Trail des Forts de Besançon, Matthieu BOURGUIGNON
Dimanche 12 mai 2013, 26 kils
par Matthieu BOURGUIGNON, Team Outdoor Paris – LAFUMA
15 jours après une victoire en Bourgogne qui m’avait valu un sympathique article dans le journal local, et surtout de me retrouver avec un bon stock de bouteilles de vin à promener pendant mes 2 semaines de vacances (elles n’ont pas tenues longtemps je vous rassure…), j’ai prévu de m’aligner sur ce trail normalement assez relevé afin de terminer cette phase de préparation de début Mai comme elle avait débutée : Par une compétition.
En fait, c’est l’ami Jean-Yves qui m’avait motivé pour ce trail des Forts avec des arguments bien convaincants. Effectivement, je ne connais pas cette superbe région ce qui est vraiment dommage, ensuite il y a sur le parcours des parties roulantes qui devraient me permettre de ne pas trop mal figurer et surtout de récupérer un peu, et enfin, ses parents habitent quasiment sur le parcours et peuvent m’héberger pour cette course tout en me faisant découvrir la délicate gastronomie franc-comtoise. Je me décide donc et m’inscris sur le petit parcours de 26km pour 950m de D+ tout en motivant mon ami Benoit à participer également pour s’amuser avec moi. Jean-Yves sera lui sur le grand parcours.
Je vais, grâce à ce trail, boucler pour ma part une deuxième semaine consécutive avec plus de 100km et 6000m de D+ au compteur puisque j’ai profité des ponts de ce mois de Mai pour passer à Dijon (j’y ai été magnifiquement reçu par Stéphane et Sophie du Team), Grenoble, Méaudre (ou j’ai pu retrouver le vertacomicorien Eric du Team), Chambéry (j’y ai croisé Benoit du Team), Courchevel, et donc enfin Besançon. Arrivé sur place le vendredi, la journée sera consacrée premièrement à la rencontre de nos adorables hôtes puis à la reconnaissance d’une partie du parcours lors d’une sortie de 19km. Le temps est vraiment agréable et si les conditions se maintiennent ça sera parfait pour dimanche.
Seulement voilà, j’ai bien dit « si les conditions se maintiennent » mais j’avais oublié de préciser que dès que je m’aligne sur une course avec Jean-Yves, un micro climat s’installe inexorablement au dessus de la région et que des trombes d’eau viennent systématiquement nous éviter toute éventuelle déshydratation… Et bien le trail des Forts ne fera pas exception à la règle et c’est donc sous une pluie battante que je m’échauffe aux cotés de Benoit avant le départ. Je décide même de garder la veste étanche pour la course tant je redoute le vent froid en haut des collines alentour. Mon choix s’est également porté sur des chaussures de trails « légères » car même si je glissouille un peu, je n’ai pas envie de me balader des semelles pleines de boue sur les portions roulantes.
J’avais repéré la veille au moment du retrait des dossards le coureur Thibault Baronian du Team Salomon Espoir et en discutant 5mn avec lui je me suis fait une raison : Entre lui à qui la victoire est promise et certains de ses amis du coin qu’il m’annonce comme bien costauds, ajouté au fait que la fatigue des 15 jours d’entrainement va peser, je vais viser un top 10, ce qui serait déjà pas mal avec plus de 1000 partants sur ce 26km. Vers 9h30, toujours sous la pluie, le départ est donné. Ca part un peu vite mais rien d’insurmontable et je reste dans les 10-15 coureurs de tête en attendant la première grimpette qui débute au bout de 200m de course. Ca monte tout droit, un peu raide mais pour le moment sur de l’asphalte et le peloton de 1000 coureurs s’étire tout doucement. On arrive assez vite dans un champ, Thibaut s’éloigne déjà mais personne ici ne compte courir après et nous luttons en fait déjà pour tenir debout.
Et paf ! Une première fois à quatre pattes… Et paf, une deuxième même pas 50 mètres après…. Je commence à me dire que ça va être une vraie galère, les mains et la veste sont déjà marrons de boue et je ne suis pas le seul dans ce cas là. Même pas 5mn de course et déjà 2 glissades, et je ne suis pas certain que d’autres chaussures auraient mieux accroché vu la couche de boue sur le sol.
Peu à peu, les glissades se font plus rares, et nous redescendons sur les berges du Doubs pour 5km bien roulants le long de l’eau. On court en fait sur des pavés trempés donc les appuis sont fuyants mais au moins pas de risque de chute ici normalement. Je suis bien calé en 4ème position et j’aperçois au loin le numéro 3. Derrière, un coureur est revenu sur moi mais tout va bien pour le top 10 envisagé au début. Nous arrivons de plus sur la portion du parcours reconnue l’avant-veille et je sais donc à quoi m’attendre à partir de maintenant à une montée près. Cette deuxième côte se passe sans problème toujours avec un coureur dans mes chaussures qui m’explique que ce rythme lui va très bien. Personne ne nous reprend et nous attaquons sereinement la descente.
