La ronde des Eléphants, 100 kilomètres de Savoie par Agnès DUHAIL





La Ronde des Éléphants – les 100 km de Savoie – Chambéry (73) – 100km – 1800m D+
Retour sur cette première édition entre lacs et montagnes. #TeamOutdoorPoli, Agnès DUHAIL

Un 100 kilomètres sur route ça peut paraitre long, surtout pour les adeptes des chemins qui ne manquent pas de suivre ce blog! Et pourtant, le plus intense s’est déroulé en seulement 399m. 400m tu reviens sur la miss, 399m, tu passes. A bloc jusqu’au bout, jusqu’à cette arche que tu as déjà passée 10 heures 22 minutes et 31 secondes plus tôt le matin même devant le Château des ducs de Savoie où était donné le départ de cette première édition de la Ronde des Éléphants, le premier 100 kilomètres de Savoie.

Au delà de ces 400 derniers mètres, je retiendrais de ce premier 100 bornes :

– le partage de cette épopée avec mon mari sur son beau vélo tout propre (….), doté de son petit panier acheté pour l’occasion. Sur le dos de Jo, un sac de 30 kilos tout plein de trucs qui y resteront …. « tu assistes un ogre? » lui demande-t-on sur la zone de regroupement vélos située au km 14. « Non juste ma femme »….

[Jo] : bon pour le vélo tout propre, ma coureuse ne voulait pas d’un suiveur avec un vélo sale, donc je suis allé au Lavomatic la veille pour pouvoir suivre ma femme… Et pour le sac, c’était la première fois que je suivais sur un 100km, mais je ne referai pas la même erreur de reprendre trop de matos. Il faut dire aussi que ma femme a fait fort : j’avais 12 compotes et 20 Babybels au départ, et toujours autant à l’arrivée

– un parcours plutôt roulant où il faut juste penser à se freiner sur les 45 premiers kilomètres, mais un parcours tres pittoresque le long du lac du Bourget. Le lac et la vue sur les montagnes et la croix du Nivolet, c’est vraiment beau. Sur les berges, on croise ma copine Christine – une experte des 100 kilomètres – et son mari. Ils nous accompagnent un bout de chemin. Les kilomètres passent vite. un peu trop rapides, c’est ça de papoter Ils nous apprennent que la miss 10 minutes devant était en équipe de France de 100 km il y a quelques années.

– un gros passage à vide du 30ème au 45ème. Le parcours est vraiment plat et ma hanche commence à me faire grave souffrir. Je rentre dans ma bulle. J’attends le 45ème avec impatience. Que les bosses pointent enfin le bout de leurs nez.

[Jo] : les 15 bornes les plus longues à essayer de lui changer les idées comme je pouvais! Le plus fort, c’est qu’elle arrive quand même à faire des sourires à tous les gens qu’on croise. Vivement le début des bosses!

– des bénévoles toujours souriants et accueillants à chaque poste de ravitaillement, ravitos qui jalonnent le parcours chaque 5 kilomètres. Aujourd’hui c’est régime, fromage du terroir, eau gazeuse.

[Jo] : bah oui, on ne mange surtout pas ce qu’on a emmené…. Des fois que mon panier s’allégerait trop….

– le marathon passé en 3h48 et des brouettes toujours en seconde position chez les filles. km-3 avant la première bosse

– la pluie fait son apparition. Les lacs et montagnes ont laissé place aux vignes et leurs belles couleurs automnales. Le tout enveloppé d’une brume rendant l’atmosphère particulière. Montées et descentes se succèdent. Quelques courtes parties plates pour varier. On fait des chassé-croisés avec deux coureurs. Ils me doublent dans les montées sur lesquelles j’alterne marche et course, je repasse sur le plat. Le tout dans une ambiance bonne enfant et enjouée entre coureurs et accompagnateurs vélo, malgré la pluie qui tombe plutôt fort à ce moment là. La douleur à la hanche s’estompe. Le plaisir de courir revient.

[Jo] : Le plaisir d’accompagner aussi! Agnès relance en haut de chaque côte. Le parcours est vraiment costaud, elle m’impressionne de plus en plus et je sens que la machine est lancée, cette fois.

– kilomètre 65. C’est le moment de sortir la seconde paire de DS Trainer pour la seconde partie de course. Un arrêt au stand plus long que les autres. Surtout qu’en repartant, les pansements de protection sur mon pied droit se sont encore refait la malle. Pied nu sur la route mouillée, et la miss Michèle qui me double avec une petite claque sympathique sur les fesses Je prends le temps de changer le pansement. La miss file dans la montée. La première femme, Julie, est passée il y a 7 minutes.

[Jo] : les renseignements glanés sur les écarts pendant ce ravito me confortent sur le fait qu’il ne faut rien lâcher, on est en train de revenir. Bon, quand je repars, je retrouve ma femme 100m plus loin avec une chaussure à la main et sous la pluie en train de m’attendre… Pas géré au mieux celui-là, surtout que la troisième vient de passer.

