Le meilleur pour la Fin, Victoire de Benoit GANDELOT au Trail du Bout du Monde 37 kils
Trail du Bout du Monde, 37 kils, 1460mD+, samedi 5 juillet 2015
Plouzané (29), par Benoit GANDELOT, Team Outdoor Paris
Un petit parfum de revanche…
Petit retour deux ans en arrière. En juillet 2013 les 37km du trail du Bout du Monde (TBM), entre Brest et la pointe St-Matthieu, devaient clôturer une saison bien chargée : rien qu’en juin j’avais enchaîné pas moins de 5 compétitions (dont le fameux Castor Fou, pas réputé pour être très reposant et les 35km du trail des Cerfs). Pourtant j’étais optimiste pour cette course que je prévoyais plutôt tranquille (bien qu’on annonçât 1000m de D+). Bien mal m’en a pris : ce jour-là la fatigue accumulée, une hydratation insuffisante et la météo torride (qui a dit qu’il pleuvait en Bretagne ?) m’en firent voir de toutes les couleurs. Au 12ème j’étais littéralement cuit et j’ai dû puiser dans mes réserves pour aller jusqu’au bout (à la 5ème place). J’avais tellement de crampes que j’ai dû passer deux heures allongé dans l’herbe avant de pouvoir me relever. Pourtant j’ai adoré le parcours : dans les bois au début et le long du sentier des douaniers, avec des paysages exceptionnels, sur le reste. Ne voulant pas rester sur un mauvais souvenir, je me suis promis de refaire cette course, bien préparé et frais cette fois.
En pause en 2014, le TBM est réapparu sur le calendrier cette année et le moins que l’on puisse dire c’est que l’événement était attendu : quelques jours après l’ouverture des inscriptions (en mars) les 2000 places pour les trois courses (20km, 37km, 57km) avaient trouvé preneurs (donc si vous êtes intéressés, faîtes comme moi, soyez réactifs hein ;-)).
J’avais donc deux choses à corriger par rapport à l’édition 2013 :
- La fraîcheur : ça tombe bien depuis mes fractures de l’an dernier j’ai levé le pied niveau entrainement (+ de 100km / semaine avant, moins de 80km aujourd’hui) et je n’ai fait qu’une course en juin (le fameux Castor Fou encore lui) il y a trois semaines. Depuis je m’entretiens, alternant séances de côtes (avec 10 ou 20 répétitions sur mes sentiers de la forêt de Vélizy) et séances de rythme sur piste ou en nature. Pour les sorties longues c’est vélo, avec notamment un Paris – Blois (180km) la semaine dernière, pour travailler les efforts longs sans me traumatiser. Enfin contrairement à l’an dernier où j’avais dû faire as mal de voiture pour venir après un réveil ultra matinal, là je loge tout près de l’arrivée.
- L’hydratation : ça avait bien marché pour le Castor alors j’ai recommencé. Depuis la veille, ma bouteille d’eau m’accompagne partout et même si je ne dois pas trop m’éloigner des toilettes, il faut reconnaître que c’est efficace.
Niveau préparation tous les voyants semblent donc au vert, reste à voir ce que ça va donner. Mon équipement pour aujourd’hui : mes Adidas Boston Boost (800km au compteur, ce soir je les jette) car le terrain est très sec, une casquette, 4 gels GU (un toutes les 35/40 minutes), 50cl d’eau (obligatoire) et ma nouvelle belle tenue TO. Mon objectif est clair : un chrono de 2h50 (soit 10 minutes de mieux qu’en 2013) et faire un podium.
Le départ est donné du vélodrome de Plouzané vers 8h45, peu après que se soient élancés les coureurs du 57km qui empruntent le même parcours que nous, allongé sur la fin. La victoire ne devrait d’ailleurs pas échapper cette année à Thierry Breuil, inscrit de dernière minute. Les premiers kilomètres sont en descente et le moins que l’on puisse dire c’est que ça part fort : quasiment 17km/h. C’est beaucoup trop pour moi et je laisse une dizaine de coureurs me distancer : ou bien ils sont très costauds ou bien il sont inconscients … Le début de la course zigzague dans une forêt qui recouvre les flancs d’un vallon menant à l’océan. Les singles s’enchaînent alternant petites montées casse-pattes et descente. Petit à petit je refais une partie de mon retard sur quelques personnes du groupe de tête et j’ai une pensée pour certains d’entre eux déjà à la peine dans les côtes alors que le plus dur reste à venir.
