Comme dans un rêve – Powerman Duathlon de Zofingen – Agnès DUHAIL Team Outdoor Poli
D’ailleurs, ce duathlon, c’était un rêve. Mon rêve sportif depuis ce jour où je finissais mon tout premier duathlon avec des étoiles plein les yeux et un sourire jusqu’aux oreilles. Me voyant aussi enthousiaste, un des gars avec lequel j’avais roulé me dit que si j’aime le duathlon, il faut absolument aller faire « Zof », mais absolument! Le soir même, je regarde ce qu’est ce fameux « Zof »… Rhoooo, je le ferai!
Et 12 ans plus tard, après y avoir renoncé en 2018, et malgré une année quelque peu compliquée, j’y suis! Jusqu’au dernier moment, j’ai failli annuler. En cause, un entraînement non optimal avec 2/3 mois à bricoler du fait d’une anémie assez costaude et quelques soucis pros ayant occasionné pas mal de fatigue en plus. Et comme si cela ne suffisait pas, je me retrouve avec un début de tendinite aux deux ischios. Je peux à peine marcher après chaque séance de côtes sur le vélo. Et il ne reste que 2 mois! J’hésite vraiment. Dans ma tête, il était hors de question d’aborder « Zof » avec une forme « Bof ».
Mais finalement, et après un gros travail mental, accompagnée par Pierre, préparateur mental, j’y suis. L’objectif est « simple » : être finisher et prendre des repères pour Zof 2020. Sans regarder le chrono, si ce n’est pour ne pas s’enflammer sur la première course à pied de 10 kils. Oui parce que Zof c’est 10 kils à pied, 150 kils à vélo et 30 kils à pied. Ou pour être précise cette année, 9.8 kils à pied, 145 kils à vélo et 29.8 kils à pied. Le tout avec respectivement, 385mD+, 1800mD+ et 400mD+. La partie vélo m’impressionne le plus. Les barrières horaires ne sont pas si larges que cela.
Et voilà, c’est fait! Finisheuse du Powerman Duathlon de Zoffingen! Zof! Ce fut juste un pur kiff. Une course pendant laquelle tu ne vois pas les minutes défiler. Tu as l’impression que les kilomètres passent sans prise sur toi. Les quelques rappels à la réalité n’enrayent pas le plaisir éprouvé ni le bien être qui est en toi. C’est magique et cela faisait si longtemps que je n’avais plus ressenti cela. A quelques 8 kilomètres de l’arrivée, alors que je repasse une dernière fois dans le parc de transition avant l’arrivée, Jo me dit « tu es entrain de faire un gros chrono« . Je n’ai aucune idée de ce que cela signifie car je n’ai pas de vision sur le chrono à part ce que le timer m’affiche chaque kilomètre sur cette dernière course à pied. Je ne sais pas en combien j’ai terminé la première cap, n’ai aucune connaissance de ma moyenne en vélo. Aucune idée. Ce que je sais juste, c’est que tout s’est passé comme dans un rêve. Comme si ce n’était pas moi qui courait. Du coup, c’est assez compliqué à raconter!
Quelques retours à la réalité cependant me reviennent en mémoire. Le gros kiff de commencer la course avec 1.7 kilomètres de côte à 7% et de me retrouver, tout en me freinant un max, en tête de mon groupe OPEN. De rattraper des ITU, de découvrir un parcours mixte route chemin comme je les aime et de courir au son des nombreux « hop hop hop » des spectateurs. A faire deux fois.
La T1. Tranquille, sereine. Se couvrir un peu, manger, boire. Et hop là, c’est parti… Le plus étonnant, c’est cette sérénité qui ne me quittera pas. Même quand, dès les premiers kilomètres de vélo, je m’aperçois que sur les prolongateurs, les cuisses brulent de ouf dès que je dépasse les 30 kil/h au compteur instantané et que je suis obligée de me relever régulièrement. La majeure partie des filles que j’avais doublées en cap, et même celles de mon groupe open qui ont fini la première cap derrière moi, me passent. La seule chose que je me dis à ce moment là, c’est que ça va être long. Et c’est ce que je dirai à Jo quand je le croiserai. Étonnamment, là où j’aurais pu paniquer, je reste serein, dans ma bulle. Je me dis juste que je n’aurais pas du me retenir autant dans les deux descentes de la première cap. Cela a du meurtrir les quadris plus que ce qu’il ne l’aurait fallu. A méditer pour 2020.
Seconde boucle à vélo sur les trois au programme. Une pluie fine s’est invitée à la fête ce qui n’empêche pas les nombreux spectateurs de nous encourager « hop hop hop« . Les sensations reviennent comme par magie, surtout dans les deux côtes de 3 kilomètres où je me surprends à remonter sur quelques filles et à ne pas me faire distancer par les garçons et leur grosses roues lenticulaires! La speakerine annonce le passage de chaque concurrent à mi-côte « Agueness Duail, Open Race Hop hop hop ». Je passe une suissesse, puis une néerlandaise. Le vélo roule tout seul!
