Un Mont-Saint-Michel en jaune. récit à 4 mains de Matthieu et Ben





Le Trail du Mont-Saint-Michel, 27km – 1700mD+, Barby (73), dimanche 16 avril 2016 par Matthieu BOURGUIGNON et Benoit GANDELOT, TEAM OUTDOOR POLI

Matt. MEGATRAILOZOR : Un ratio D+/km (27/1700) qui fait mal aux cuisses, un terrain technique, une grosse partie du tracé en single, une traversée de rivière, des portions avec entre 20 et 30% de déclivité positive ou négative. Voilà ce que nous sommes venu trouver à Barby (73) avec l’ami Benoit.

(Ben) C’est moi qui ait choisi car c’est le seul trail qui collait niveau date … si j’avais su ! 

Aucun de nous ne fait le fier au moment de prendre le départ. Benoit vient de faire une énorme semaine montagnarde (Ben) 7700D+ et 150km et ses muscles en ont les séquelles. Je viens de faire une semaine allégée car j’étais vraiment limite niveau physique depuis dimanche dernier avec des sensations me donnant envie de stopper le sport toute la semaine.

(Ben) Façon très élégante de dire que tu te l’es coulée douce ces derniers jours en Italie sans en branler une….

Au moins, le coin est joli et on est là sans pression avec juste l’envie de se faire plaisir et de voir où nous en sommes. On s’attend très honnêtement à prendre une raclée par les costauds du coin et on souhaite juste aller au bout du mieux possible et sans bobos.

(Ben) Oui je confirme c’est le paradis du cuissot ici, Agnès tu ne serais pas dépaysée…. ;)

Dès le départ donné, ça part vite. On fait 1km à 16km/h. Benoit se cale dans ma foulée et on se retrouve aux environs de la 10ème place alors qu’on ne traîne pas. Un coureur a pris les devants. Benoit blague en demandant ce qu’il lui a pris car il nous a mis plus de 50m sur les 500 premiers…

(Ben) Je n’ai vu personne le ravitailler en oxygène pourtant….. …… ……

Après 2km de macadam, on attaque les singles raides pierreux et sauvages. Je remonte en 3ème position. Devant, 2 coureurs sont déjà hors de vue. A peine 3km de faits pourtant, on va vraiment prendre une raclée comme prévu. Je me focalise sur mon rythme et une idée fixe que j’ai : interdit de faire la moindre foulée de marche. Je profite d’une épingle pour regarder derrière : je ne vois plus Benoit. Je m’attendais à le voir devant en côte et le reprendre en descente. J’espère ne pas être parti trop vite…

(Ben) Bah moi, je ne m’interdis jamais de marcher mais j’espérais sincèrement que ça arriverait le plus tard possible et pas après 50m de côtes! Pour le coup, c’est horrible! Je n’ai pas de jambes et j’ai l’impression que tout le monde me passe devant ! Franchement, j’angoisse à l’idée d’être dans cet état pendant encore 25km …

Km 4, fin de la première bosse. On a pris 300m en 2km. Ça pique mais je me trouve facile sur ce rythme. Devant, personne en vue et derrière, 1 gars qui est calé dans ma foulée. On redescend pour de vrai : des troncs à sauter ou franchir comme on peut! Ça casse le rythme. Je pense à Ben et me dis qu’il va adorer lui qui n’est pas toujours à l’aise en descente.

(Ben) Je fais ce que je peux pour sauter avec élégance, tel un cabri, ces obstacles naturels…. et je suis sûr que Mat pense à moi et qu’il va se foutre de ma gueule à l’arrivée….

On enchaîne quelques montées, courtes mais très raides, des descentes horribles car en épingles donc impossible de lâcher les foulées.  des replats et des faux-plats jusqu’à une traversée de rivière vers le km 8,5. Devant, je ne vois toujours personne. J’ai mon acolyte scotché aux chaussures mais il refuse de passer. Derrière, je ne vois personne non plus. Au moins, je ne suis pas tenté de courir après un lièvre et je gère mon effort.

