Le Grand Trail des Templiers par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Poli
Grand Trail des Templiers – 76.4km – 3550mD+ – Dimanche 23 octobre 2016
par Jonathan DUHAIL, Team Outdoor Poli
Cette année, avec Agnès, nous avons tous deux retenu l’objectif des Templiers pour la fin de saison. De mon côté, c’est la troisième fois que je prendrais le départ de cette course puisque je l’avais déjà courue en 2013 et en 2014. J’avais fait l’impasse l’année dernière et cela m’avait quand même bien manqué. Dès le mois de février, nous nous inscrivons, Agnès sur l’Endurance Trail (100km et 4900mD+) et moi sur le Grand Trail. Nico et plusieurs gars de notre association Accrorun se sont aussi inscrits. Antoine, notre coéquipier du Team Outdoor Poli sera également au départ de l’Endurance trail. Caroline, notre invitée Team 2016 s’alignera sur le Marathon des Causses. On devrait donc se retrouver quelques-uns sur place le jour J.
Nous avions prévu une semaine de vacances à Millau afin de reconnaitre quelques portions du circuit. Enfin, c’était surtout pour Agnès, puisque je connais pas mal le terrain maintenant. Manque de chance, ma petite femme fait une intoxication alimentaire qui la clouera quasiment 3 jours au lit. Ce sera quand même l’occasion de se faire le Chrono Pouncho et de rejoindre Millau en passant par la grotte du Hibou.
Pour autant, le reste des vacances sera plus propice à de belles séances d’entrainement en montagne. Plusieurs courses au programme également avec les Championnats de France de Trail Court pour moi et le Championnat de France de Trail Long pour Agnès. Elle a également couru le Grand Trail du Sancy : 60 km pour clôturer sa plus grosse semaine de préparation pour l’Endurance trail. Tout s’est bien déroulé pour nous deux. Je suis vraiment content qu’Agnès puisse recourir sans douleur même si sa jambe reste très sensible.
De mon côté, suite aux Championnats de France, j’ai observé une semaine de coupure totale. Puis, je me suis remis à l’entraînement en allongeant les distances afin d’avoir les 76km dans les jambes après une saison uniquement axée sur du court.
Après quelques galères qui ont bien failli nous faire tout annuler, nous arrivons finalement à Millau le jeudi à 11h00. Nous partons courir directement, Agnès pour faire un petit footing de veille de course sur lequel je l’accompagne. Je continue ensuite en montant sur le Causse Noir pour profiter un peu du plaisir de parcourir ces sentiers magnifiques. Quel bonheur d’être de nouveau à Millau !
Le point négatif c’est qu’Agnès n’est pas du tout en confiance pour sa course. Elle est dans la mauvaise période du mois comme pour les France de Cross, Wings for Life, … Je sais que ça risque d’être mission impossible pour elle. Peu confiante, elle décide tout de même de prendre le départ pour ne rien regretter, et puis comme elle dit « On ne sait jamais … ».
Vendredi – 2h00 : le réveil sonne après une nuit courte… Je vois vite qu’Agnès n’est pas au top mais j’essaie de la booster. On part vers 3h30. Il fait 0°C dehors. Je suis habillé comme en plein hiver, avec gants, bonnet, gros manteau, … Agnès, elle, a opté pour le court : short et tee-shirt, avec des manchettes. Après un rapide échauffement, elle part se placer sur la ligne de départ avec les 1300 concurrents de l’Endurance Trail. A 4h15, la musique d’ERA retentit et le peloton s’élance. Mon émotion à l’écoute de cette musique est toujours aussi intense qu’en 2013 lors de mon premier départ des Templiers. J’aimerais tant que la journée se passe bien pour ma femme, d’autant plus que je sais que côté entraînement, elle est prête, avec de belles séances enchainées ces deux derniers mois.
