On a testé pour vous la BROOKS PUREGRIT 4
par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Poli
1. Contexte du test
Pour ceux qui lisent les tests chaussures régulièrement sur le blog dans notre rubrique « on a testé pour vous » vous savez que je suis à la recherche d’une chaussure pour remplacer les adizero XT4 d’Adidas qui n’existent plus dans ma pointure. Depuis quelques mois, j’ai testé beaucoup de chaussures de trail répondant à un cahier des charges plutôt précis, pour tenter de trouver chaussure à mon pied. Après le test des New Balance MT1210 et des Mizuno Wave Hayate (version 1, le test de la version 2 est en cours), Agnès m’a donc donné à tester un modèle de chez Brooks : la Pure Grit. J’ai eu la Pure Grit 3, puis la Pure Grit 4, afin de voir l’évolution de la chaussure.
J’ai déjà couru avec des Cascadia de chez Brooks mais l’orientation de ce modèle n’est pas du tout la même. Je suis plutôt content d’avoir à tester ces chaussures car comme nous allons le voir, elles sont plutôt orientées vers une foulée naturelle. Or, après avoir fait un gros travail sur ma foulée il y a quelques années pour attaquer avant-médio pied, je suis convaincu que, pour éviter les blessures qui touchent beaucoup de coureurs, la solution est souvent un travail sur la foulée. En effet, les traumatismes subis par le corps avec une foulée attaque talon sont, à mon sens, beaucoup plus importants qu’avec une foulée légère et naturelle (courez pieds nus pour vous en rendre compte).
2. Les caractéristiques de la chaussure
La gamme Pure de Brooks est parfaitement dans cette mouvance : le but de ces chaussures est d’orienter la foulée du coureur vers un mode plus naturel, grâce à différentes technologies, qui permettent quand même de faire une transition en douceur. Il y a 4 modèles de chaussures dans cette gamme chez Brooks. La Pure Grit est la seule chaussure de trail du lot, et c’est à mon sens la plus intéressante, car il est plus difficile de proposer une chaussure de trail orientée vers une foulée naturelle à cause des contraintes liées au terrain.
Le poids annoncé est de 286g, ce qui me convient parfaitement : c’est une chaussure de trail légère, mais pas non plus minimaliste. Certaines technologies sont quand même conservées afin de garder un confort pour le coureur. Ça permet d’avoir une chaussure qui se destine aussi bien à un public recherchant de la légèreté et du dynamisme, qu’à un public recherchant une chaussure pour commencer à travailler sur sa foulée de manière ludique et facile.
Le drop est de 4mm : ce n’est pas une chaussure à drop 0 qui empêcherait beaucoup de personnes non habituées de courir avec sans prendre de risques. Ce drop réduit permet une acclimatation en douceur et se rapproche d’une foulée entièrement naturelle sans pour autant obliger le coureur à travailler de façon démesurée sur les mollets ou les tendons d’entrée de jeu. La chaussure est universelle.
Les crampons extérieurs de la semelle sont bien marqués et, a priori, ils devraient offrir une accroche digne de ce nom sur terrain soupple : nous y reviendrons par la suite. Un système nommé NavBand est aussi intégré : c’est une bande élastique qui vient entourer le coup de pied et maintenir le pied en place en plus du laçage. A l’usage, cela s’avère plutôt agréable et efficace. Le mesh est très respirant et léger.
La semelle, enfin, a fait l’objet d’un travail vraiment important de la part de Brooks : une plaque nommée Ballistic Rock Shield est insérée entre le chausson et la semelle, pour absorber au mieux les impacts et les répartir sous le pied et éviter les dégâts sous le pied à cause de pierres ou d’objets tranchants. La semelle est en Biomogo, un matériau développé par Brooks censé s’adapter à tous les coureurs et à toutes les foulées. En plus la forme de la semelle est particulièrement étudiée, avec des parties arrondies sous le talon et des encoches à plusieurs endroits pour une meilleure liberté du pied permettant de vraiment ressentir les appuis et les bienfaits d’une foulée naturelle.
