Marathon de Paris : quand le marathon vire au rouge écarlate, par Chrystelle LAMBERT



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Marathon de Paris, 42.195 km, Paris(75), dimanche 12 avril 2015

Chrystelle LAMBERT, Team Outdoor Paris – SAM 12



photo 10Je veux partager avec vous mon aventure marathon qui s’est avérée bien plus pénible que dans mes souvenirs…. Mais peut être qu’après chaque marathon, on n’en retient que le meilleur…. Au moins je laisse une trace écrite pour me remémorer celui-ci !

Jeudi soir, mon dossard en poche, je commence à me poser des questions sur l’objectif un peu élevé par rapport à ma forme actuelle ! Depuis quelques temps, après plusieurs discussions avec Agnès, des amis de mon club, mon homme Antoine, je me suis lancée le défi  de fixer mon objectif marathon à 3h. Les séances de préparation ne passent pas aussi facilement que j’aimerai mais je ne lâche pas l’objectif même si une petite voix me dit que c’est un peu trop optimiste…

photo 9Pour le petit retour en arrière et pour vous tenir au courant de mon expérience marathon, je ne suis jamais passée en-dessous de 3h17 à Berlin au lendemain d’un marathon roller. Gratter 17 minutes, c’est ambitieux mais après mon résultat au semi de Paris, ça peut passer.

La pression monte au fur et à mesure et je doute beaucoup, mes  jambes sont lourdes et la fatigue accumulée des dernières semaines se fait réellement sentir. Samedi, je profite d’une journée OFF pour faire du jus et je me sens mieux en fin de journée. Couchée assez tôt après la pasta party de rigueur, je tourne en rond dans mon lit et n’arrive à trouver le sommeil … Levée aux aurores, j’avale mon gatosport, première expérience que je recommande à tous car c’est très digeste et pas si mauvais finalement !

photo 11On prend la route à 6h30 avec mon homme Antoine, qui  fera mon « porte bidon » pendant le marathon. Je pars vraiment sereine car j’ai l’impression d’avoir récupéré et ça fait très longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien (mais les apparences sont parfois trompeuses, nous verrons ça plus tard dans la suite de mon roman…)

Sur les Champs, nous retrouvons notre club, une soixantaine de coureurs  courent ce matin, c’est  la fête de la SAM ! Après les retrouvailles et le petit footing de chauffe, nous rentrons dans le SAS de départ une vingtaine de minutes avant toujours dans la bonne humeur. Les dés sont jetés, y a plus qu’à, le compte à rebours est lancé! Les premiers kilomètres sont  très denses, on se faufile comme on peut pour maintenir l’allure.


photo 6Au 8ème kilomètre, je suis fraîche comme une fleur, je tape dans la main d’une copine de la SAM, j’ai le cœur en joie, je profite des fanfares et du spectacle, tout va bien. Je tourne la tête pour regarder le magasin Team Outdoor et là j’aperçois une affiche avec un gros « ALLEZ CHRYS », la fête est à son comble. A ce moment- là, je me dis que les 3h sont faciles !


Quelle pensée folle….quelques kilomètres plus tard, j’annonce à Antoine que je suis écœurée du sucré, ça se complique, je tire un peu plus sur la corde en essayant de maintenir l’allure tout en sachant que sans m’alimenter, ça sera de plus en plus dur. Je passe le semi encore fraîche en 1h29m26, je suis dans le bon tempo, il n’y a plus qu’à tenir.

photo 4On passe Bastille, puis l’appréhension des tunnels ressurgit, un vague souvenir désagréable de mon premier marathon à Paris, je l’affronte plutôt pas mal, les 5 kilomètres sur les quais défilent assez bien même si je sens que mes cuisses commencent à se contracter fortement à chaque relance en montée.


L’ambiance est toujours formidable, je croise beaucoup de personnes de la SAM qui servent de « pacer » pour  les autres coureurs du club. C’est une vraie chance d’avoir quelqu’un dans les moments difficiles. D’ailleurs heureusement qu’Antoine est à mes côtés car je craque au 34ème kilomètre avant la montée d’Auteuil et je m’arrête en lui disant « j’arrête, je n’y arrive plus »….

photo 3Pas plus de quelques secondes de réflexion, et je repars sans rien dire à petites foulées… Il faut manger le « mur » ! là, je l’ai pris de plein fouet ! C’est la première fois que je suis confrontée « au fameux mur tant redouté des coureurs ». Je comprends maintenant ce que c’est et si on n’a pas le mental, on arrête c’est certain. J’encaisse, je ralentis, je passe de 4’15 à 4’35 au kilomètre, je vois les 3h s’envoler… mais Antoine me motive, m’encourage de toutes ses forces même s’il voit que c’est compliqué pour moi.

photo 2Je ne lâche pas, je m’arrête pour boire toutes les 5 minutes, je perds encore des secondes et des secondes. Au 38ème , un de mes copains de la SAM me double, j’essaye de l’accrocher mais les jambes sont contractées, mon cardio est dans le rouge, je ne peux pas le suivre…. Il finira en 2h59m45s …. Et moi, une minute après ! Quand on n’a plus les jambes, on a encore la tête, encore faut-il qu’elle accepte la souffrance !

J’ai beaucoup appris aujourd’hui. La route est encore longue mais il ne faut rien lâcher pour y arriver. Je vous ai raconté le marathon vécu de l’intérieur car je n’étais pas aussi bien que sur les autres courses où je profitais de l’ambiance festive, des paysages, et des supporters… ça restera une belle course pour l’objectif des 3h atteint mais j’aurai aimé mieux le vivre et vous le faire partager autrement. A la prochaine et cette fois-ci avec plus de joie, promis !!!!

photo 1J’en profite pour remercier tout le monde au passage, vous avez tous cru en moi (Agnès et toute la team de Team Outdoor, mon club, mes amis et ma famille, j’ai reçu des milliers d’encouragements et ça me fait bien plus plaisir que le chrono !


Chrystelle – 3.00.44