Après avoir regardé plus de la moitié du peloton partir, je décide de partir pour Rivière-sur-Tarn où je dois retrouver ma belle pour le premier ravitaillement au 18ème km. Entre le départ et ma voiture, je croise plusieurs coureurs au sprint pour essayer d’arriver à temps pour le départ… Il y en a quand même un qui y va tranquillement en marchant en disant que de toute façon il a 100km pour rattraper les gens partis avant lui ;)
J’arrive au ravitaillement vers 4h45. J’ai donc le temps de voir où va se situer la zone de ravitaillement perso. Puis, je retourne dans ma voiture car il fait toujours aussi froid et les premières femmes ne devraient pas passer avant 6h00 environ. J’essaie de dormir un peu mais entre le froid et le fait que je pense à Agnès qui n’en menait pas large au départ, je somnole juste un petit peu. Ma montre sonne vers 5h45 au moment où passe le premier coureur à côté de ma voiture. Au ravitaillement, les tables ont été prises d’assaut par de nombreux suiveurs, mais je trouve quand même un petit coin pour m’installer. Antoine arrive en 10ème place environ. Il a l’air bien et lucide.
A 6h02, les deux premières femmes arrivent ensemble et se ravitaillent avec leurs suiveurs. Puis, arrive la 3ème à 6h03 et ensuite Agnès en 4ème place à 6h07, soit 5min de la tête. Elle est à la limite des larmes et m’annonce d’emblée qu’elle arrête, que ça ne sert à rien d’aller plus loin. Lorsque je lui annonce qu’elle n’est qu’à 5min des premières, son esprit de compet reprend momentanément le dessus et elle repart. Mais, finalement elle m’appelle 2 minutes plus tard pour me dire qu’elle vit un calvaire et qu’elle préfère arrêter.
Je suis évidemment très déçu pour elle quand je sais comment elle s’est investie dans la préparation de cette course malgré un emploi du temps pro très intense. Je l’ai vue se lever à 5h du mat’, mettre son vélo dans la voiture pour se rendre au magasin aux aurores et rouler ses 45 kilomètres à la boucle. Ou se répéter 12 fois la même côte pour aller chercher ses 1000m de D+ avant de partir au boulot…
On débriefe sa course sur le chemin du retour en voiture. Ce n’est pas le gros moral mais elle ne pouvait pas courir en descente et pas s’alimenter. Retour à l’appartement pour essayer de dormir un peu après une bonne douche chaude.
Vers 14h00 Agnès me propose d’aller voir Antoine au Cade. C’est vrai que c’est sympa, mais j’ai pas envie qu’elle soit encore plus dégoutée en voyant tous ces gens courir. Elle me garantit que ça lui fait plaisir d’aller encourager Tonio. On rejoint donc le dernier ravito au 94ème km puis on va se placer au sommet de la côte, pour bien profiter du passage des coureurs.
On voit passer plusieurs coureurs que l’on connait et on les encourage à fond : Stéphanie LIEBART, Jean-Michel PONCET de l’UA VERSAILLES et Sylvain PERRIN, un des organisateur du Maxicross de Bouffémont qui finira l’Endurance Trail à une magnifique 6ème place. Peu avant 15h30, Antoine apparait dans la montée à la 10ème place ! Le beau gosse pose pour les photos en enlevant ses lunettes ;)
On part en même temps que lui pour aller l’encourager dans la dernière descente au croisement avec la route qui redescend sur Millau. Les deux bénévoles postés là sont de vrais phénomènes et débitent des conneries en continu pendant les 20min qu’on a passées avec eux… Quand Antoine arrive, on le booste à fond car il n’est pas loin de réaliser son objectif de finir dans le top 10 en moins de 12h ! Il finit finalement 11ème en 12h04. A 4min près, l’objectif était rempli : c’est pas grave Antoine, ça fera une occasion de revenir l’an prochain :)
Samedi, petite sortie de veille de course ! Malgré le bide toujours pas au top, Agnès décide de faire le Chrono Pouncho tranquille : c’est une montée sèche de 2.6km et 480mD+ pour monter sur le Causse Noir en utilisant la fameuse montée du Pouncho d’Agast (dernière montée des Templiers vers l’antenne). Un challenge est organisé entre le 20 octobre et le 20 novembre et Agnès compte bien aller essayer de faire un chrono le lundi une fois que ça ira mieux !
Aujourd’hui c’est donc une reconnaissance du parcours que nous effectuons ensemble. Le chrono n’est pas mauvais du tout et ça s’annonce plutôt pas mal pour le lundi. Lors de la redescente, je rentre vers Millau et j’oriente Agnès vers Massebiau pour qu’elle remonte par la montée du Cade avant de rentrer. Je la laissera là et je fini quand même par 10min plus rapides pour bien délier les jambes.
