Nicolas DUHAIL Impérial à Fontainebleau, son récit de course…
Impérial Trail, Fontainebleau (77), 62 km, samedi 19 septembre 2015
par Nicolas DUHAIL du Team Outdoor Paris
L’année dernière, j’avais couru l’Imperial Court qui faisait 36km, car c’était seulement une semaine après le Trail de la Côte d’Opale 62km. Le parcours m’ayant bien plu (j’avais d’ailleurs fait 40km tellement il m’avait plu !), j’ai décidé cette année de faire le long, un parcours de 62km intégralement en forêt de Fontainebleau.
Je connais bien Nicolas JAMET qui a tracé le parcours, et chaque fois que je l’ai vu cette année il m’a annoncé qu’il allait être très dur et qu’on allait en baver ! Je cite un message de l’organisation avant la course : « le long sera vraiment dur et n’imaginez pas courir à 12km/h, même les premiers seront en dessous. Nous avons pu cette année exploiter au mieux les trésors de mono-traces techniques avec des racines, blocs de grès et sablonneux par endroits dont regorge notre belle forêt. Je pense que vous allez par moment me détester mais tout ira mieux en levant la tête pour admirer les paysages. »
Je m’attendais donc à en prendre plein les yeux et plein les jambes. Cette course placée à 5 semaine des Templiers me semble être une bonne préparation, avec des montées et descentes techniques qui ressemblent à certaines de Millau (bien que moins longues). Mon objectif étant les Templiers, je n’ai donc pas vraiment réduit le kilométrage la semaine précédant l’Impérial, et j’arrive avec les jambes un peu dures ce samedi matin. Je me permets même de remplacer le plat de pâtes habituel de la veille par deux croissants poulet-fromage qui valaient le coup !
Départ pour Fontainebleau avec 3 autres membres (Christophe, Eric, Laurent) d’ACCRORUN VILLEPREUX, mon association de course à pied. Je sais que je retrouverai sur place une bonne concurrence, avec Pierre BUSTINGORRY et Antoine ALLONGUE du TOP, ainsi que David WAMSTER, le vainqueur 2014, et 2ème derrière mon frère en 2013. La partie s’annonce relevée. En arrivant sur place, Laurent commence à être en panique en voyant qu’il fallait ramener son certificat qu’il n’a pas. Je rigole bien, jusqu’à ce que j’arrive à la table de retrait des dossards et que je réalise que mon certificat date du 8 septembre 2014, plus valable depuis 10 jours… C’est une course avant la course qui commence pour réussir à trouver du réseau pour pouvoir télécharger des certificats valables sur nos téléphones ! Finalement nous obtenons enfin nos dossards 10 minutes avant le départ, mais c’était une bonne galère :)
Pas d’échauffement donc, sur 62km de toute façon j’aurai bien le temps de mettre le moteur en route. Je rejoins Pierrot et Tonio sur la ligne de départ : on porte tous les 3 nos tenues Team Outdoor, ça en jette ! Petite dédicace à Bouly, un pote de mon frère Alexandre, qui vient me saluer sur la ligne. Sachant que son entraînement est basé sur de rares sorties de 5km dans Paris, je me demande comment il va s’en sortir sur ce trail :) (réponse à la fin de ce récit).
Le départ est donné peu après 9h, sous un beau ciel bleu : ça change du temps pourri qu’il a fait toute la semaine. D’ailleurs chapeau aux baliseurs qui ont galéré sous le déluge tout le vendredi ! Le peloton d’environ 250 coureurs s’élance donc pour une bonne partie de la journée sur les chemins de la forêt de Fontainebleau. Le premier chemin emprunté me rappelle la dernière fois que je suis venu au Grand Parquet de Fontainebleau, pour les inter-régionaux de cross. C’est agréable de partir sur un rythme moins soutenu, mais comme à son habitude David WAMSTER prend la tête de la course pour imprimer son allure. Au bout de quelques minutes et après avoir passé la première bosse, nous sommes un groupe de 6 en tête de course, avec déjà un petit trou derrière nous. David est en tête avec Tonio et 2 autres coureurs, tandis que Pierrot et moi sommes un peu en retrait, mais nous les voyons toujours au loin.
