Mascareignes 2023 – La course du cœur par Antoine Davost #TeamOutdoorPoli
Il y a 2 ans, je bouclais la Diagonale des Fous, un peu malgré moi et dans un temps bien loin de mes espérances. Malgré la fierté d’avoir fini mon premier ultra, l’envie de revenir pour faire mieux prédominait à mon retour en métropole. Cela dit refaire le grand raid n’était pas un désir immédiat, bien conscient de la difficulté de préparer une épreuve pareille en habitant Paris. J’ai donc fait le choix de m’aligner sur la Mascareignes, 72km, 4000m de D+, 5000m de D-. Le tirage au sort m’ayant été favorable, me voila vendredi 20 octobre à 1h du matin sur la ligne de départ au côtés des coureurs élites et des nombreux locaux donc l’index UTMB ne reflète pas vraiment la connaissance du terrain
Tout les ans, des traileurs réunionnais remplissent le top 10 de cette course exigeante et si différente de nos trails métropolitains.
J’en ai conscience et ayant fait la reconnaissance du parcours, je sais que je peux viser au mieux 9h15/9h30 de course à condition d’être régulier et de partir calmement. En effet, la Masca c’est aussi une course d’élimination, parmi le top 10 du premier check point, on trouve toujours le vainqueur mais aussi une majorité d’abandons
Je pars donc très prudemment de Hell Bourg direction la Pleine des Merles puis le Sentier Scout, en mode quasi rando, et pointe ainsi vers la 30e place après 18km de course. C’est loin mais dans mes temps de passage prévu.
J’ai alors la chance de partager toute la section jusqu’à Aurère avec Loic un coureur normand installé depuis 10 ans à la Réunion. Il me guide sur la descente dans Mafate, ce qui n’est pas du luxe de nuit sur un terrain roulant mais piégeux. Au ravito suivant, je prends le temps de changer de T-Shirt, celui de la course, obligatoire en début et fin de course n’est vraiment pas respirant, et c’est avec plaisir que je perds quelques minutes pour passer mon Berko Team Outdoor Poli
Entre Aurère et Deux Bras, je croise Mathieu Simon, grand favori de la course qui s’est malheureusement fait la cheville, les sentiers de Mafate ne permettant aucune erreur
J’atteins la Rivière des Galets après 4h15 de course, un peu plus qu’espéré mais dans les temps pour les 9h30 de course et surtout peu entamé physiquement ! J’espère remonter pas mal de monde sur la portion suivante, la montée de Dos d’âne
Et pourtant ! Malgré une belle ascension en 1h (pas loin des temps du vainqueur l’an passé…), je ne grappille qu’une petite place
Mentalement c’est dur, j’espérais vraiment passer en mode remontada et j’ai l’impression que c’est mal embarqué. Ce que je découvrais plus tard, c’est que beaucoup de coureurs ont abandonné au fil de la course et je sors en réalité de Mafate dans le top 20.
J’essaye tout de même de positiver, sachant que la fin de course peut vraiment m’être favorable. Cependant je me suis un peu amoché le pied gauche sur la première descente et mes appuis ne sont pas sûrs. Je perds du temps sur les portions techniques comme le sentier Kalla. A priori moins que d’autres traileurs puisque j’intègre le top15 à la Possession à moins de 20km de l’arrivée.
La dernière portion, je l’ai faite plusieurs fois à l’entraînement et je sais qu’en ne craquant pas je peux encore viser les 9h30, voire mieux ! En me dirigeant vers le chemin des Anglais, j’ai de bonnes jambes, je dépasse même 2 coureurs sur les 1,5km de plat suivant le ravito. Le moral est bon et j’espère faire une grosse fin de course.
La première portion des Anglais se passe parfaitement, j’ai du rythme, je relance dès que je peux et je grappille une nouvelle place. A Grande Chaloupe, je suis 12e, mais je ne le sais pas… Je n’ai vraiment pas croisé grand monde depuis … Aurère, à peine 4/5 coureurs. Mentalement ça devient dur et je commence à gamberger : est-ce que ma stratégie était la bonne ? aurais-je du partir plus vite ?
Même apres la course je n’ai pas de réponse définitive, que des pistes, mais ces quelques kilomètres d’hésitations me coûtent probablement ma fin de course puisque je néglige alors un peu mon hydratation et ma nutrition. Et au pire moment car le soleil tape fort sur la montée vers le Colorado !
Je parviens à remonter un nouveau concurrent dans les pentes sableuses de cette dernière montée. Mais à ma grande surprise, il s’accroche à moi puis me re-dépasse peu après ! En fait j’ai commencé à bien ralentir et pour cause… je suis à sec, déshydraté probablement. Une pause pipi me confirme cela
On passe en mode survie. Je bois un maximum mais le mal est fait et ça devient impossible de relancer sur le plat et les descentes sont douloureuses.
Je n’en ai pas conscience mais je quitte le dernier check point dans le top10. J’ai dépassé un coureur à l’arrêt au ravito, mais sans le savoir, je me crois alors 11e comme me l’a dit un spectateur avant le Colorado. J’entame la descente sans motivation ni ambition autre que de passer sous les 10h. Le minimum syndical que je m’étais fixé
Cette dernière descente est longue… J’avance pas et je perds tellement de temps que je crains pour cet objectif minimum. 45mn plus tard, j’atteins la route et quelques secondes après un coureur me dépasse, je suis incapable de lui disputer un sprint et, me croyant passer de la 11e à la 12e place, je m’en fiche un peu Dommage je viens de rater le top 10 .
Peu importe, je termine cette Mascareignes en 9:55:07, satisfait d’avoir fini en moins de 10h, conscient de ce qui peut être amélioré mais un peu déçu globalement. Devant moi, que des locaux ! La Réunion est décidément une île à part pour le trail, probablement pas mon terrain de prédilection mais malgré tout un superbe spot de course
J’y reviendrai sûrement ! Mais pour le moment repos… enfin presque : quelques heures après l’arrivée je retourne sur le sentier de Dos d’Âne, en pleine nuit pour accompagner quelques kilomètres mon frère, Ghislain, qui finit son relai dans Mafate après 13h de course! Lui, ma sœur et ses amis Cindy et Sophie seront finishers du Zembrocal !! Tellement fier d’eux, Camille a débuté le trail il y a 1 an et Ghis revient de 6 mois de blessure : énorme !
Le Grand Raid, c’est décidément une course à part
Antoine