Nico arrive à l’appartement peu avant qu’Agnès ne rentre. Petit repas à 15h de l’aprem puis c’est l’heure de la sieste. Pas trop longue pour réussir à dormir quand même la nuit prochaine. Je dors donc 45min et Nico 2h30, on ne l’aura pas vu beaucoup :) !!!
A 18h15 je vais le réveiller car le mec n’a toujours pas récupéré son dossard !! Nous nous rendons également sur place afin d’essayer de récupérer un pass de manager TEAM qui permettra à Agnès de nous faire l’assistance sur tous les ravitos. Nous aurions du passer le matin mais nous avons finalement le fameux pass ! Après le repas, je briefe Agnès sur le positionnement des ravitaillements et sur les trajets à effectuer avec le GPS. 23h, c’est l’heure d’aller se coucher.
Dimanche, lever 3h00 ! Ça fait déjà une heure de sommeil de plus que vendredi… J’ai pas passé une super bonne nuit, mais je me sens pas non plus en mauvaise forme. On prend un petit déjeuner avec Nico, puis on va se recoucher jusqu’à 4h15. Ensuite préparation des flasques avec la boisson Eafit.
Ce qui est bien sur ce trail, c’est qu’au niveau matos obligatoire on est tranquille : il n’y a rien à prendre. Les seules choses obligatoires sont la frontale et 0.75L de boisson. Ça change du TTN où sur certaines courses de 30km on devait emmener sa maison sur le dos. Du coup je pars plutôt léger avec mon sac Ultimate (http://www.team-outdoor.fr/accessoires/4266-sac-ultimate-direction-to-race-vest-3-0-graphite.html) qui ne me quitte plus.
Je prendrais juste deux flasques de boisson Eafit que je changerai à chaque ravito grâce à Agnès ainsi que deux barres Eafit. Niveau tenue, ce sera du classique avec le short CAIRN et le Tee-Shirt Poli, les chaussettes Thyo. Vu qu’il fait plutôt bon ce matin, pas besoin de manchettes ou de gants. J’ai choisi de mettre les mêmes chaussures qu’au Championnat de France de Trail, des New Balance VAZEE SUMMIT. J’ai quand même une légère appréhension vu qu’elle sont très justes en longueur.
A 5h25 on quitte la maison avec Nico. Agnès part directement au premier ravito pour éviter l’affluence au départ. Nous partons donc vers le départ en trottinant et en remontant le flot de coureurs qui s’y dirigent aussi. Sur le chemin, on croise Romu qui sera sur les ravitos aussi pour suivre Thierry BREUIL. Il a de son côté cartonné sur le Marathon des Causses en signant une belle quatrième place.
Après un petit échauffement puis quelques gammes, on rentre dans le SAS Elite. Malgré les championnats du Monde de Trail qui ont lieu samedi prochain, il y a du beau monde cette année encore. En regardant la liste des favoris on y apparait en 30ème position environ Nico et moi… Il va pas falloir se rater si on veut faire top 10. En première ligne, je retrouve Vincent VIET, Julien RANCON, Cédric FLEURETON, Sébastien SPEHLER, …
Peu avant le départ, Gilles BERTRAND, l’organisateur prend la parole comme tous les ans. C’est une sensation que je n’ai pas encore ressentie sur une autre course, mais à chaque fois avant le départ je ressens une vraie plénitude et une vraie joie d’être là. La magie continue avec la musique qui se lance et la dernière minute avec le décompte. Les flambeaux s’allument et on peut enfin se mettre à courir au rythme de la musique. Je me sens porté et je pense à ma femme qui est sans doute déjà à Peyreleau en train de nous attendre. J’ai envie de faire une belle course pour lui faire oublier sa déception. Je ne vois pas Nico mais on va sans doute vite se retrouver.
Les années précédentes, j’étais toujours parti prudemment. Cette année, étant donné que j’ai couru toute l’année des trails courts, je sais que j’ai assez de vitesse pour partir devant. Du coup autant se faire plaisir et partir sans trop réfléchir, on verra bien si ça tient. Je me retrouve donc sur la première partie plate dans le groupe de tête en étant plutôt à l’aise.
