L’impérial Trail par Antoine ALLONGUE, Team Outdoor Paris
L’impérial Trail de Fontainebleau, samedi 19 septembre 2015
62 km, 1500m D+, par Antoine ALLONGUE, Team Outdoor Paris
Elle a tout d’une grande cette épreuve !
Pour sa 6ème édition, l’Impérial Trail de Fontainebleau affichait complet depuis plusieurs mois. Forcément comme l’an passé, l’ensemble des dossards disponibles sont partis en une seule journée ou presque. Avec près de 400 inscrits par course. Il fallait être réactif !
Il faut dire que près de 35 à 40% des participants reviennent d’une année sur l’autre courir l’impérial Trail. Si le parcours peut surprendre certains coureurs par sa longueur ou sa difficulté, certains n’hésitent pas à revenir. Cela explique donc cet engouement et le fait que les dossards s’arrachent aussi rapidement. C’est d’ailleurs un peu le même fonctionnement avec d’autres épreuves partout ailleurs.
Au programme : un 62km avec 1500m de D+, un 25 km avec 750m de D+ et un 10km (uniquement réservé aux femmes) avec 220 de D+. Mais aussi est surtout et surtout le « kilomètre infernal ». La course à obstacles pour enfants organisée au cœur du centre équestre par les organisateurs et encadrée par le représentant de la marque Brooks, Paul Fort et quelques parents.
Vidéo kilomètre infernal: https://www.youtube.com/watch?t=1&v=_jo9Fk3TfaQ
Il faut dire que ce n’est pas facile de proposer une aussi belle épreuve. En organisant le Trail des Maures, en Provence, depuis sept ans, je commence à bien connaître les différentes contraintes qui se dressent devant chaque organisateur à commencer par l’équilibre entre le budget de la course et des prestations de qualité proposées aux coureurs.
Déjà le choix du site du centre équestre du Grand Parquet qui aurait accueilli les jeux olympiques en 2012 si Paris l’avait emporté… C’est un choix calculé mais osé car la location est estimée à plusieurs milliers d’euros. Ce n’est pas anodin pour une association ou un club de triathlon comme le Tri-aventure.
Évidement cela serait moins couteux de partir du centre ville et d’utiliser des installations sportives municipales et de proposer quelques kilomètres de bitume au départ et à l’arrivée mais ce ne serait plus du tout la même épreuve. Et ça les organisateurs n’en veulent pas. Plus champêtre, moins exiguë et surtout plus pratique et confortable avec des douches et toilettes à disposition ainsi que la restauration de fin de course proposée le long de la ligne d’arrivée pour faciliter les encouragements de tous. Ce doit être sans doute la croix et la bannière pour conserver cette prestation mais pour le moment ce sont les coureurs qui en profitent en passant un bon moment.
La qualité du parcours est également très appréciable avec plus de 80km balisés dont 85% dans des singles. Un balisage qui ne fait pas défaut entre les rubalises bleues Brooks disposées tous les 50 mètres et surtout l’ouverture des dix premiers kilomètres par les organisateurs. Ceux-ci se sont même relayés en tête de course en restant aux contacts des premiers pendant 1h et vérifier la qualité du balisage.
En effet, chaque année des problèmes de débalisage ont conduit les bénévoles à courir en même temps que les coureurs. Non pas 1h avant le depart comme la majorité des organisation mais PENDANT la course. Chaque coureur est responsable d’une portion de course du parcours, ce qui l’oblige à faire des va et vient fréquents pour être certain que le balisage ne soit pas enlevé. Si bien que comme Nicolas Jamet l’affirme « à la fin de la journée, j’ai couru près de 40 km, sans parler du balisage du parcours la veille dont presque 20 bornes sous la pluie le vendredi soir«
Tester sa forme en cours et retrouver des copains
C’est toujours plus facile de faire une séance spécifique avec un dossard et des copains. J’avais initialement décidé de m’inscrire avec Yves Thomassin, qui prépare la grande course des Templiers. On s’entraîne quelquefois ensemble et il avait lui aussi besoin de prendre ses marques avec un trail de 7h. Pour moi, il s’agira de préparer la Saintélyon et de découvrir une épreuve que je ne connais pas encore. J’ai l’habitude de courir sur le circuit des 25 bosses du côté de Noisy-sur-école. Mais je ne connais pas bien le reste de ce magnifique massif. Presque 25 000 hectares dont la majeure partie situé en forêt domaniale, des sites classés natura 2000. L’une des plus belles forets de France à 60km de la maison. Il ne faudrait pas s’en priver !
En plus, un très bon coureur du coin, Nicolas Jamet, a tracé le parcours avec l’équipe du Tri-aventure et je lui fais confiance pour nous proposer quelque chose de sympa.
Je m’attends donc à une alternance de parties roulantes et de passages techniques entre les blocs de grès sur les GR et sentiers bleus du massif de Fontainebleau. Superbe alternance de singles techniques dans les rochers et de parties roulantes en sous-bois, chemins sablonneux et pinèdes qui me rappellent les forêts méditerranéennes.
Stratégie de course ?
