Au TOP à la Sainté! Antoine ALLONGUE dans le TOP 10!
Saintélyon, Saint-Etienne (42) – Lyon (69), 72 kms, samedi 5 décembre 2015
par Antoine ALLONGUE, Team Outdoor Poli
La Saintélyon est une course de cœur. L’appréhension des conditions climatiques plus que du parcours, le fait de courir la nuit, une classique nationale entre le trail et la course nature bien connue du monde de la course à pied . Roulant certes, mais quand même 1600m D+ pour 72km.
1. Ambiance de départ
Retrait des dossards dans la superbe Halle Tony Garnier. Je rencontre Benoit Holzerny avec qui j’échange sur le parcours et les objectifs du soir. Petit dîner à l’hôtel situé à 100m de l’arrivée avec Emilie et les enfants. Je les laisse à 19h45 pour prendre l’une des dernières navettes. Le trajet en bus est quand même long et on a le temps de mesurer la distance qu’il nous faut réaliser pour retourner à Lyon. Il ne faut pas trop y penser.
Salle d’attente dans la salle Mizuno. et on échange quelques mots avec Benoît Holzerny, Nathalie Mauclair. Nous faisons aussi connaissance avec le sympathique Maxime Cazajous et je discute avec le marathonien Tarik EL MLIH (dossard 27) et que je reverrai plus tard sur le parcours.
Je fais le bon choix de partir en running Adidas Glide Boost et de ne pas mettre de chaussures à crampons car le parcours est annoncé très sec. Je laisse donc mes Raven Boost dans le sac. Le speaker annonce plusieurs fois que Benjamin Stein a reconnu le parcours et n’a pas vu de flaques d’eau. On le saura ! Je me dis alors que si je le veux, je ne vois pas pourquoi je ne pourrai pas faire mieux que mes 6h01’ réalisé en 2012 avec 30cm de neige sur les hauteurs du parcours avant Sainte Catherine.
Échauffement dans la zone réservée aux coureurs élites et où l’on retrouve beaucoup de têtes connues. Derniers encouragements communs tapes amicales. Je me place en deuxième ligne à côté de Matthieu et Benoit.
2. Top départ !
Après avoir chantonné un passage de la Marseillaise « Marchons, marchons…. », le départ est donné sous les projecteurs de couleurs Bleu, blanc, Rouge qui illuminent le flot des 6000 coureurs. Hommage, aux victime des attentats du vendredi 13 novembre, assassinées là-juste à quelques mètres de chez nous. Je n’allume pas ma frontale et je pense d’abord à eux en courant. Je suis dans ma bulle.
Quelques kilomètres de bitumes dans les rues de Saint-Etienne. Je laisse partir le peloton de tête. Je pense composé de 25 coureurs et je reste à quelques encablures. Je ne le sais pas encore mais plus personne ne me rattrapera. Je l’avais dit à Matthieu et Ben et je me m’étais promis ne pas partir top vite pour ne pas le payer dans le final . J’ai l’impression d’avoir de très bonnes sensations. Je me sens incroyablement léger . Facile à dire au bout de 5km et le stock de glycogène rempli à raz bord. On fera le point dans 2 heures après le pointage Sainte Catherine (km 28). D’ailleurs, dans ces petites phases d’euphorie, c’est souvent un signal de l’organisme pour nous rappeler de prendre un gel et éviter toute baisse glycémique.
Je cours avec Nicolas Perrier (dossard 20) et je reconnais Adrien Séguret. Les sensations sont très bonnes quand arrivent les premières côtes. Je m’aperçois que le peloton de tête a déjà explosé au Km 10 environ car les frontales ne sont plus groupées au loin devant moi. Je vois aussi que les premiers relayeurs sont partis très fort car ils ont au moins 2km d’avance sur nous.
En me concentrant sur mon effort que je veux économe mais efficient, je décide de revenir sur quelques coureurs partis trop vite. Je rattrape ainsi Fabrice Arnaud (spécialiste de l’épreuve Trail des Maures que j’organise à Collobrières) et je crois reconnaître le parisien Nathanaël Tamaillon. Mais ils ne s’accrochent pas.