La première côte à Carbassas arrive assez rapidement. Lorsque la pente devient très raide, je marche. Il n’y a pas tant de monde que ça devant. Je me retrouve ici avec Thibaut BARONIAN. Arrivés au sommet, on revient sur Xavier THEVENARD, puis on remonte assez rapidement sur le groupe de tête (à part le japonais parti très fort). On est un groupe d’une vingtaine de coureurs et le rythme me convient bien : je n’ai pas l’impression de forcer plus que ça.
La première descente arrive assez rapidement et nous arrivons à Peyreleau au 23ème km où je retrouve Agnès. Je m’arrête changer mes flasques et boire un verre de coca. Je pointe à la 19ème position en repartant. Agnès me demande où est Nico mais je n’en sais rien. Il est en fait passé 8min30 après moi environ. Agnès est restée plus de 12 minutes mais elle ne l’a pas vu dans la nuit avec les frontales des coureurs arrivant pleine face.
Tout de suite après le ravito, je fais une pause technique. Je ne repartirai pas avec le groupe de tête ! Tant pis, je vais faire ma course à partir de maintenant. Je repars donc en compagnie du grec Dimitrios THEODORAKAKOS et de l’anglais Ricky LIGHTFOOT sans savoir que ce sont eux. On fait la montée ensemble puis arrivés en haut, avec le grec, on se détache. A ce moment j’ai un petit mal de ventre, donc je décide de faire une seconde pause technique…
Le jour est désormais levé. On peut enfin profiter des magnifiques paysages du Causse Noir sur lequel on évolue alors. Au croisement avec la route, j’ai le droit aux encouragements de Benjamin BELLAMY avec qui j’avais pas mal couru aux Championnats de France. Malade, il n’a pas pris le départ aujourd’hui. J’aperçois également Fred BOUSSEAU qui suit la course pour Trail Endurance : il m’annonce à deux minutes de la tête.
La partie qui mène à Saint-André-de-Vézines est très agréable et passe assez vite. On court sur des petits singles qui se courent bien. J’arrive en 17ème position au ravitaillement, toujours avec le grec. Nous sommes pointés à 4min de la tête. Agnès est là, fidèle au poste. Elle a tout préparé. Je bois un verre de coca comme d’hab, je change les flasques et je repars.
La portion suivante est vraiment magnifique. Cependant, il faut rester concentré car le terrain devient un peu plus technique. Dimitrios me lâche dans chaque descente mais je le rattrape dans les portions plates ou montantes. Pourtant, je reviens sur lui dans la descente de La Roque Sainte Marguerite. Je lui demande si tout va bien : « Are you OK ? », bah oui je sais aussi parler anglais ;) !!! Il me répond qu’il n’a plus trop d’énergie mais rien de grave. Je repars donc et continue ma course. Je passe à La Roque en 16ème place à 8min de la tête de course ! Ça ne rigole pas devant !! De très nombreux spectateurs sont là pour nous encourager : c’est vraiment une ambiance de dingue sur ce trail.
La montée vers Pierrefiche passe très bien : j’alterne marche et course comme d’habitude. Je me retrouve en haut plus vite que je ne l’aurai pensé. On arrive donc au sommet du Larzac, avec bientôt 50 kilomètres de course dans les jambes : il va falloir tenir maintenant !
Je retrouve Agnès pour le 3ème ravito à Pierrefiche, toujours en 16ème position. Elle me racontera après que c’était tendu pour venir ici à temps en ayant fait le ravito de Nico à Saint André. Elle avait même confié mon ravito à un ami à elle, le manager du Team OPTISPORT, Matthieu, qui a gentiment accepté de prendre le relais au cas où elle n’arriverait pas à temps ! Mais, elle est là !
Changement de flasques, je reprends une barre dans le sac et lui demande des nouvelles de Nico. Elle me répond que pour le moment, il est loin et que je dois faire ma course. Elle me fait aussi remarquer que depuis le départ je ne bois pas assez. Les flasques que je lui rends sont toujours à moitié pleine ! Je ne m’en étais pas vraiment rendu compte. Espérons que j’ai bu quand même assez car il y a 20km jusqu’au prochain point d’eau. Je repars du ravito avec deux morceaux de banane et sous les encouragements de ma chérie, ça fait plaisir :)
Je commence à me demander quand est-ce que je vais reprendre du monde ! Ils sont quand même 15 devant et j’espère bien qu’à un moment ou à un autre ça va péter. Environ 1km après être reparti, je rattrape Rui EDA, le japonais qui est parti comme un fou au départ. Je sens que ça devient difficile pour lui. Ça fait quand même plaisir de doubler enfin quelqu’un !