Après ce passage aquatique (15 mètres dans 30cm d’eau), on attaque du super raide. Mais là encore interdiction de marcher. Un chemin en balcon, splendide, nous offre une magnifique vue sur une petite vallée encaissée. Le passage est assez roulant en plus : ce n’est que du bonheur. Je remercie Benoit qui m’a parlé de cette course. Je propose à mon suiveur de passer : il refuse et me dit qu’il s’accroche le plus longtemps possible mais qu’il est limite rupture !!! Je suis un peu surpris, on est bien loin de le fin.

(Ben) Alors je ne sais pas si c’est ce petit pédiluve qui m’a réveillé mais, petit à petit, les jambes me reviennent un peu. Je ne me fais plus doubler. J’arrive même à accrocher, puis à décrocher, un gars avant de revenir sur d’autres. Les côtes passent désormais en trottinant (sauf lorsque c’est trop raide). J’en viens à espérer une fin de course potable.

On retraverse la rivière sur une passerelle, c’est horrible. On n’est pas loin de la résonance et mon pied descend quand la passerelle remonte. On m’annonce à 2’30 de la tête de course et à 2′ sur le second. Ils ne sont pas là pour acheter du terrain devant !!!

(Ben) A force de faire du Home Trainer, tu as de trop grosses cuisses c’est ce qui a provoqué le phénomène de résonance! Avec mes quadris d’hirondelle, pas de souci, je rebondis telle une gazelle…..

Ravitaillement en vue, 12ème kilomètre, mon acolyte à « levé » le pied mais n’est pas bien loin. Pas d’arrêt pour ma part, j’ai ma boisson EAFIT 2/4h et je sais maintenant que je tiens 2h30 sans manger avec ces 500ml. Un peu plus loin, on m’annonce à 2′ de la tête et à 1’30 du second. Pourtant, je ne fais pas le forcing : ça doit faiblir un peu devant. Mais dans ma tête, c’est trop loin. Je vais assurer ma troisième place synonyme de podium donc je relance sans autre idée en tête.

Descente, traversée de route et de village, et on attaque la dernière grosse difficulté du parcours : 300+ sur 3km, pas énorme en pourcentage mais on force depuis 16km déjà. En haut, il ne restera presque que de la descente. Au loin, j’aperçois le second, il est à 1′. Pour la première fois, j’envisage mieux que la 3ème place. Par contre, je ne sais pas où est le premier. Je me force à garder la tête froide : si je dois le reprendre, je le reprendrais. Mon point fort étant la descente, aucun intérêt à se mettre dans le rouge dans la côte. La fin devrait m’être favorable, surtout que je ne connais pas les débuts de crampe d’il y a 3 semaines.

(Ben) Je suis vraiment mieux dans cette partie et je rattrape 4 des gars qui m’avaient mis une mine au départ, je dois m’approcher du top 10….

Au sommet, on fait une boucle autour de la chapelle du Mont Saint Michel, je croise le premier qui attaque la descente. Il a encore une belle foulée et 1’30 d’avance. Le 2ème doit donc être entre nous 2. Je passe donc ce deuxième ravitaillement en me disant que je peux reprendre une place en appuyant la descente.

(Ben) Je n’ai aucune idée de mon classement mais je n’ai qu’une crainte, c’est qu’avec mes talents innés de descendeur, tous les gars que j’ai grattés à la montée me mettent une mine dans la descente. J’y vais donc la fleur au fusil, ça va chier !!!

Me voilà parti pour 2,2km de descente en single à 21% de moyenne, j’adore ça. Maintenant, il faut tout donner. Il reste 8km à faire et peux de D+. Par contre, on commence à doubler des coureurs de la distance inférieure, ce qui casse un peu le rythme par moment. Très vite, je reprends le second. Je descends vraiment plus vite et je vais essayer de me mettre à l’abri. Cependant, il s’accroche et j’ai du mal à prendre mes distances. Le premier est toujours hors de vue.

(Ben) : Dans mon style (c’est-à-dire en manquant de me gaufrer trois au quatre fois), je descends tant bien que mal cette pente bien raide mais heureusement peu technique. Je sens que le travail de la semaine de montagne a porté ces fruits. Alors, je devrais avoir les quadris éclatés je me surprends à relancer lorsque je juge la vitesse insuffisante.