3. Le look
Que ce soit la version 3 ou la version 4 de la Pure Grit, le look m’a tout de suite séduit. La chaussure est très racée et agréable à regarder. La semelle n’est pas très épaisse, ce qui donne une bonne impression de dynamisme et de réactivité. On n’a qu’une envie, c’est de les mettre au pied lorsqu’on les voit. Les couleurs sont plutôt bien choisies, que ce soit chez les hommes ou les femmes. Les crampons sont agressifs et donnent encore plus l’impression que la chaussure veut mordre à pleine dent les sentiers.
4. Premier enfilage et premières impressions
Déjà il faut préciser que j’ai pu tester les deux modèles (la 3 et la 4) à la suite. Les évolutions entre les deux modèles sont très minimes, mais il faut quand même en souligner trois très importantes :
- Le mesh n’est pas exactement le même : sur la dernière version, le mesh est encore plus léger, et n’a plus de coutures, ce qui donne une impression de confort encore plus grande à l’intérieur de la chaussure sans pour autant que la chaussure perde en durée de vie.
- Le chaussant a évolué : sur la version 3, le chausson était très large, et j’étais obligé de serrer la chaussure en faisant presque toucher les deux côtés au niveau des lacets. Ce petit souci est corrigé sur la version 4, avec un chaussant un peu plus fin, et donc une plus grande latitude pour serrer les lacets.
- La languette : sur la version 3, la languette de ma chaussure droite glissait sans arrêt vers la droite de ma chaussure et je ne la voyais plus au bout de quelques dizaines de minute de course. Ce problème est corrigé sur la version 4, je n’ai plus du tout eu le souci.
Lorsque j’ai pris les chaussures en main, elles m’ont en effet paru légères et l’impression s’est confirmée une fois les chaussures aux pieds. Pour la pointure, je prends ma pointure classique, du 14US, soit 48.5 en France. Au niveau du chausson, aucun souci pour enfiler le pied à l’intérieur, un vrai bonheur ! Il est aussi très confortable et on sent le pied libre à l’intérieur : la toebox (emplacement pour les doigts de pied) est bien large pour permettre l’écrasement de l’avant du pied avec une foulée plus naturelle et la conception de la semelle permet de ressentir la liberté de mouvement même à l’arrêt !
Les matériaux utilisés ont l’air solides et résistants, il faudra voir à l’usage… Les lacets sont pour une fois parfaitement à mon gout : le système pour les passer est un peu spécial, avec un passage dans une large bande de tissu au niveau de la NavBand, mais il maintient parfaitement le pied. Leur longueur est bonne et surtout ils ne se sont jamais défait pendant toute la durée d’utilisation des chaussures. Rien à leur reprocher ;) Enfin les crampons sont présents en grand nombre sur toute la semelle et ont l’air plutôt bien pensés même si leur architecture apparait plus simpliste que sur d’autre modèles. J’ai hâte de les voir en situation.
5. Sur le terrain
Enfin le moment tant attendu où l’on part courir avec une nouvelle chaussure !!
J’ai effectué de très nombreuses sorties avec ces chaussures pendant environ 4 mois pour la version 3 et 2 mois avec la version 4 pour le moment. J’ai amené la version 3 en fin de vie, pour voir jusqu’où pouvait aller la chaussure. Le nombre de kms parcouru est très conséquent (plus de 1800kms à ce jour) et je les ai effectués sur tous les types de terrains à ma disposition (montagne, routes, chemins, boue, pierrier, …). J’ai aussi effectué deux trails en compétition avec pour juger de leur qualité en conditions de course.
La première séance effectuée fut un fractionné sur route avec des collègues (je n’avais emmené que ces chaussures-là). J’ai tout de suite (contrairement aux Hayate par exemple) que la chaussure pouvait s’utiliser sur route. Les crampons ne posent pas de problème particulier, on ne les sent pas trop car ils sont plutôt souple (usure plus rapide par contre que sur d’autres chaussures) et la conception de la chaussure avec la semelle qui laisse le pied vraiment libre donne l’impression de courir avec une chaussure faite pour la route. C’est assez incroyable pour moi, car j’ai souvent des échauffements quand je fais du fractionné avec des chaussures pas adaptées. A la fin de la séance j’ai quand même senti que l’expérience n’était pas à renouveler trop régulièrement car le pied avait quand même chauffé un peu. Tant qu’on ne dépasse pas une certaine vitesse, aucun souci pour utiliser la chaussure sur la route. Mais bon, elle ne sont pas sensées être faites pour ça!