J’arrive alors au premier point de contrôle à Saint Christo en Juarez en compagnie de Nicolas Perrier et Maxime Cazajous. Je connais cette partie de parcours et je leur explique qu’il ne faut pas s’enflammer. « Après ce point de contrôle, il y a un petit mur qui passe bien mais qui peut laisser des traces ». Nous passons ce point en 1h03’24. Nous ne connaissons pas notre classement mais je me sais 15 ou 20ème et je vois un groupe de 6 coureurs à 15’’.C’est très bon ! Je suis Maxime dans le début de la montée et je m’aperçois qu’il passe à droite des barrières pour passer dans la tente du ravitaillement. C’est un détour et je fais le choix de repasser au-dessus de la barrière pour ne pas perdre de temps.
Chaque seconde de gagnée, que ce soit sur les ravitos ou sur la route, me sera très utile en fin de parcours quand on sera vraiment dans le dur. C’est une course contre le temps plus que contre les autres coureurs et je me suis fixé comme principe de base qu’il n’y pas de petites économies en course. Chaque seconde compte.
Au km 18, en haut de la bosse après village de Saint christo, j’opère la jonction avec le coureur Corse du team Asics Lambert Santelli (dossard 19). Nous ne nous connaissons pas encore mais je connais bien ses qualités, lui qui a gagné le Restonica et fais la course en tête sur les Templiers. Je pense être dans le top 10 et j’ai toujours de bonnes jambes. Normal, me diriez-vous après seulement 20 bornes mais nous courons côte à côte sur les chemins du mont lyonnais à près de 15 km/h sans que la fatigue musculaire ne soit gênante. C’est sûr, C’est un bon jour.
Je décide de rester le plus longtemps avec Lambert pour profiter d’une course commune avec lui. D’une part car c’est agréable de courir à deux quand on a le même rythme et d’autre part parce que c’est beaucoup plus facile. L’éclairage est doublé et l’allure est régulée par l’un ou l’autre quelque soit le profil. J’explique un peu à Lambert le parcours.
A l’approche du ravitaillement de Sainte Catherine (km 28), moment fort du parcours où tout reste à faire avec près de 44 kilomètres à venir, nous passons devant un panneau « Attention descente dangereuse ! » et je plaisante avec lui car généralement que ce soit en Corse ou en Provence quand on voit ce type de panneau, ça sent le cordage et les flancs de falaise. Là, on dévale à 18km/h un chemin qui aurait dû être boueux et qui laisse apparaître des pierres seulement sur le côte gauche. Mais il faut garder sa lucidité. Ce n’est pas le moment de prendre un vol.
3. Ravito de Sainte Catherine (km 28)
Nous rentrons tous les deux en 2h00’36 avec près de 3mn d’avance sur mes temps. La course commence maintenant. Il faut gérer ses forces. Courir-boire-manger. Passage éclair sur les tables où je rempli mon bidon du mélange 2/3 eau, 1/3 coca et j’attrape deux pâtes de fruit et une banane. Quand je sors de la tente, Je vois lambert encore en train de se faire assister par Arnaud Perrignon . Je temporise en prenant le soin de bien manger.
Nous abordons une montée de 170m D+ pour rejoindre le point culminant du parcours. Nous rattrapons d’abord un relayeur à 4 qui vient juste de partir du ravito et doublons encore deux coureurs du 72km dont le dossard 44 de Sylvère Pruvost ( Et oui, j’ai révisé ;-). Je suis bien en montée mais je laisse Lambert me distancer de quelques mètres. Il me prend 15’’ mais je ne m’affole pas. Je suis dans ma course. Je vois une frontale qui est 400m devant nous. Juste avant le point culminant, je raccroche avec l’aide des spectateurs. On est mieux à deux !
Vidéo du time lipse réalisé sur plan fixe ICI
La fatigue se fait sentir. Il me reste 38km. On bascule face au spectacle des lumières Lyonnaise. On y est ! Passage dans les sous bois où un comique a mis des écriteaux au sujet d’un ours de la forêt (je n’ai rien compris). Nous nous rapprochons d’un coureur et Lambert fera le jonction avec Manu Gault juste avant Saint Genou. Je décide de m’arrêter faire une pause technique et je décide de brancher ma musique. Elle me sera vraiment d’une grande utilité. Je suis seul et il me reste 3 heures. Je ne sais pas qui est derrière moi mais en prenant des écarts, je crois voire des frontales à plus de 3mn. Le trou est fait et il faut maintenant gérer ! C’est difficile pour tout le monde mais je trouve que mes quadris bien douloureux dans les descentes même si j’arrive toujours à courir à un bon rythme de 14,5-15 km/h.
