Merci au marathon de Sauternes, par agnès HERVE


Marathon de Sauternes (33), dimanche 24 mai

par agnès HERVE, Team Outdoor Paris


1. La Préparation

120Cela faisait un petit moment que je voulais refaire un marathon. Besoin de retrouver cette sensation de liberté que l’on a quand on court sur la route sans sac, sans bidon, juste avec son chrono et ses chaussures. Le marathon étant pour moi l’épreuve la plus difficile qui existe en course à pied, si particulière, si intransigeante, j’avais envie, 8 ans après de me relancer ce défi des 42.195 kilomètres. Initialement, ce marathon était planifié pour le 19 avril avec Jonathan comme accompagnateur. Mais des soucis de santé ont quelque peu bouleversé le début de l’année 2015 en terme d’entraînement. C’était plutôt du genre, 1 semaine d’entrainement à 3/4 séances puis 15 jours de repos forcé avec une seule sortie hebdomadaire de 45 minutes, histoire de… Et comme ça, jusqu’au 28 mars. Du coup, cela faisait également trop court pour préparer le marathon de Sénart qui avait lieu, comme tous les ans, le 1er mai. C’est dans ces circonstances que le cap fut mis sur le marathon de Sauternes.

133Ce marathon a une saveur toute particulière pour Jonathan qui l’a, en outre, remporté l’année dernière. Et je comprends encore mieux pourquoi aujourd’hui. C’est Xavier PLANTY, le beau-père de son meilleur pote Eloi, qui en est l’organisateur. Ce grand homme est, en plus, le gérant du Château GUIRAUD d’où est donné le départ. Et comme vous l’a dit Jonathan juste au-dessus, c’est sous les couleurs de son château que nous courrons, Nicolas, Jo et moi. En effet, en plus d’être un marathon magnifique, Sauternes offre la possibilité à ceux qui le souhaitent de courir sous les couleurs des différents châteaux que l’on traverse : Château de la Tour Blanche, Château Climens, Clos Haut Peyraguey, Domaine de Carbonnieux, Château Rabot Promis. A noter que la spécificité du Château GUIRAUD, en plus d’être celui que nous représentons ce matin-là, est le seul qui offre une production BIO. Avec de très très belles choses qui ont été entreprises pour respecter la faune, la flore et les différents écosystèmes concernés.

14Côté entrainement, la prépa fut un mélange de séances classiques d’une préparation marathon – comme la dernière séance à J-15 faite de 1h d’échauffement à 11/12 km/h et de 2×40 minutes à allure marathon suivies d’une récup de 20 minutes à 11 km/h, le tout entièrement sur bitume – et de séances plus originales comme la course en duo du Contre la Mon’Trail à Cernay-la-Ville 15 jours avant l’échéance. Deux petites courses également faites au seuil : la Ramboli’TEN, le dimanche 26 avril, et les Foulées de l’Amitié, vendredi 1er mai. De quoi rassurer sur l’objectif que je me fixais. Au vu de ces séances, je savais avoir la forme requise pour passer les 3h05 au chrono sur marathon.

Pourtant, l’objectif à Sauternes était moins le chrono que la victoire. Je savais par Jonathan que Xavier avait déjà commencé à brancher un peu tous les régisseurs des châteaux en annonçant notre venue à Nico, Jo et moi… De plus, d’après Jonathan, Sauternes présentait tout de même une belle côte d’un peu plus d’un kilomètre. Vu que le reste du parcours était plat – enfin de ce que mon cher et tendre m’en avait dit… – je tablais donc sur une moyenne de 13.3 km/h (4min30 au kilo en moyenne) qui me permettait d’aller chercher les 3h10. Après une brève étude de la liste des inscrites, je savais que la gagne devrait se jouer dans ces eaux-là. Mais, comme chacun sait, une course, et encore moins un marathon, n’est jamais gagnée à l’avance ! Surtout que la triple lauréate de Sauternes, Christine MAYONNADE, sera au départ cette année encore. Christine, qui remporta l’édition 2014 en 3h12, est une marathonienne expérimentée, puisqu’elle court 4 à 7 marathons par an depuis quelques années. Elle signe une quatrième place au marathon du Médoc en 2014 en plus de sa victoire au marathon de Sauternes en 3h15 l’an passé. Elle a presque une vingtaine de courses déjà bouclées en 2015 dont trois marathons entre 3h11 et 3h19. Même avec ma belle forme du moment, il ne faudra pas se louper donc !