Troisième boucle. Même sur les faux-plats montants, maintenant je rattrape du monde. Le kiff! Jo m’annonce que la duathlète de ma catégorie d’age en Open, mon seul repère « chrono », n’est plus qu’à 1min30 alors qu’elle m’avait distancée de près de 3min30. Je la dépasserai dans la première côte de cette ultime boucle, ainsi que 3 autres duathlètes. C’est vrai que ça fait plaisir! Je rejoindrais le parc sans me faire reprendre sous une pluie devenue plus intense. Je kiffe ce temps.
Cette seconde course à pied, jusqu’alors, je l’avais complètement occultée. La partie vélo me faisait tellement l’effet d’un monstre que mon cerveau avait délibérément choisi que la course se terminait ici, au parc. Je dois avouer que les cuisses, les bras, le dos ont vite ramené la tête à la dure réalité du sport enchainé. Heureusement, la pluie est toujours là, et ça je kiffe. Le parcours en aller-retour sous forme de trois tours composés eux mêmes de deux boucles dont une belle vallonnée nous permet de croiser tous les coureurs et de nombreux spectateurs. Cela me permet d’avoir des repères, de me fixer des petits objectifs intermédiaires qui font qu’il est très facile de débrancher le cerveau malgré les douleurs musculaires. « Agueness Duail, Open Race Hop hop hop » C’est top! Sourire au photographe.
Je ne m’attendais pas à avoir une seconde course à pied aussi vallonnée. C’est vrai que sur le papier cela ne me faisait pas peur, d’ailleurs, je n’avais pas vraiment regardé! Bah oui, la course s’arrêtait avec le spad! Malgré le fait que je croise ma concurrente repère de plus en plus tôt, ce qui est bien synonyme qu’elle est en train de reprendre du terrain, je prends vite la décision de marcher sur cette côte assez raide sur les deux derniers tours. Inutile de traumatiser plus les muscles au risque de cramper. Il suffira de relancer à fond dans les derniers 5 kilomètres sur lesquels mon corps ne risque plus de me trahir. Et là, plus rien n’existe autour, je n’entends même plus les « hop hop hop ». Je ne pense qu’au tapis bleu et à cette belle arche jaune. Cette ultime entrée dans le parc de transition est magique. Je n’aurais même pas l’idée de regarder le chrono pourtant affiché en gros sur l’arche. Je savoure juste, non sans émotion, ce bonheur de franchir cette ligne d’arrivée tant convoitée.
Ce fut juste 8h36 de bonheur, car tel est le chrono…. Si la tête reste encore dans un autre monde, le corps choisi alors de se rebiffer. A peine la ligne d’arrivée franchie, il refuse de marcher, les muscles tremblent, les dents claquent. Le froid que je n’avais pas du tout ressenti pendant la course, se fait oppressant. Les bras, les jambes et le dos ne sont que douleur. C’est quand même marrant ce que le corps peut être versatile! Une minute avant, c’est l’euphorie la plus totale, tu voles littéralement (enfin tu en as l’impression!), une minute après, tout part en vrille! D’ailleurs, je jure qu’on ne m’y reprendra plus. C’était à la fois trop bon pendant et trop dur maintenant. Mais rendez-vous en 2020.
Quelques données chrono quand même, à défaut d’en avoir eu pendant la course, elles ont été bien analysées après ;)
Pour finir, un grand merci à mon mari pour m’avoir soutenue et encouragée tout le long de cette année et de cette course. Merci à Étienne pour les gros progrès que j’ai pu faire, un immense merci à Pierre, sans qui je n’aurais très certainement pas pris le départ dans d’aussi bonnes conditions mentales. Merci à mes parents qui ont suivi le live tout du long et qui sont toujours à m’encourager dans tout ce que j’entreprends. Merci à mes copines de club et merci à tous pour les encouragements d’avant- course. Enfin, merci à mes montagnes de m’avoir bien préparée à ce beau parcours vallonné! A l’année prochaine « Zof ».
Duathlon longue distance de Zofingen - une histoire de flow
8 juin 2020 @ 15 h 51 min
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Martin
5 septembre 2021 @ 18 h 50 min
Très inspirant et motivant. Comme je bavardais hier avec vous du duathlon de Baudreix, et que vous parliez de Zofingen, je suis tombé sur votre compte rendu. Superbe perf.
Agnès
6 septembre 2021 @ 15 h 45 min
Bonjour. J’espère que vous avez apprécié le semi en dernière sortie longue avant l’Aubisque;) Merci pour votre petit com. La perf je ne sais pas, mais le plaisir était là. j’ai hâte de retrouver de telles sensations. Je vous souhaite une belle course. N’hésitez pas à nous donner des nouvelles. agnès