Depuis le départ j’appréhendais un peu cette portion de course sur laquelle il faut courir sans cesse sur des chemins beaucoup plus techniques que ceux de la première partie. Et puis physiquement, je sens que cela devient dur côté musculaire. Je suis dans l’inconnu depuis 15 bornes côté kilométrage, n’ayant pas dépassé les 37 kilomètres de course cette année. Je relance quand même quand je peux et je reprends Thierry BREUIL qui semble aussi accuser le coup. On s’encourage mutuellement et je continue mon chemin.
Alors que depuis un moment je me focalise sur ce qui se passe devant, j’entends un coureur revenir de derrière : c’est Lambert SANTELLI qui remonte très fort. Il me double et m’encourage et trace sa route ! La différence de rythme est impressionnante, je n’envisage même pas d’essayer de m’accrocher !!! Il arrivera à Massebiau 7min avant moi et finira la course en 10ème position. La suite de cette portion est très jolie mais je n’en profite pas autant que je l’aurai voulu. C’est de plus en plus dur musculairement et j’attends la descente vers Massebiau avec impatience.
Je double encore deux concurrents – Clément MOLLIET et Mario OLMEDO – et repasse donc en 13ème position. Avant d’entamer la descente, j’effectue encore un arrêt pipi puis j’essaie de ne pas perdre trop de temps jusqu’en bas. Je ne connaissais pas cette descente, mais elle est bien moins raide et bien plus longue que celle de 2014. Du coup j’ai l’impression de ne jamais arriver à Massebiau. Enfin, au bout d’un long moment, je vois le pont qui traverse la Dourbie, qui annonce la remontée vers le Cade.
Beaucoup de monde à Massebiau, comme tous les ans ! Agnès n’a pas souhaité faire le déplacement car le suivi a été assez stressant jusqu’alors pour notre assistance à Nico et moi. De toutes façons, ici l’assistance n’est pas autorisée. Je fais une pause pour remplir mes flasques au point d’eau. Elles sont toutes les deux entièrement vides… Romu est là et me demande si tout va bien. Je galère un peu à les ouvrir et pendant que je les remplis, Fabien ANTOLINOS et Eric MBACHA reviennent sur moi.
On repart tous les trois sur les premières pentes dans le village en marchant. J’ai beau ne pas être au mieux, je sens que dans la côte ça va à peu près. Dès que je peux, je relance en trottinant sur les portions un peu moins raides. Fred BOUSSEAU est encore là et nous encourage. Eric et Fabien ne suivent pas et je me retrouve de nouveau seul.
A mi-montée, une crampe derrière la cuisse me stoppe net. Je m’arrête 20sec pour étirer avant de repartir. C’est la première fois que j’ai des crampes en course !!! Malgré tout, mes poursuivants ne reviennent pas et je peux continuer à mon rythme en faisant attention de ne pas trop forcer. Ces sentiers sont vraiment grandioses et le panorama est superbe. C’est vraiment un plaisir d’être là même si ma tête sur les photos ne dit pas forcément la même chose :) Arrivé en haut, je relance jusqu’au dernier ravito à la ferme du Cade. Jaouad court quelques mètres avec moi et va prévenir Agnès que j’arrive.
Je m’assieds sur la table sur laquelle Agnès est installée et là je me fais pourrir : « Tu ne t’assieds pas, tu te ravitailles et tu repars direct, c’est mort !! » Je mange et je bois tout ce qu’elle me donne : les deux demi bananes qu’elle est allées chercher au ravito en m’attendant, la pompote qu’elle me donne, une barre EAFIT. Je vide entièrement la bouteille d’eau gazeuse qu’elle avait amenée, …. Elle me dira ensuite qu’elle était à partager entre Nico et moi ! Elle me dit également que devant c’est loin et m’annonce que Nico, qu’elle suit sur le live, fait une remontée de fou et qu’il ne devait pas tarder à être sur mes talons. Agnès a l’air congelée. Je repars sous ses encouragements non sans m’être arrêté au ravitaillement pour me siffler deux verres de Saint Yorre !!!