 

  1. L’avant-course

P1280664Je ne reviendrais pas sur notre arrivée et l’accueil plus que chaleureux qui nous a été réservé au gite que Jonathan avait loué pour ce long week-end. Ni sur l’accueil non moins chaleureux que nous a offert la famille PLANTY le vendredi soir quand nous sommes allés diner chez eux. J’ai vraiment rencontré des personnes formidables et passé une excellente soirée. Petits et grands étaient heureux et même la pression gentiment mise par Xavier pour que l’on remporte tous les deux le marathon ne me fit pas stresser plus que cela tellement on se sentait bien dans cette belle demeure ;) Cette sympathique soirée touchant à sa fin, on se donne rendez-vous le lendemain dans l’après-midi pour le retrait des dossards au château FILHOT.

Samedi 23 mai : J-1. Après une bonne nuit, on part récupérer Nico à la gare puis c’est l’heure de la demi-heure de veille de course. Depuis lundi, j’ai des petits soucis qui m’enquiquinent la vie coté rétention d’eau et circulation sanguine avec un mollet sans arrêt aux bords des crampes. Les filles comprendront la galère… Ça commence à me faire paniquer car ça n’a vraiment pas l’air de s’améliorer. C’est donc l’occasion de tester les sensations et de voir où en est le cardio. Finalement, ce n’est pas aussi pire que ce que je pensais : le cardio est haut mais ça reste raisonnable et le mollet droit, pourtant bien gonflé, semble vouloir se tenir tranquille. J’avoue que ça me déstresse un peu quand même. Allez, direction la douche, un bon repas de pâtes puis la sieste qui va bien !

P1280671Comme convenu, nous nous rendons tous les trois au château FILHOT pour le retrait des dossards vers 17h. Nous y retrouvons Eloi qui a déjà le sien en poche. J’aurais le plaisir de croiser Jean-Bernard et son épouse Jocelyne, présidents et fondateurs de l’association Marche Ta Forme, avec laquelle nous travaillons en partenariat pour la marche nordique depuis les débuts de Team Outdoor. On croise aussi Guillaume et Valessa. Guillaume courra également le marathon, Valessa sera une de mes supportrices de choc le lendemain ! Les dossards en poche, nous nous rendons ensuite au château GUIRAUD afin que je puisse découvrir le château sous les couleurs duquel je courrai le lendemain! Xavier nous y rejoint et nous propose une super visite de son domaine. Il nous explique les grandes lignes des démarches entreprises au domaine pour une production BIO. Moi qui suis passionnée de tout ce qui concerne la synergie entre la flore et la faune, je suis juste en admiration par tout ce qui est fait et surtout par tout ce que Xavier connait. Un très très bon souvenir.

P1280679Après avoir aidé à encaisser quelques bouteilles suite à l’arrivée de clients alors que nous étions dans le château fermé aux visiteurs à cette heure tardive, nous nous rendons à nouveau au château FILHOT pour essayer de trouver mon accompagnateur à vélo du lendemain. Pas d’accompagnateur vélo ici ce soir. Mais nous croisons le speaker de la course, également représentant du Château La Tour Blanche si je comprends bien. Ça chambre gentiment Château Guiraud / Château la Tour Blanche. Le speaker me parle alors de Christine MAYONNADE et toujours sur le même ton, je plaisante en disant que, de toutes façons, la stratégie est mise au point en ce qui concerne le château GUIRAUD. Rester dans les pas de Christine jusqu’au 30ème puis essayer, tant que faire se peut, de mettre une mine pour franchir la ligne d’arrivée en tête…

C’est vraiment une bonne idée ce classement châteaux. Ça donne un challenge supplémentaire et des petits chambrages sympas ! Après, ça c’est pour s’amuser un peu et faire semblant de mettre un peu de pression au château concurrent car, côté tactiquement parlant, je comptais plutôt faire ma course en me calant sur du 4min25 – 4min27 au kilo jusqu’au 35ème où est censée commencer la partie montante pour me laisser de la marge pour les 7 derniers kilos pour un 4min30 de moyenne au kilo… Allez, on arrête de se torturer les méninges, la course c’est demain sur le terrain qu’elle se fera ;) On rentre au bercail manger les pâtes qui vont bien et faire dodo avant le jour J.