Par la suite, j’ai utilisé la plupart du temps la chaussure pour ce à quoi elle est destinée à la base : la pratique du trail. La chaussure est conforme à mes attentes dès le départ. En effet, la semelle est vraiment très bien étudiée et permet de poser le pied de manière très naturelle. Je dirais même qu’elle incite à le faire et que pour des personnes qui veulent découvrir de nouvelles sensations de courses pour commencer à courir de manière plus naturelle c’est une chaussure idéale. Le pied est correctement maintenu, même si ce n’est pas le point fort de la chaussure.
La plaque située entre le chausson et la semelle rempli son rôle à merveille, on ne sent pas ou presque les reliefs perturbés du terrain, sauf sur des pierriers très techniques par exemple. Sur la version 3, j’ai tellement usé la semelle que je suis arrivé sur les deux chaussures à courir sur cette plaque : ce n’est pas fait pour, mais j’ai pu juger de sa résistance. Elle est quasiment inusable malgré quelques centaines de kilomètres courus dessus, ce qui explique la répartition parfaite et la très bonne absorption des chocs par cette plaque.
Avec tous les kilomètres effectués, je n’ai pas du tout usé le mesh, vraiment très résistant. Je n’ai jamais eu non plus d’ampoules ou de souci aux pieds avec ces chaussures, mais je n’en ai pratiquement jamais en trail. Sur chemin, la chaussure est vraiment fluide et le pied trouve sa position à tous les coups. On a tout le temps envie de relancer tant la chaussure est dynamique. La foulée est très aérienne et on se prend au jeu très rapidement.
J’ai utilisé ces chaussures dans les Pyrénées, aussi bien pour courir en trail que pour faire de la rando. Leur utilisation en montagne s’est révélée très agréable, puisque le confort est toujours au RDV et qu’on a l’impression que l’on peut poser le pied n’importe où tellement la chaussure est confortable. En côte comme en descente la chaussure permet d’attaquer sans cesse et de tout donner. Attention tout de même sur terrain très cassant, l’amorti n’est pas non plus énorme…
Dans la boue, la chaussure remplit aussi parfaitement son rôle : l’évacuation de la boue fait merveille. Les crampons sont bien positionnés sur toute la largeur de la semelle et leur dessin simple fait qu’ils s’adaptent parfaitement à toutes les situations. L’accroche procurée par cette chaussure est optimale.
Je les ai utilisées en compétition pour la Ronde des Vins de la Clape à Armissan (près de Narbonne). Le terrain était très sec, avec beaucoup de Pierre, et des aiguilles de pins. Je n’ai jamais pris les chaussures en défaut sur les 20km du parcours et je me suis régalé du début à la fin.
Le seul défaut que j’ai pu rencontrer est leur adhérence sur pierre mouillée : il faut se méfier, car si on envoie comme sur du sec, c’est la gamelle assurée : avec un peu de discernement et une prise de risque calculée il y a moyen quand même d’aller chercher assez loin, mais ces chaussures ont une limite :) Après, c’est la contrepartie à accepter quand on veut une chaussure présentant une accroche optimale. Les deux, accroche et adhérence étant antinomiques, il faut faire un choix.
6. Bilan
Le pari de Brooks de proposer une chaussure trail dans sa gamme Pure est vraiment réussi. La chaussure testée ici est incroyablement polyvalente, mais cela est aussi dû à son mode de conception. En proposant une chaussure de trail orientée vers une foulée naturelle, Brooks va peut-être permettre à de nombreuses personnes de s’essayer à de nouvelles sensations de courses et à un plaisir de courir décuplé. Sur tous les types de terrains, la chaussure est à l’aise et permet de prendre du plaisir. Le dynamisme est au rendez-vous, conjugué à un minimum d’amorti pour une transition en douceur : pari réussi. La durée de vie de la chaussure est aussi impressionnante.