C’est devenu une course d’équipe lorsque j’ai vu que Nicolas Duhail et Pierre Bustingorry s’étaient eux aussi inscrits sur le 62km de l’Impérial Trail. En fait, nous avons un calendrier commun mis en place par Agnès, sur lequel nous pouvons voir les programmes de chacun. Cela nous donne des idées et nous permet de nous retrouver (ou de nous éviter ;-), pour mieux nous aider …ou nous tirer la bourre.
Mais la tâche ne serait pas si facile puisque la course est un peu la chasse gardée de David Wamster qui a gagné en 2014 pour la 3ème fois et fait 2ème en 2013 derrière notre ami Jonathan Duhail. 5h25 pour 56km, l’ancien chrono de David nous donnait une idée assez précise du temps que nous pensions metre, à savoir environ 6h00 de course pour 62km au mieux. Mais on ne peut jamais prévoir le temps exact. Surtout si le parcours est modifié d’une année sur l’autre en fonction,de la technicité du parcours, de la forme du jour, ou des aléas de la course, c’est très variable.
J’ai appelé Pierre la veille pour évaluer sa forme actuelle. Clairement, je ne suis pas le plus en forme des trois. Je sais que Nicolas est très “En jambes” et doit normalement jouer la victoire. Il serait donc plus intelligent pour l’équipe que je parte en éclaireur devant avec les premiers pour ouvrir la route et imposer un rythmependant que Nicolas et Pierre temporiseront derrière au moins sur les 15 premiers kilometres. L’objectif est une victoire pour l’équipe. Il serait dommage de faire 2, 3 et 4ème ;-)
La course…
Le Parcours s’insère tout de suite dans la forêt à partir du campement du Grand Parquet de Fontainebleau. Pas un seul mètre de goudron emprunté. 60Km de chemins et près de 85% de sentiers en sous-bois et entre les rochers. Un vrai luxe .
Comme à son habitude David Wamster prend la tête de la course pour imprimer son allure accompagné d’un autre coureur. Au bout de quelques minutes et après avoir passé la première bosse, nous nous regroupons à 6 en tête de course, avec déjà un petit trou derrière nous. Je fais la connaissance de Jacques Labacci tandis que Pierrot et Nico sont un peu en retrait comme prévu. Au bout de 5 km, je ne les voit déjà plus et nous restons à trois…même quatre si on compte l’ouvreur.
Juste avant le premier ravitaillement du km 12, nous retrouvons sur les bords du chemin les quatre garçons de David Wamster positionnés en attente tous les 500m du plus grand au plus petit. Ceux ci, nous accompagnent quelques mètres en courant à côté de leur père. J’ai quand même hésité à porter une réclamation pour « dopage affectif » mais je me suis ravisé ;-)
Juste après le ravitaillement, vers le km 15, je file tous droit en descente sans voir la flèche partir sur ma droite. Quelques secondes de perdues qui permet un regroupement de Nicolas et Pierre. Nous sommes donc à nouveau six à courir l’un derrière l’autre à 12-13 Km/h de moyenne. Une vraie séance collective. On discute. On apprend que Pierre n’est pas au courant que la coupe du monde de Rugby va bientôt commencer. Trop soucieux de relayer les résultats du match de basket-ball France-Espagne joué le jeudi 17/09. On l’a bien chambré quand même !
Nous ne sommes bientôt plus que quatre en tête et restons Pierre, Nico et moi presque jusquà mi- parcours avec David Wamster qui relance encore et toujours en connaissant le parcours comme sa poche. Mais la fatigue se fait sentir. Je laisse filer le groupe au bout de 2h30 pour essayer de récupérer et de bien finir. Les écarts sont déjà conséquents au ravito du km 49 avec plus de 20′ de retard sur Nico et 14′ sur David mais je vais réussir à bien finir pour revenir à 5′ de David
Un peu de poésie dans ce monde de brute :
« J’aime ici l’étendue de la forêt, la majesté des bois dans quelques parties, la solitude des petites vallées, la liberté des landes sablonneuses ; beaucoup de hêtres et de bouleaux ; une sorte de propreté et d’aisance extérieure dans la ville ; l’avantage assez grand de n’avoir jamais de boues… » écrivait Eugène-Pivert de Senancour en 1837. En voilà un qui n’aimait pas trop se salir…mais qui aimait quand même se promener en forêt.
Je cherchais à savoir si Maupassant avait parlé du massif dans ses Lettres lorsque je suis tombé sur ces mots. Je ne suis pas un très grand lecteur mais j’aime bien ressentir les ambiances forestières jusqu’aux odeurs dans les textes et bien sûr les photos. C’est peut-être ça aussi que l’on recherche au travers de nos séances. Découvrir le patrimoine forestier qui nous entoure, se promener, s’imprégner des odeurs, s’amuser, courir, sauter et conserver longtemps ces images et ces gestes avant de remettre la tête dans le guidon et le nez sur le bitume.
Maintenant Cap sur la Saintélyon, l’objectif de fin de saison que pour lequel je m’entraîne spécifiquement actuellement en enchainant les entraînements à allures spécifiques. Je vais ainsi courir sur les 20km de Paris, le Trail de la By Night et la Route des quatre chateaux avec tout le reste de l’équipe pour une course Team et surtout la présentation de nos nouveaux partenaires pour la saison 2016…. Suspens :)
Crédits photo : http://www.lacaveajaife.fr/
Lien vidéo du Trail : https://www.youtube.com/watch?t=175&v=U15LnUQMdnc