Mon coup de cœur de cette Sainté que je me suis remis plusieurs fois Remix d’Another love de Tom Odell. Du bon son redécouvert en course. Ca date mais je l’ai mis au moins dix fois en boucle.
Je passe le pointage de Saint Genoux et on m’annonce 8ème à 1’30 de Manu Gault et Lambert qui a fait la jonction. Je suis dans le bon rythme et les bénévoles rigolent de la rapidité avec laquelle je me suis ravitaillé. Franchement, je sais que je ne reviendrai pas mais je dois gérer mon avance ! Ca va revenir de derrière, c’est sûr. Mais il va falloir venir me chercher. Je ne suis pas prêt de la lâcher cette 8ème place. Il reste 32km mais c’est dans la tête. Si j’évite les crampes, ca devrait le faire. Je pense à Emilie, mon Père et aux copains qui doivent être devant le suivi live et je m’imagine les voir ici à m’encourager sur le parcours.
Je suis maintenant un relayeur dans la descente vers Soucieux et je reconnais les chemins qui précédent le village. J’étais venus m’échauffer l’année dernière en attendant le relai de Matthieu Bourguignon . Je rattrape un coureur Solo. Musique à bloc. Je vois qu’il coince mais il réussi à s’accrocher. Je ne le connais pas. Nous allons passer les derniers kilomètres en chassé-croisé.
Il s’agit de Damien Jeanjean. Inconnu en trail mais excellent cycliste et surtout Duathlète de niveau national. Il me raconte qu’il a fait la course dans le top 5 avec Manu Gault. Costaud le garçon ! On rentre à deux en 7ème position et la bénévole qui me remplit le bidon m’encourage « Je crois que vous êtes bien classé, là. » Merci ! Je repars sur le même parcours que mon relai 2014. Pas avec les mêmes jambes mais avec la même envie. Je repense aussi à 2012. Même place, même heure.
Ça devient vraiment difficile. Je reconnais très bien le parcours et je me rappelle de toutes les difficultés et la longueur des côtes . J’ai vraiment envie de marcher mais je sais qu’il faut les passer en courant alors je sers les dents et je cours. J’arrive encore à bien relancer. Le GPS m’annonce 13,5 KM/h au km 60. Parfait ! Les coureurs de la Saint-express que je rattrape s’écartent en m’encourageant. Je ne les entends pas mais je prends toute leur énergie. Il reste 12km et moins d’une heure de course. Je vise maintenant le chrono de 5h50 qui serait excellent. Je passe les côtes en courant et je ne vois personne revenir. Je chute bêtement sur le goudron en regardant passer un relayeur et je vois, allongé par terre, Damien me repasser. Plus trop lucide quand même !
Dernier effort à 3km de l’arrivée et après une montée en S dans un petit parc où je préfère couper dans l’herbe pour doubleur des coureurs, je vois en passant la barrière que deux coureurs y rentrent. J’estime mon avance sur eux à 50’’. Chaud ! Peut-être des relayeurs mais je ne vais pas les attendre pour savoir. Je descends les escaliers de la Fontainière à bloc 3 par 3 et je relance une dernière fois à 15 km/h sur les quais. Les jambes me brûlent. Le musée des confluences se dresse devant moi. Je prends le pont et je pense à Emilie, qui dort juste là à l’hôtel sans savoir que j’ai réussi mon objectif. 8ème en 5h49. 72km à 12 km/h. Je prends quand même cher dans les derniers km en perdant plus de 5 min en 4km sur Lambert et Damien Jeanjean et sur mes deux poursuivants . Il était temps que ça se termine.
Place à la récupération et la reprise des entraînements de l’Athlétic cœur de fond pour préparer les cross jusqu’aux régionaux LIFA puis prépa Ecotrail de Paris pour le TTN 2016 avec le Maxi-cross d’Aurélien collet en forêt de Montmorency.
Classement
Antoine