La fin du parcours est très dure avec ses deux descentes techniques et sa montée du Puncho. Je n’arrive plus trop à avancer en descente : les crampes ne sont pas loin et les bouts de mes pieds me font mal. Les chaussures limites au bout ce n’était pas une bonne idée sur 76km. Dans la descente pour rejoindre le Pouncho, alors que je fais avec les moyens du bord, j’entends que ça descend fort derrière moi… Je sais tout de suite qui est derrière moi ! Nico me passe en trombe ! On s’encourage mutuellement et au bout de 30sec il a disparu de mon champ de vision.
Toute la partie montante du Pouncho ne se passe pas trop mal, même si il y a beaucoup de vent. Il faut ensuite de nouveau basculer dans la dernière descente. Passage habituel dans la grotte du Hibou. Je croise Agnès à la dernière traversée de route : elle m’encourage comme une folle à ne rien lâcher. Ça fait du bien et je relance autant que possible. Enfin, j’arrive sur la partie finale plus roulante et j’entends le speaker, ça sent la fin.
C’est toujours la même émotion de franchir la ligne d’arrivée de cette course hors norme. Je finis en 7h26min56sec, 6min derrière Nico qui me prend 6min en 6km le bougre ! Et 40min après Miguel HERAS le vainqueur de cette édition 2016.
De mon côté j’ai tout donné pour arriver au bout et j’ai les jambes vraiment dans un sale état. J’ai besoin de m’assoir. On doit quand même monter sur le podium pour la 11ème à la 15ème place, avec dans l’ordre Pablo VILLALOBOS BAZAGA, Julien RANCON, Nicolas DUHAIL, Jonathan DUHAIL et Fabien ANTOLINOS. A noter la très belle perf de Thibaut BARONIAN et Vincent VIET qui terminent à la 6ème place.
La fin de journée est consacrée au debriefing de la course avec Nico et Agnès. Elle nous raconte ses galères pour nous suivre sur les ravitos. Déjà que c’est pas facile de suivre un coureur, mais deux qui sont à 15min d’écart, c’est vraiment la merde. Nico repart en covoiturage à 17h30, tandis que nous restons une journée de plus sur Millau pour profiter un peu du coin.
Le lendemain matin, c’est parti comme prévu pour Chrono Pouncho !! De mon côté, j’ai les jambes déchirées au réveil, donc je laisse Agnès aller s’échauffer à son rythme. Je trottine tranquillement jusqu’au départ. Je fais quelques étirements et elle m’y rejoint peu de temps après. Le problème ce matin c’est qu’il y a un vent de fou avec des rafales à plus de 100 km/h ! On part pour une première tentative. Agnès est devant et impossible de m’accrocher. Je la suis à distance et finalement au bout d’un kilomètre, elle s’arrête à cause du vent qui nous barre littéralement la route.
On redescend et je lui propose de me mettre devant elle pour la protéger jusqu’à entrer sur les chemins là où ça devient plus abrité. Les jambes vont de mieux en mieux et je peux emmener Agnès pendant le premier km lors de la deuxième tentative ! Arrivés dans le single, elle repasse devant et tout de suite je me fais déposer.
Je la retrouve en haut 20min plus tard environ. Elle a le sourire et a fini en 26min environ. Ça fait du bien de ne plus la voir souffrir ! La descente sera faite en partie par la route en partie par les chemins de l’autre côté du Causse… Je mentirais si je disais que ça a été facile !! Le vent nous stoppe net par endroit. Allez, c’est l’heure de faire les bagages pour rentrer sur Paris…
- Déçu pour ma femme que ses soucis l’empêchent à nouveau de se faire plaisir.
- De mon côté je suis à moitié satisfait de ma course : je suis enfin passé sous les 7h30 alors que le parcours est un peu plus long. Mais je ne fais pas de top 10 et puis la fin de course n’a pas été une partie de plaisir. Il va falloir travailler l’alimentation en course sur du long. Après, c’était aussi compliqué de préparer les Templiers alors que les France de Trail court étaient placés début septembre.
Merci à ceux qui ont pris le temps de tout lire !!
Et merci encore à notre suiveuse de choc qui a réussi à faire les ravitos sans aucun souci.
Jonathan