Points plus :
- Chaussure dynamique et légère,
- Confort du chausson,
- Polyvalence,
- Drop réduit pour une transition aisée,
- Permet de courir de manière plus naturelle,
- Accroche dans la boue,
- Travail exceptionnel sur la semelle.
Point moins :
- Adhérence sur pierre mouillée.
Jonathan
Demulder
19 avril 2016 @ 12 h 29 min
Génial votre test et conseil j’ai beaucoup aimé lire ce que que vous avec écrit. C’est vraiment très pro.
Moi je courait bc mais sur plage et forêts. Et je souhaite my remettre malgré des soucis respiratoire du à asthme léger.
Par contre je n’arrive pas à avoir de vrais bons conseils. En magasins ils veulent surtout vendre.
Si vous voulez me contacter ça sera avec plaisir.
Agnès
27 avril 2016 @ 10 h 39 min
Bonjour Merci pour vos félicitations sur le test. Je peux vous certifier que chez nous (Team Outdoor) on fait en sorte que chaque client soit écouté et conseillé en fonction de sa pratique, de ses besoins et de ses goûts également. Nous serions ravis de vous accueillir au magasin et de vous accompagner dans votre reprise de la course. Voici le numéro de téléphonne du magasin 01 43 40 62 39. N’hésitez pas.
L’équipe de Team Outdoor
Igon
9 juillet 2016 @ 8 h 46 min
Bonjour, à toute l’équipe Team Outdoor
J’arrive à la fin de mes Cascadia 9 (2eme paire consécutive). Tant ce model de part son confort, polyvalence, et, maintien du pied (élément decissif pour moi suite à des problèmes de tendinite causé par une entorse mal soigné sur XTvings de chez Salomon)
Et, puis, surtout, car, les défauts de robustesse de la 10 m’avait rebuté.
Malheureusement, ce modèle n’etant plus disponible, je me retrouve face à un dilemme soit la nouvelle cascades 11, soit la purgeait 4.
Je ne suis pas, toutefois, un traileur acharné (300-600 kms par an), et, mes parcours sont plus tôt variés alternant chemin boueux en normandie et montagne dans les hautes alpes
Pouvez-vous, SVP, m’aider dans ce choix ?
Car, j’ai la conviction que ces 2 models de chez Brooks sont de bonnes polyvalentes.
Vous remerciant par avancé de vos conseils.
Sportivement
Agnès
20 juillet 2016 @ 17 h 08 min
bonjour. La PUREGRIT n’est pas vraiment une chaussure de montagne. Et après, elle ne vous permettra pas de faire les mêmes distances. La CASCADIA 11 est bien plus robuste que la 10. La 10 avait un défaut. Il a été rectifié.
jean jacques guillet
17 janvier 2017 @ 21 h 10 min
Bonjour , j ai lu votre essai , ce qui a comfirmé mon achat pour des Brooks Pure grit 5 , j ai un nevrome de morton sous le pied gauche , et j etais plutot habitué a vouloir avoir une grosse epaisseur de semelle pour ne pas sentir le terrain , et m apercevoir que ça reglait mon soucis , mais que ca en entrainé d autres , comme les entorses entre autre , a cause de l instabilitée .
Cette PG est une pure merveille , une stabilitée sans faille , je n ais absolument aucuns soucis de frottement ou d echauffements , le confort est enorme , je me demande encore comment font Brooks pour apporter autant d amorti a l avant pied , avec une semelle si fine (17mm) , et la plaque anti cailloux est ce que j ai vu de plus efficace , bien mieux que celles que l ont peut trouver sur les NB leaville , Nike wildhorse , ou meme altra lone peak que j ai eu aux pieds .
je cours sur terrain accidenté le plus souvent , et j ai completement oublié mes Hoka mafate speed grace a ces Brooks PG5 .