bidons que je donnerai à Agnès pour qu’elle me les donne aux ravitos pendant la course. Nous quittons le gite à 8h pour arriver à Morez alors que c’est encore désert ou presque : seuls quelques concurrents arrivés en navette sont déjà là. Et là, je mesure toute la chance que j’ai d’avoir ma chérie pour m’accompagner sans avoir à prendre le bus. Sans compter que je pourrais compter sur elle pour me booster tout au long de la course.
Je récupère mon dossard et on se sépare ensuite pour que je parte m’échauffer. Tout de suite, je ressens la chaleur et je sue à grosse goutte. Il va falloir bien boire pendant toute la course pour ne pas finir à l’agonie. Je retrouve Agnès qui me dit où elle m’attendra dans Morez afin de me voir passer juste après le départ et prendre des photos avant de repartir en C3 pour m’attendre au premier point de passage. Après qu’elle m’ait souhaité bonne course, je me rends sur la ligne de départ, où c’est vraiment plus cool que dans la Drôme. Aucun problème pour se rendre juste devant la ligne de départ et les coureurs ne se précipitent pas pour être aux avant-postes.
Sur la ligne, je reconnais Geoffroy SARRAN et Thibaut BARONIAN, qui sont les deux principaux favoris de la course, avec Julien COUDERT (mais je ne le connais pas, et donc ne le reconnais pas…). Le départ est donné à 9h15 précises et le rythme est déjà assez soutenu. Thibaut se place devant tout de suite et imprime le rythme. Nous ne sommes que trois à le suivre : Geoffroy, Julien et moi. Au bout de 300m, on passe devant Agnès, qui mitraille avec son appareil photo et je lui fais un dernier bisou !
Là arrive la première côte : 400m de D+ à monter en 2.5km environ. Je trouve que le rythme imposé est vraiment soutenu et je préfère laisser partir les trois fusées devant moi. Je les ai en ligne de mire un bon moment. Je vois alors que Julien décroche lui aussi. Il ne me prend plus de terrain. Au bout de 1km, un coureur me passe : je ne le connais pas. Il s’agit, en fait, de Rémi PIEGELIN. Il monte vraiment sur un bon rythme, je choisis de ne pas m’accrocher et me retrouve ainsi en 5ème position.
En haut de la côte, j’ai rejoint Julien. Nous entamons alors un faux plat montant. Je le distance légèrement. J’apprendrai après la course qu’il avait fait la TransVulcania le mois précédent. Vraiment pas facile de récupérer après une telle épreuve ! Après une belle descente au cours de laquelle Julien me repasse, nous arrivons au 8ème km : Agnès devrait être là ! Je regarde parmi tous les spectateurs sans la voir ! Et bim, dans une épingle avec des graviers, je m’étale de tout mon long !! Heureusement, pas de bobo. Je repars tout de suite. Je retrouve Agnès 200m plus loin. Elle discute avec sa copine Géraldine que j’ai rencontrée à la Grande Traversée en octobre dernier. Agnès m’annonce 3ème. Je lui réponds que non, je suis 5ème, mais les deux filles m’affirment que je suis bien 3ème !!!
Il y a deux solutions : soit Agnès s’est trompée dans le compte des coureurs, vu qu’on double régulièrement des coureurs du 72km qui empruntent le même parcours que nous pour leur seconde partie de course. Soit les premiers se sont plantés de chemin. De toute façon, pas la peine de se prendre la tête, moi je suis sur la bonne route : il n’y a qu’à courir !!!
J’ai doublé Julien et je me dirige vers Prémanon. Les paysages traversés sont magnifiques et bien verdoyants. J’entends alors un coureur revenir fort de derrière, alors que l’on est en côte. Il s’agit de Thibaut qui s’était bien perdu en compagnie de Geoffroy, et qui est en train de remonter. Il me demande rapidement si la tête de course est loin. Je lui réponds qu’il reste juste un coureur devant, à environ 2min d’après le dernier pointage d’Agnès. Je n’essaierais pas de le suivre vu que son rythme en côte est quand même bien supérieur au mien !!!
Prémanon, 13ème kilomètre et premier ravitaillement : j’ai toujours Thibaut en point de mire, mais plus pour longtemps. On en est à 1h13 de course. Il y a beaucoup de monde, car c’est de là que va partir le semi-marathon quelques minutes juste après mon passage. Il était temps d’y arriver :) Agnès est là pour m’encourager. Elle m’annonce les écarts qui ne sont pas énormes. Le parcours a un profil plutôt montant sur toute la partie de parcours qui suit mais ce sont des portions plutôt pas trop raides. Ça se coure bien. On passe dans des forêts, sur des pistes de skis, dans des pâturages, … Le parcours est très agréable et varié. Par contre, il fait très chaud, et je fais attention à bien boire régulièrement.
Je croise de nouveau ma chérie au milieu de nulle part au 18ème km environ ! Je me demande même comment elle est arrivée là (à priori en passant sous des fils de fer barbelés m’expliquera-telle après la course). Ça fait toujours autant plaisir de la voir. L’écart avec Thibaut a bien augmenté, elle m’annonce qu’il est passé ici il y a un peu plus de 4 minutes. J’entends ensuite un coureur qui revient de l’arrière : il s’agit de Geoffroy qui remonte lui aussi, mais sur un rythme beaucoup plus raisonnable que Thibaut. Nous allons courir ensemble les kilos qui suivront en nous relayant.