On arrive en bas, je vois le leader à seulement 100m devant, il faut faire l’effort. Je rentre assez vite dessus mais ça commence à être dur. J’ai vraiment donné dans cette descente. Et il reste tout de même 2 « petites » bosses, une de 100+ et une de 50+. Dès le début de la première, je prends la tête à la grande surprise du meneur qui me confiera après qu’il n’imaginait pas que quelqu’un pouvait revenir car il se sait plutôt bon descendeur. Mauvaise nouvelle, impossible de creuser! Je commence à être juste niveau énergie mais ça doit être pire pour lui avec en plus un coup au mental.

Je prends la décision de ne pas attaquer franchement pour ne pas me cramer, il repasse devant… Je repasse mais j’appuie ce coup-ci un peu plus, et surtout, je relance très fort sur la portion descendante qui suit.

(Ben) : Arrivé en bas je pousse un ouf de soulagement : personne ne m’a rattrapé et comme la partie qui arrive est plutôt roulante je devrais pouvoir gérer correctement la fin de course. Pas question pour autant de se caresser comme en début de matinée, dès que je peux je relance.

Enfin l’écart se creuse. Encore une bosse et je reconnais la ville! Je pense que ça va être simple maintenant car il reste 2km roulants et que je ne suis pas à plat. Pourtant, à 1km, je sens d’un coup que je n’avance plus beaucoup. Je vais faire 600m à guetter derrière moi en priant pour ne voir personne arriver car je ne suis pas certain de pouvoir disputer un sprint. Enfin, je vois la ligne, et personne derrière, c’est gagné. 2h34′ d’effort sur un trail vraiment grandiose avec seulement 5′ de grosse difficulté physique pour finir. Le second arrive avec un peu moins de 50s de retard et le 3ème avec 1’20. Il ne fallait vraiment pas craquer.

(Ben) : Un peu long ce final mais le reste de la course était tellement joli qu’on ne chipotera pas pour si peu. Je n’ai doublé personne et personne ne m’a rattrapé. J’arrive finalement à Barby en 2h45en 7ème position, j’ai donc plutôt limité la casse sur des terrains qui sont loin d’être ma spécialité.

Je suis encore un peu sur mon nuage quand Ben arrive quelques 10’50 après, je n’en reviens pas de l’avoir gagnée celle-ci.

(Ben) Oui il fallait le faire !

Déjà il y a 3 semaines j’étais surpris mais heureux, mais là c’est encore un cran au dessus grâce aux décors, à la présence de 2 très bons coureurs locaux, et le partage de tout ça avec un ami du Team.

(Ben) Plaisir partagé <3

Moi qui me sentais presque un peu mal à l’aise d’être parti loin du magasin et de ne plus participer aux veillées, un peu en retrait au niveau des performances sportives, je suis vraiment heureux de pouvoir afficher les couleurs du Team Outoor Poli une nouvelle fois sur un podium cette année et de faire un minimum honneur à la confiance qu’Agnès nous accorde.

(Ben) : Maintenant les Savoyards connaissent et craignent le maillot jaune de TOP (enfin le tien surtout) !

Ce trail est vraiment à faire, convivial, magnifique, et pour ne rien gâcher, il faisait plutôt beau et on a une bière à l’arrivée.

(Ben) : Oui une très jolie course qui mérite un peu de publicité tant le parcours est beau (même à basse altitude) et l’organisation au top.

Retour sur Lyon avec l’ami Benoit pour profiter de nos femmes / enfants (enfin lui) et de pouvoir fêter dignement nos retrouvailles sans avoir besoin de faire attention car nous avons une course le lendemain.

(Ben) : Oui et sans oublier une ballade de 3h l’après-midi à monter des escaliers dans tous les sens. Mes enfants m’ont mis une mine sur la montée de Fourvière ! Un week-end bien sympa à renouveler et encore merci pour l’accueil


Matt et Ben

Crédit photos : MSM Trail et Pixalpes Photographie