 

  1. Les 10 premiers kilos

2_departJour J, 7h15. Nous voici sur les lieux. A la bourre comme d’hab!!! Perso, j’aime bien avoir le temps de me préparer et de m’échauffer tranquillement avant le départ d’une course objectif. Là, c’est un peu tendu coté timing! Du coup, j’essaie de rentrer dans ma bulle pour ne pas trop stresser et ne pas gêner les garçons avec tout ça. Mais je n’en mène pas large. Je ne sais toujours pas comment trouver mon suiveur à vélo pour lui donner mes bouteilles d’eau et coca. La voiture est loin du départ. Du coup, je n’ai pas trop eu le temps de m’échauffer et Jo non plus… Heureusement, Jonathan prend tout en mains, ce qui me permet de rester calme. Mais, du coup, il s’échauffera encore moins que moi !

On retrouve Eloi qui fait le marathon DUO, il nous amène à Xavier qui passe un coup de fil pour savoir qui va devoir me supporter pendant 42 kms ! Bref, à 5 minutes du départ, je fais la connaissance d’Alain et de son casque bleu. Je lui donne mes bouteilles coca et eau, et il file se positionner plus loin sur la route. Jonathan peut enfin s’occuper un peu de lui… A 1 minute du départ, je ne le vois toujours pas sur la ligne. Je salue Guillaume, puis Stéphane qui fait le marathon DUO aussi. Je repère facilement Christine. Elle est aux avant-postes. Le ton est donné !!! Jo apparait, comme par magie, à quelques secondes du départ. Soulagée de le voir, je peux alors me mettre en place. 5, 4, 3, 2, 1, c’est parti !

120Je sais que l’écueil, quand on parle de marathon, c’est de partir trop vite. Le marathon, sur ce point-là, ça ne pardonne pas ! De toutes façons, je vais pouvoir me fier à Christine, vu l’expérience qu’elle a, c’est une valeur sure ! … Sauf que, après quelques centaines de mètres, elle est déjà bien devant et je trouve que le rythme est déjà bien rapide. Je jette un coup d’œil à mon cardio… LA blonde ! Pas de données affichées ! J’ai oublié de mettre la ceinture ! Moi qui m’entraine au cardio depuis 2 mois lors de mes allures marathon pour être sûre d’être dans le bon tempo le jour J… me voilà bien ! Je sais que la vitesse donnée par le GPS n’est pas fiable en ces toutes premières minutes de course, du coup, ce 14,8 km/h de moyenne affichée ne veut très certainement rien dire… J’attends la borne kilo du 1er kilomètre avec impatience… Mais elle n’arrive jamais ! Enfin là voilà, mais le chrono indique 5 minutes…

Ouh là, je n’y comprends pas grand-chose. J’ai l’impression d’être bien au-dessus de mon allure semi, Christine a déjà quelques 20m d’avance et le chrono indique du 5 minutes au kilo. Pas de panique, on va continuer et on verra bien au second kilo… Je laisse Christine prendre de l’avance en attendant cette fameuse seconde borne kilo. Le GPS indique toujours une moyenne de 14.5 km/h… Il va falloir qu’il se cale le bazar sinon ça ne va pas le faire longtemps ;) Je passe le second kilo du bip automatique GPS – réglé en mode auto-lap tous les kilomètres – en 4min17 et mettrai quelques bonnes 30 secondes supplémentaires avant d’atteindre la borne 2kms. Christine est maintenant à environ 150m devant. Je retrouve avec soulagement mon suiveur, Alain. Le parcours est plutôt descendant ici, et le bip de mon GPS retentit pour m’annoncer un 3ème km en 4min15 ! Christine a repris quelques mètres d’avance.

124Et le pire, côté chrono, viendra du 4ème qui sera couru en 4min10 ! Tout ceci en voyant Christine s’éloigner de plus en plus, elle est maintenant à presque 200m devant avec un petit groupe d’une dizaine de coureurs autour d’elle. Bon, le GPS, maintenant, je suis certaine qu’il s’est calé ! On est sur des bases de 2h55 au marathon à ce rythme, alors si on continue ces conneries encore plusieurs kilomètres, ça risque de péter secos au 34ème, que cela soit pour Christine ou pour moi ! Surtout lorsque l’on sait le profil ascendant de la fin de course, vu que cela monte du 34 au 39ème !!!

Pour ma part, je décide de temporiser et d’essayer de retrouver un 4min25/4min27 au kilo. Je vois Christine et son groupe définitivement disparaitre de mon champ de vision au loin. Alain, à mes côtés, m’encourage à ne rien lâcher mais je lui dis que Christine est partie sur des bases de son record chrono sur un 10 kms, que je préfère ralentir et qu’on a le temps de revenir. Car, dans ma tête, une chose est sûre, je compte bien revenir ! Je préviens également Alain que je risque de payer ce départ trop rapide au 35ème et que j’aurais alors besoin de lui… Un homme prévenu en vaut deux ! Et on discute un peu, tranquillement, tout en ayant ralenti l’allure. Le 5ème kilo sera bipé par le GPS en 4min27… Aqui Oï ! Me voici enfin revenue sur le bon tempo !