Après une belle descente, nous arrivons au 21ème km, au ravitaillement des Dappes. Agnès me donne une flasque et je repars sur la grosse montée du parcours : la Dole. Nous entamons l’ascension à deux avec Geoffroy. Il y a 450m de D+ à monter en 2.6km avec des portions vraiment raides. A ce moment-là de la course, les jambes sont dures. Il devient difficile de courir dans des pourcentages aussi élevés. Nous essayons de conserver un bon rythme en marchant, mains sur les cuisses dès que cela devient trop dur. La montée durera 24min. Les vues y sont vues superbes avec des points de vue sur toute la région et un panorama à 360° depuis le sommet. Le lendemain, nous avons refait cette partie du parcours en rando avec Agnès afin qu’elle puisse, à son tour, profiter de ces paysages.
Arrivés au sommet, je sens que j’ai un petit coup de moins bien. Je prends le temps de bien boire avant de repartir. Geoffroy, lui, repart de plus belle dans la descente,. Il prend de l’avance progressivement. J’essaie de limiter les dégâts en me faisant violence pour courir le plus vite possible sans me cramer complètement.
Une nouvelle bosse nous attend encore avant la redescente vers les Rousses. Et elle fait bien mal cette montée ! Je vois Geoffroy, devant, qui marche. Je marche aussi : nous n’avançons pas bien vite !! Le premier du semi-marathon nous doublera dans cette bosse. Heureusement, elle n’est pas trop longue et nous repartons dans la descente. Je suis toujours une trentaine de seconde derrière Geoffroy. La descente me fait mal et j’ai envie de boire de l’eau et du coca. Ça tombe bien, je sais qu’il y a un ravitaillement ou Agnès sera là au 28ème km environ. Lorsqu’on y passe, j’ai environ 1min de retard sur Geoffroy. Je décide cependant de prendre 20sec environ pour bien me ravitailler : je bois un verre de coca et un verre d’eau. Puis, je repars sous les encouragements d’Agnès qui me motive à bloc et me dit d’aller chercher les deux qui ne sont pas loin devant.
Les 8 derniers kms sont normalement à mon avantage : en profil roulant et légèrement descendant. Je déroule alors la foulée et accélère en espérant pouvoir monter sur le podium. Je double à un moment un concurrent, qui me demande si je suis sur le 36km. Quand je lui réponds que oui, il me dit « Et merde ». C’était Rémi que je n’avais pas reconnu et qui a eu un gros coup de moins bien en fin de course. Je passe alors en 3ème position et je vois Geoffroy devant, à une petite minute. Il se retourne de temps en temps pour voir où je suis.
Environ 4km avant l’arrivée, nous passons sous un pont, dans une conduite très étroite, et en sortant de l’autre côté, j’ai le plaisir de voir ma chérie, déchainée. Elle me dit que Geoffroy n’est vraiment pas loin et que je dois aller le chercher :D, que c’est pour moi la seconde place… Je relance donc de nouveau et, à 3km de l’arrivée environ, je le reprends. A ce moment, je pense que le plus dur est fait et que je vais le lâcher : mais en fait non ! Il s’accroche, le bougre, et on continue donc à deux. Dans les petites côtes qui suivent, mes jambes sont très dures et je n’ai qu’une hâte : voir l’arrivée.
Nous arrivons enfin au Fort des Rousses. Geoffroy commence à décrocher un petit peu. Arrivés en haut d’un escalier, Agnès est là, 1km avant l’arrivée. Elle court à côté de moi pour me booster. Elle hurle comme une dingue pour que je finisse second. Elle me racontera plus tard que Geoffroy en passant à côté d’elle lui dira en déconnant que ce n’est plus la peine de gueuler que j’allais faire 2ème :) et qu’il était temps que la course se termine, vu l’orage qui s’annonçait ;)
Juste 2 minutes avant de passer la ligne, des grêlons se mettent à tomber avec une violence incroyable. Je passe finalement la ligne d’arrivée en 3h16, 10min derrière Thibaut et 25sec devant Geoffroy !!! Je fonce sous une tente pour m’abriter et pour me ravitailler. L’averse durera environ 30min et j’ai vraiment du mal à récupérer sous cette tente bondée. Agnès m’emmène à la voiture. J’ai vraiment très mal aux jambes et j’ai même du mal à avancer sous la pluie. Je sens que la récup ne va pas être facile vu l’état dans lequel je suis. J’ai encore très mal aux jambes et j’ai très froid. C’est vraiment rare que je termine une course dans cet état là, mais Agnès m’a poussé à aller chercher cette seconde place et du coup j’ai tout donné.
La remise des récompenses est prévue pour 15h. Mais même 3h après mon arrivée, je ne suis toujours pas au mieux. Le soleil est de retour mais la cérémonie traine un peu en longueur. Après être monté sur le podium, on finit la journée par un bon resto et une petite balade le soir.
Cette deuxième place me fait super plaisir, d’autant que la première n’était vraiment pas jouable :) Merci ma chérie pour ton soutien au quotidien et RDV pour la prochaine manche au trail de Sancerre !