Comme d’habitude, j’ai du mal en début de course à m’accrocher, je préfère partir prudemment afin d’éviter de finir en galère. Du coup, Pierre et moi profitons du parcours sans trop se soucier des 4 coureurs devant, c’est sûr qu’ils ne tiendront pas tous à ce rythme. Après les avoir perdu de vue un moment, on revient sur eux à l’approche du 1er ravito (km 12). J’en profite pour m’arrêter pisser car ça commence à être urgent. Sur chaque ravito, bananes et abricots secs vont être mes principaux alliés, ça passe nickel. Je suis parti équipé de mon sac NATHAN FireCatcher, contenant une poche à eau d’1,5L de boisson énergétique et 2 flasques de 300mL d’eau : pas besoin de remplir pour le moment, il ne fait pas la même chaleur qu’à l’OCC au mois d’août !
À cause de mon arrêt technique, je repars du ravito en 6ème position, personne en visu ni devant ni derrière. La course est encore longue donc ce n’est pas le moment d’essayer de revenir en forçant… Peu de temps après, j’aperçois Tonio, David et Jacques LABBACI (bon coureur sur route) qui reviennent sur leurs pas après s’être trompés à l’intersection. Nous repartons dans le bon sens alors que Pierre revient de derrière, il avait oublié sa gourde au ravito :) Nous ne tardons pas à rejoindre le premier, et ainsi le groupe de 6 se reforme.
Tout de suite, David et Antoine prennent en main les opérations, Pierre et moi temporisons à l’arrière, tandis que les 2 autres s’accrochent tant bien que mal à la tête. Jacques est à la peine dans les côtes mais revient facilement sur le plat. Malgré le beau temps, le terrain est quand même humide car il a plu des cordes la veille. Les sentiers sont souvent sablonneux, mais il faut être méfiant lors de chaque appui sur les rochers, qui sont nombreux sur le parcours. Pour ceux qui connaissent les 25 bosses, ça y ressemble beaucoup mais avec plus de lignes droites.
Sans trop forcer, j’arrive à revenir sur le groupe de tête en compagnie de Pierre. La défaite de la France contre l’Espagne à l’Euro de basket et la coupe du monde de rugby sont au cœur des discussions. J’ai l’impression que le rythme s’est un peu calmé, mais Pierre nous fait quand même remarquer que nous sommes à plus de 12km/h de moyenne depuis le début de la course : sur ce parcours cassant, c’est quand même rapide. Avant d’arriver au 2ème ravito, une longue ligne droite permet à David de prendre un peu d’avance, tandis que nous ne sommes plus que 3 à sa poursuite, Tonio, Pierre, et moi. Nous le rejoignons sur le ravito, au 25ème km. Je remplis une flasque de menthe à l’eau, mange quelques morceaux de banane, et des pâtes de fruits. En effet, je n’ai que de la boisson sur moi, donc il faut que je mange un peu de solide sur les ravitos. David repart en premier, suivi de près par Tonio et Pierrot. Les bénévoles leur demandent en rigolant de m’attendre, mais bizarrement ça n’a pas marché ! Tant pis, je suis encore frais donc ça ne m’inquiète pas de prendre un peu de retard.
Je décide quand même de m’essouffler un peu plus pour les rejoindre, car ça fait longtemps que je n’ai pas joué le podium sur une course, et il serait bien d’être au contact si je veux monter sur la boîte. Je finis par rattraper les 3 fuyards. David mène toujours, on voit que cette forêt est comme son terrain de jeu. Le parcours est vraiment un régal, on emprunte des singles forestiers, en alternance avec des belles côtes dans les rochers. J’en profite un maximum pendant que les jambes vont bien. Le premier à lâcher est Antoine, vers le km 30. Ça ne m’étonne pas vraiment car je sais qu’il manque un peu d’endurance en ce moment, mais je compte sur lui pour bien gérer sa fin de course et doubler David si ce dernier a un coup de mou : ce serait beau de faire un podium full TEAM OUTDOOR ! Mais bon, pas le temps de rêvasser, David est bien là aujourd’hui pour gagner, donc il ne va pas nous faciliter le travail !