121Cela semble vraiment facile à cette allure et Alain est un super accompagnateur vélo. Il me briefe sur le profil du prochain kilomètre… A ce propos, d’ailleurs, je crois que finalement, Jonathan a un peu oublié de mentionner les côtes et autres petits coups de cul que l’on enquille sans répit !!! Alain m’apprendra qu’on appelle cela les « crapahouilles » – je ne sais pas comment ça s’écrit – au pays ! Il insiste sur le fait que je doive prendre les bonnes trajectoires et quand je ne les prends pas de moi-même, il me force à le faire en me dirigeant à l’intérieur des virages avec son vélo.

On échange quelques mots. Il me file, à ma demande, de l’eau ou du coca régulièrement. Il se fâche quand je lui dis trop souvent « merci » ou « s’il te plait » ou « désolée » quand j’ai oublié de le remercier… Et il me freine dès qu’on aborde une section « chemin » – assez nombreuses ces sections, pour mon plus grand plaisir – car il a remarqué, dès la première section trail, que mes DS Trainer avaient accéléré inconsciemment l’allure :) Et vu qu’il reste tout de même de belles sections chemin à venir, mon suiveur fait attention à ce que je ne me laisse pas emporter par mon enthousiasme !!! C’est vraiment une expérience extraordinaire de partager ces moments-là avec une personne que vous ne connaissiez pas 40 minutes plus tôt mais qui ne fait qu’un avec vous dans la quête de la victoire ! Car Alain m’annonce qu’il est venu pour cela ! Le Xavier n’y a effectivement pas été de main morte côté pression ;)))

130Nous voici donc, mine de rien, au 10ème kilomètre que nous passons à la montre en 43min25 et un peu plus tard en ce qui concerne la borne kilométrique. C’est quand même rapide au chrono mais rien d’étonnant vus les 5 premiers kilos ! On continue à une allure de 4min24 / 4min25 au kilo tranquillement, ce qui permet de bien profiter des paysages que nous offre le parcours. Car il faut bien avouer que ce marathon est vraiment superbe en termes de routes empruntées. En plus de sillonner des petites routes de campagnes le long des vignobles, il nous offre la possibilité de traverser différents châteaux. Et, même si personnellement je n’en profiterais pas, vous pouvez déguster à chaque château le vin produit par les vignes de ce château ! Nous traversons des petits villages vraiment bien sympas, sous les encouragements des nombreux bénévoles qui sont là pour vous guider en plus des flèches au sol. A souligner, également, des ravitaillements tous les 3 kilomètres. Ça risque d’être bien utile au vu de la chaleur qui commence à monter doucement.

10845701_819531178131231_1534017407263352799_oEn dix kilomètres, nous avons déjà traversé le fameux château de LA TOUR BLANCHE, Le CLOS SAINT ROBERT, le château CLIMENS et le château GRAVAS. Et côté animation, nous ne sommes pas en reste non plus. Deux groupes de musique nous attendaient à Bommes et à Pujols pour nous donner du peps ! Je crois que ma plus grosse hantise, quand j’ai décidé de refaire un marathon, c’était de m’ennuyer autant que ce que je m’étais ennuyée lors du marathon des Yvelines couru en 2008. Mais je dois dire que là, ces 10 premiers kilomètres entre les superbes châteaux traversés, les animations musicales, les encouragements des bénévoles et spectateurs et les brefs échanges avec Alain, ils sont vraiment passés super vite ! Et petit à petit, on revoit apparaitre au loin, la queue de cheval de Christine… Et oui, comme prévu et juste en étant sur la bonne allure, nous revenons doucement sur elle.

 

  1. Du 10 au 23ème

128L’écueil, quand tu as de nouveau le visu sur la tête de course, c’est de s’enflammer et de se tromper à nouveau d’allure pour revenir vite ! En plus, là, on est sur une section « trail » … alors ça ne loupe pas… le verdict du GPS est sans appel : 4min17 sur le 11ème kilo. On vient de traverser le domaine MYRAT avec un passage super sympa sous le château ! Beaucoup d’applaudissements à ce point du parcours, ça donne des ailes ! Alain, en excellent accompagnateur qui veille au grain, me demande si je n’ai pas accéléré… J’avoue piteusement que si et me recale bien dans mon tempo. On reviendra à la hauteur de Christine pile poil à la borne kilométrique 13 (13.5 au GPS). Je pense, dans un premier temps, me caler à son niveau et prendre le temps de récupérer en ralentissant l’allure, mais, finalement, je décide de rester dans mon rythme et dans ma course sans me soucier d’autre chose.