– kilomètre 70. Je rejoins Julie qui semble avoir un petit passage à vide. Les bénévoles m’encouragent. Mon mari est à donf. Je retrouve ma place de 2 et surtout la soupe chaude au ravito du kilomètre 75.

– kilomètre 80. On rejoint Michèle et ses symathiques accompagnateurs dans la descente menant au ravitaillement de Novalaise. Prem’s! A ce moment là, on commence à penser à la victoire même si les 20 derniers kilomètres sont les plus exigeants avec la montée du col de l’Épine (8 kilomètres) puis sa descente jusqu’à l’arrivée. Ça rebooste! Ravito! Mon bénévole supporter est à nouveau là, visiblement ravi que je pointe en tête.

– Mon pied droit me picote secos, j’ai l’impression que mon pansement s’est refait la malle. Je prends le temps de le refaire. Et là surprise, une poche de sang grosse comme un œuf de pigeon décore mon pied. Pas d’infirmerie, le couteau Leatherman de mon mari fera l’affaire pour venir à bout de la bête. Entre temps, Michèle aura rejoint le ravito… et surprise, Julie aussi! Voilà comment, on se retrouve à 3 nanas au dernier gros ravito, à 20 kilomètres de l’arrivée.

[Jo] : Bon à ce ravito là, c’était un peu le stress entre le remplissage des bidons avant le col, la sortie des frontales pour la nuit qui s’annonçait, la préparation des bâtons pour le col et la sortie du couteau pour aller percer le pied d’Agnès. C’est dommage parce que ça valait le coup de faire la photo avec les trois premières en même temps dans la salle : Agnès assise en train de faire son pansement, Julie assise sur un lit et Michèle en train de se changer entièrement. A ce moment là, je me dis que quoiqu’il arrive, on aura vécu une course de ouf avec des rebondissements dans tous les sens.

– Je ressors de là en pole position. Ça pique un peu côté ampoule. Mais ça s’oublie vite. On entame les 8 kilomètres du col de l’Epine. J’alternerais marche et course sur les deux premiers kilomètres. Je sors alors les bâtons pour faire les 6 derniers, dont la pente varie entre 7.5% et 9%, en marche nordique afin de ne pas trop m’entamer dans cette ultime montée et de pouvoir gérer les 12 bornes de descente finale.

– Comme attendu, Michèle me reprendra dans la montée! La miss, elle court tout! Impressionnante! Expérience de ses années en équipe de France de Montagne me confiera-t-elle! Je continue à marcher jusqu’à un kilomètre du sommet. Puis, je range les bâtons pour reprendre la course, le pourcentage se faisant moins important. je retrouve ma place de seconde. Il reste 12 bornes.

– Il fait nuit. Les frontales sont de sortie. Je relance pour essayer de rejoindre la miss qu’on aperçoit à 250m devant. Je reviens mais pas vite…. Par contre, à 8 kilomètres de l’arrivée, on se fait doubler par une fusée! Julie! Elle est à bloc! Comment passer de la pole position à la troisième place en seulement 10 bornes!

[Jo] : Un moment pas facile à gérer, surtout qu’Agnès l’avait senti arriver. Mais on ne change rien, l’allure reste constante et on continue de revenir sur Michèle qui n’est pas loin devant.

– C’est là que commence la course folle. Jo m’encourage à ne rien lâcher. Les cuissots oublient comme par miracle qu’ils étaient douloureux une seconde plus tôt. On rattrape le petit groupe de Michèle. Je relance. Et à 4 kilomètres de l’arrivée, on revoit la frontale de Julie. Elle ne me reprend plus de distance. Je relance. je compte sur les deux faux plats montants du km-3, repérés la veille en voiture avec Jo, pour revenir, sachant que je suis revenue sur elle dans chaque montée depuis le début des bosses. Bingo! On se rapproche. Je relance de plus belle.

[Jo] : Une fois de plus, bluffé par le mental de ma femme. J’avais le beau rôle où je disais « lâche rien, relance, c’est maintenant que ça se joue, tu vas rentrer » Mais derrière, encore fallait-il encore pouvoir oublier les jambes toutes dures et pouvoir accelerer. Nous voici bien à plus de 13 kmh….

– km-2. On bifurque sur une petite route à droite. Il reste 600 m de faux plat montant pour rentrer. La miss se retourne. 20 mètres! Suit, 1 kilomètre de forte descente à bloc. On rentre. On passe. Et ces 400 derniers mètres plats au sprint…..Franchir l’arche d’arrivée à plus de 15 km/h après 100 bornes bien tassées de course, je n’avais jamais envisagé cela! Mais quel kiff!

[Jo] : Avis aux prochaines ampoules : faites gaffe parce qu’Agnès a gagné un bel Opinel

Merci aux organisateurs pour ce beau projet mené de mains de maître. Merci aux bénévoles pour leurs sourires et leur gentillesse, merci aux différents duos/trios pour les échanges tout au long de la course. Merci à « mon » bénévole supporter d’avoir cru en moi Merci à Julie et Michèle pour cette course endiablée . Merci au coach. Et un immense merci à mon mari de m’avoir supportée 101.7 kils, 1700mD+ et 10h22min31sec.


Agnès