C’est là que ça se gâte, je vis sur celle-ci une vraie galère et si j’ai la satisfaction de doubler un coureur qui me précédais, j’en vois surtout passer 4 devant moi lors d’une glissade qui me fait sortir du tracé. Je vais en fait tomber 3 fois, rien de violent mais je perds le contact avec un groupe de 4 qui s’est formé et suis du coup seul et septième. J’ai juste une centaine de mètres de retard mais ne parviens pas à recoller (et je n’ai pas envie de faire un gros effort alors qu’il reste encore plus de 10km à faire). J’en profite donc pour avaler un gel histoire d’avoir de l’énergie pour bien finir la course (quitte à finir seul, autant tenter de finir « vivant »).
Cependant, et contrairement à ce que je pensais, je ne perds pas de terrain sur ce petit groupe qui lutte pourtant pour la 3ème place dans la butte qui suit et je sais que derrière, il y a un long faux plat descendant puis toute une portion roulante qui me sont favorables. J’arrive enfin à rejoindre mes copains du moment et je continue sur ma lancée pour voir un peu le répondant (et leur montrer que je suis là) qu’il y a. Du coup, un des traileurs qui devait déjà être à la limite explose et un nouveau groupe de 4 se créé à la différence près que ce coup-ci, je suis dans le groupe et que c’est bien plus confortable.
Un petit coup d’œil en arrière et je constate que sauf gros passage à vide, nous devrions nous partager les places de 3, 4, 5 et 6ème. Seulement voilà, je préfèrerais porter le numéro le plus petit… Le problème résidant dans le fait que je ne suis apparemment pas du tout le seul à avoir fait ce choix. Voir pire !!! On a tous les quatre opté pour le même chiffre !!! La petite butte qui suit se grimpe donc en groupe mais dès la descente, le coureur du team Tecnica nous dépose littéralement et prend facilement 75m d’avance. Un autre est lui distancé et je me retrouve pour une nouvelle portion plane avec le gars qui m’avait accompagné sur la fin des quais et la montée suivante.
Nous sommes d’accord tous les deux, on va lui faire très mal sur le plat à TecnicaMan. Il se cale dans ma foulée et on attaque fort pour revenir puis distancer le fuyard. On saît tous deux que le classement va se jouer ici et qu’il faut maintenant brûler quelques cartouches. Je suis pour ma part plutôt bien à ce moment et ça ne me gène pas d’emmener quelqu’un dans mes baskets. Il ne reste que deux petites côtes et il va falloir serrer les dents de toute façon si on veut jouer le podium. A la faveur d’un faux-plat montant précédant l’avant dernière bosse, je prends un peu d’avance et décide de tenter ma chance en appuyant un peu plus. Ca marche, le trou n’est que de 10 secondes mais il ne parvient pas à recoller dans la 1ère cote. Ce coup-ci, je ne réfléchis pas, j’attaque la descente en mode bourrin et je passe en hors piste dans les herbes hautes à côté du sentier pour ne pas glisser.
Victoire, je suis resté debout !!! Une nouvelle portion roulante me permet de creuser un peu plus l’écart et c’est à ce moment que j’aperçois à moins de 200m le 2ème de la course. Pour être franc, il faut dire que je l’avais complètement oublié celui-là tant j’avais fait mon deuil de ces premières places. C’est une vraie surprise, à se tirer la bourre à plusieurs on a vraiment bien accéléré et ce coureur du team Intersport qu’on avait perdu de vue depuis le km 2 est juste devant. Il n’a en plus pas l’air au mieux et je décide de tenter le coup.
Je parviens à recoller assez facilement juste au pied de la dernière grimpette, nous sommes au pied de la citadelle et une fois en haut il restera juste 1km de marches à descendre et à peine plus d’1km de plat pour rejoindre l’arrivée. Seulement ce n’est en fait pas une grimpette, c’est un mur qui est juste là (à ce moment de la course en tout cas). Tant pis pour les cuisses, je m’excuserais plus tard mais il va falloir souffrir et tout faire en courant. Ca tient le coup, j’arrive détaché en haut et rattrape Arnaud Perrignon qui va boucler en tête la grande course. On monte ensemble les derniers escaliers qui mènent aux remparts d’où on peut voir la ligne d’arriver tout en bas.
Je pense à ce moment finir avec lui mais en me retournant je réalise que derrière ça n’a pas abdiqué complètement. Et m…., vais pas pouvoir profiter du tout de la vue. Je passe Arnaud et attaque la descente des escaliers sur 150m de D+. Les jambes vont bien et le plat final n’est qu’une formalité mais je suis tout de même bien soulagé en passant la ligne qui plus est avec une deuxième place complètement inespérée.
Je suis plus que ravi, ce résultat solde une très belle quinzaine de préparation. Le temps de papoter avec les arrivants qui composaient le petit groupe de chasse (qui ne savait pas qu’il en était un d’ailleur) et je retrouve Benoit qui arrive à une belle 37ème place. Lui aussi est ravi de sa course et c’est bien là le principal. Le temps accueillir jym qui finit en bonne forme son parcours adulte et il est l’heure de profiter du podium avec plein de cadeaux très sympas, vin, biscuits, doudoune, thé, et même un mini billard…
Une belle course à faire, très bien organisée et balisée, rendue cette année difficile par les conditions météo mais il faudra revenir un de ces jours, pourquoi pas sur le grand parcours. Me reste maintenant à récupérer pour le trail des Maures dans 15 jours histoire de ne pas faire honte à mon copain et collègue du team, Antoine, qui l’organise.
Matth