Aux alentours du 35ème km, je pense qu’une mouche a du piquer Pierre : au sommet d’une bosse, il relance assez fort dans la descente technique entre les rochers et creuse rapidement l’écart sur David et moi. J’essaye d’accélérer un peu voyant que David coince, en espérant rejoindre Pierre et continuer à deux. David accuse légèrement le coup, je sens qu’il ne parvient pas à suivre, donc j’accélère encore un peu en bas de la descente. Je rejoins Pierre sur le plat, qui me dit qu’il voulait juste se faire plaisir ! Maintenant, il n’avance plus très vite, et David va vite revenir si on continue à ce rythme. Du coup je prends les devants, et je ne reverrai plus Pierre à partir de là. En fait, il a fait un sacré coup de bluff car la course est devenue compliquée pour lui après cette folle descente. Il terminera quand même à une bonne 8ème place en finissant en rando-course après avoir appelé tout son répertoire. Petite anecdote : en début de course il m’a annoncé sereinement : « La distance ne me fait pas peur » ! Sacré Pierre, toujours le mot pour rire :)
Bon ce n’est pas tout ça, mais j’ai un David à semer moi ! Je poursuis mon effort jusqu’à l’arrivée au 3ème ravito, au km 40. Il est situé au sommet d’un escalier, que je grimpe sur un bon rythme, 2 marches par 2 marches. Pour voir l’avance que j’ai pris durant ces quelques minutes (et aussi parce que j’ai une grosse envie), je mets le clignotant pour faire la vidange. David n’est toujours pas revenu quand j’en termine, je m’attaque alors au ravito. La menthe à l’eau est vraiment agréable par rapport à la boisson énergétique parfum agrumes, donc je remplis à nouveau mes flasques. Quelques bananes et c’est parti pour les 22 derniers kilomètres.
C’est à ce moment que je vois David arriver au ravito. Je devais donc avoir 2 minutes d’avance avant de faire ma pause, ça me donne une idée de son état de forme. Pour le moment, je me sens encore super bien, et je ne vois pas les kilomètres défiler : c’est bon signe mais un coup de moins bien est vite arrivé, donc je ne m’emballe pas.
Les nombreux bénévoles que je croise sont souvent surpris de me voir arriver aussi tôt : chacun y va de son petit mot d’encouragement, j’ai même droit à des « Allez David ! » (l’habitude de le voir en tête sans doute). J’ai toujours de très bonnes jambes après plus de 3h de course, les sensations sont au beau fixe. Je suis même plus en forme qu’au départ ! Les sentiers se succèdent avec les premières couleurs automnales qui apparaissent. Ce parcours est vraiment magnifique, mais encore faut-il pouvoir en profiter, ce qui est mon cas. Une des particularités de ce trail est que j’utilise beaucoup mes mains, pour se faufiler entre les rochers, escalader une paroi abrupte ou encore se rattraper lors d’un appui fuyant. On comprend mieux pourquoi les bâtons sont interdits.
Dans les bosses pas trop raides, je suis encore capable de courir, et de bien relancer au sommet. J’attaque aussi dans les descentes techniques car j’ai remarqué que c’est là que je rejoignais David en début de course. Je ne connais pas du tout les écarts depuis que j’ai quitté David au 3ème ravito, donc je ne veux pas me relâcher, même si je suis plutôt confiant au vu de mes sensations.
J’arrive au dernier ravito au km 50 en un peu moins de 4h de course. Je ne tiens pas à m’y éterniser, j’ai assez de boisson pour finir sereinement la course. Je mange donc à nouveau des bananes, quelques mots échangés avec les bénévoles et en avant pour les 12 derniers kilomètres. Pour éviter de faiblir, je me fixe un nouvel objectif : les parcourir en moins d’une heure afin de faire mentir Nicolas JAMET qui annonçait que les premiers ne dépasseraient pas les 12 km/h de moyenne !