J’arrive à la mer, sur la plage, au 11ème kilomètre, au coude à coude pour la quatrième place. Je suis à plus de 15km/h de moyenne mais la première grosse difficulté s’offre à nous : un escalier bien raide d’une bonne centaine de marche. Je me souviens, qu’il y a deux ans, c’est en haut de ce dernier que je me suis dit un truc du genre : « Putain encore 25km …« . Aujourd’hui, je le monte tranquillement, marche par marche, en trottinant. Il passe sans problème et je relance tout de suite, distançant du même coup mon compagnon. Je suis bien accroché à ma quatrième place, c’est plutôt bon signe.
C’est à partir de ce moment que le parcours révèle toute sa beauté : on monte, on descend mais on a toujours à côté de soi cette mer azur qu’en France seule la Bretagne (et la Corse soyons honnête) peut nous offrir. La contrepartie c’est que la réverbération du soleil (sur l’eau et les falaises blanches) est intense : hydratation obligatoire !
Petit à petit, je reviens sur le troisième qui, comme je le pensais, est parti trop vite et je reste dans sa roue jusqu’au phare du minou. A cet endroit (15ème km), le parcours fait une épingle et je peux évaluer le temps qui me sépare des premiers quand je les croise : 2’10 et ils sont l’air bien … Ce n’est pas gagné cette affaire ! Clairement je pars dans l’idée de me focaliser sur cette troisième place : les jambes sont bonnes mais la route est encore longue, il faut assurer. A la sortie de la plage je mets donc une petite accélération dans la montée qui me permet de dépasser (et surtout de distancer) le troisième.
Si j’avais une chose reprocher au TDM, c’est que tout le monde se retrouve sur le parcours sur les 20 derniers kilomètres. Résultat : on passe son temps à doubler des coureurs moins rapides du 57km, ce qui, sur des chemins très étroits, caillouteux et plein de marches irrégulières, est parfois tendu. Malgré tout, avec un petit sourire, un mot d’encouragement, ou une amicale petite tape dans le dos ça se passe plutôt bien.
Les kilomètres défilent et, même si la chaleur devient gênante, mes jambes tournent toujours bien : j’essaie de relancer quand le terrain le permet (c’est à dire pas très souvent). Mon GPS indique un peu moins de 4’30/km depuis le départ, ça bien baissé ;-). Au 26ème kilomètre, le parcours emprunte une grande plage sur 2km (heureusement c’est marée basse) et je profite de ce terrain (enfin) plat pour envoyer un petit coup (bon à 15km/h faut pas exagérer non plus, je commence un peu à sentir la fatigue). A la sortie de la plage, une longue montée s’offre à moi et dans le flot de coureurs que je m’apprête à dépasser un semble aller beaucoup plus vite (il ne marche pas en fait), le temps de le rejoindre et je me rends compte qu’il a un dossard bleu comme moi ! Il ne m’a pas l’air très frais et après l’avoir encouragé, je le distance rapidement. Il m’indique quand même que le premier est à 1’45.
3 kilomètres plus loin, bis répetita, dans un escalier avec des grosses planches (le 20ème depuis le départ au moins, un grand classique des sentiers littoraux), je dépasse un gars qui marche à vive allure : lui aussi a un dossard bleu et il a l’air sidéré de me voir. Je n’en crois pas mes yeux, il reste 7km, je suis premier et un boulevard s’offre à moi car les deux gars que je viens de dépasser m’ont paru assez mal en point .. Il reste donc une grosse demi-heure à tenir mais ça ne va pas être simple : malgré mes efforts pour bien m’hydrater des crampounettes commencent à taquiner mes mollet.
Les derniers kilomètres ne sont pas évidents mais sans être non plus un calvaire : je gère mon avance en essayant de modifier un peu ma foulée pour éviter LA crampe fatale. Une dernière montée et le phare de la pointe St Matthieu apparaît devant moi. C’est donc en vainqueur que je franchis la ligne mais il a fallu que je me signale : noyé dans un flot de coureurs du 20km (qui emprunte le même fin de parcours que nous), les officiels ne m’ont pas remarqué !
Mon chrono est de 2h43 et des bananes, soit 15′ de moins qu’il y a de deux ans, ce qui est une belle progression mais ma vraie satisfaction est la façon dont j’ai géré cette course (avant et pendant). Je sais très bien qu’avec tous les aléas que comportent la course à pied, je ne suis pas prêt de réitérer ça mais sur le moment ça fait bien plaisir. Ce TBM 2015 restera un de mes plus beaux souvenirs de course à pied.
Benoit
Résultats
Record Personnel battu sur le marathon de Francfort pour Benoit GANDELOT
28 octobre 2015 @ 15 h 59 min
[…] sport quel qu’il soit) suite à ma victoire en Bretagne sur les 37km Trail du Bout du Monde (http://www.team-outdoor.fr/blog/le-meilleur-pour-la-fin-victoire-de-benoit-gandelot-au-trail-du-bout…). Le reste de l’été a servi de tremplin pour être prêt à commencer la préparation […]