Ce qui est bien avec ce tracé, c’est que je ne le connais absolument pas, je suis en découverte permanente. Bien sûr ça ressemble un peu au circuit des 25 bosses (balisage rouge) que j’emprunte de temps en temps, mais là le parcours prend en majorité le circuit des Belvédères (balisage bleu), qui m’est totalement inconnu. Le balisage de la course est d’ailleurs bien mieux fourni que l’année dernière (où j’avais réussi à m’égarer à de multiples reprises), cette année il suffit de lever la tête pour voir la prochaine rubalise.
J’arrive désormais sur un chemin que je reconnais, pour l’avoir parcouru involontairement dans les deux sens l’année dernière (un bénévole m’avait remis dans le droit chemin). D’après mes souvenirs il doit donc me rester moins de 3 kilomètres. Contrairement à certaines courses où j’ai hâte d’en terminer pour pouvoir souffler un peu, ce n’est pas le cas aujourd’hui : je suis sur un petit nuage et je pourrais encore faire quelques kilomètres dans cette jolie forêt ! Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et mes cuisses commencent quand même à chauffer dans les montées :)
Je double quelques concurrents du 25km avant de rejoindre le Grand Parquet, lieu de l’arrivée. Je reconnais Arnaud le photographe attitré de Team Outdoor qui est venu spécialement pour nous immortaliser sur la ligne, merci. Ça fait plaisir de lever les bras sur cette course. Et surtout d’avoir eu l’impression de maîtriser mon effort de bout en bout, ce qui m’a permis de profiter un maximum durant ces 5 heures.
Un petit mot au micro de Pascal le speaker, que je commence à bien connaître à force de la voir sur toutes les courses de la région, puis direction les douches et le repas d’après-course. À ma grande surprise, j’entends en revenant de la voiture que le deuxième vient de franchir la ligne, plus de 25 minutes après moi. C’est David WAMSTER, qui a eu un petit coup de moins bien sur la fin, mais qui monte à nouveau sur le podium de cette course exigeante, félicitations ! Tonio vient compléter le podium quelques minutes plus tard, en ayant bien géré la fin de sa course.
On patiente en attendant la remise des récompenses en mangeant au soleil avec vue sur la ligne d’arrivée, c’est très sympa d’encourager ceux qui en terminent. J’assiste d’ailleurs au sprint pour la victoire de la marche nordique, ça m’a impressionné !
Vous l’aurez sans doute compris, j’ai rarement pris autant de plaisir sur une course, que ce soit au niveau des yeux ou des jambes. Je mets donc une croix dans mon calendrier pour l’année prochaine afin de ne pas rater les inscriptions, et je vous invite à faire de même. Si vous n’êtes jamais venu à Fontainebleau, vous ne serez pas déçu du voyage. Il faut quand même un minimum d’entraînement pour passer les bosses sans encombre et venir à bout des 62 kilomètres (attention ça pourrait même être 66 en 2016, après 54 en 2013, 58 en 2014, et 62 en 2015 !).
Quoique, vu que Bouly est finisher, quelques sorties de 5km semblent suffisantes ;) Bon il a quand même mis plus de 10h, et heureusement qu’il disposait d’un sandwich jambon-camembert qui lui a sauvé la mise au 40ème km. Bravo Bouly !
Nico
Crédits photos : http://www.carnets-nordiques.com/ et http://www.lacaveajaife.fr/
RÉSULTATS
Laponico
22 septembre 2015 @ 22 h 01 min
Ca à l’air si simple quand tu le rédiges :-)
Pourtant sur mon petit 25, j’ai bien souffert…et quand je te lis, je me sent prêt à partir sur cette boucle (qui est vraiment sympa il faut l’avouer, mais 12km/h de moyenne, pfff…bravo !
Morgan
23 septembre 2015 @ 6 h 16 min
Chapeau Nico, tu nous as fait une belle démonstration là !!! J’ai hâte de voir ce que cela va donner sur les Templiers.
Et bravo à Bouly ! ;)
Morgan
Le TOP au TOP, 2015 se termine, en route vers 2016 : Nicolas DUHAIL
3 décembre 2015 @ 8 h 58 min
[…] nous citer 3 courses qui t’ont vraiment marqué plus que les autres cette année ? – L’Imperial Trail de Fontainebleau : ma course la plus aboutie cette année, où j’ai apprécié chaque kilomètre parcouru. […]