127Avant de doubler, je prends le temps de me délasser un peu les jambes et de m’hydrater grâce aux bouteilles que me tend Alain. Je vais juste essayer de ne pas accélérer. Ce qui n’est pas forcément évident quand tu es dans l’euphorie de passer en tête. Mais, je sais que la route est encore très longue et je crains déjà de payer mon départ trop rapide quand le 35ème kilo pointera le bout de son nez ! Alors, je ne voulais pas accélérer : c’est loupé !!! 4min17 au chrono pour le 11ème kilo! D’ailleurs, même sans GPS, Alain me fait remarquer que je devrais ralentir un peu ;) Un ange gardien cet Alain ! Bon, il faut dire aussi, que juste après avoir dépassé Christine, j’entends des « Allez Agnès, allez Agnès !!! », « Elle est pour toi celle-là ! » Val est là, à sauter partout, sur le côté de la route ! Ça fait trop trop plaisir ! Elle court même quelques mètres avec moi. Alain n’en revient pas ! Merci ma petite Val ;) La maman de Guillaume m’encourage aussi lorsque nous passons à son niveau. Alors toute cette énergie vaut bien quelques secondes en moins au chrono du moment :)

DSC_0389Enfin, il va falloir se calmer, car on arrive au passage du pont. Et là encore, Alain remarque vite, que j’ai tendance à accélérer lorsque ça monte. On rattrape d’ailleurs deux coureurs du groupe de Christine à ce moment-là. Ça monte franchement, alors j’essaie de temporiser, histoire de ne pas trop faire grimper le cardio. 4min30, 4min22 puis 4min25 au kilo jusqu’au 16ème km où l’on passe par le domaine du beau château LAFAURIE PEYRAGUEY. Toujours pas de dégustation de vin pour bibi – on verra cela après la course ! – mais une petite gorgée de coca que me tend Alain. Il me demande si tout va bien : oui tous les voyants sont au vert, c’est juste un bonheur de courir ! Je me dis que Jonathan ne doit pas être loin du 23ème kilo là et j’espère qu’il passera en tête à ce premier passage du Château FILHOT !

Ça motive de penser à Jo. Surtout que nous abordons une des deux plus belles côtes du parcours. On est sur du profil ascendant du 17ème au semi, où l’on passe pour une première fois à Sauternes avant de prendre la direction du Château FILHOT. D’ailleurs, les chronos s’en ressentent un peu : 4min25, 4min27, 4min27, 4min37 et 4min29 pour le 21ème km que l’on passe en 1h32min18sec. La borne kilométrique 21 sera passée quant à elle en 1h34min et des brouettes, mais je suis déjà au 21.7km au GPS à ce niveau-là. On continue à doubler pas mal de coureurs, que cela soit des marathoniens ou des relayeurs qui en terminent avec leur DSC_0394partie. Sur cette allure, nous arrivons tranquillement à l’entrée du domaine du Château FILHOT. Quelle ambiance, outre le speaker que l’on entend de loin annoncer l’arrivée de la première féminine, beaucoup d’applaudissements de la part des spectateurs et des relayeurs qui attendent leurs coéquipiers du marathon DUO ou qui en ont déjà terminé !

J’aperçois, ainsi, Stéphane, qui m’encourage vivement, puis on arrive au niveau de l’arche où j’ai le droit à beaucoup d’applaudissements ! J’aperçois Xavier, qui est tout sourire et je vais lui taper dans la main qu’il me tend. J’entends Alix, sa fille, qui hurle « Allez Agnès, allez Agnès, allez Agnès ouhaissss !!!!!!! ». C’est juste un moment génial ! J’en oublie les tensions que je commence à ressentir dans les jambes, la fatigue qui s’installe peu à peu… Il faut juste profiter ! J’entends le speaker au micro qui parle « de s’envoler vers la victoire » ! Bon, bah même si j’aimerais bien, je sens d’ores et déjà que la suite ne va pas être de tout repos ! Mais, pour le moment, je profite juste de cette traversée et de tous ces encouragements. J’espère que Jonathan a pu vivre cela en passant en tête également. Mais en fait, j’en suis sure ! Il était en si grande forme avant son marathon que je n’ai aucun doute sur sa victoire, même si les chronos de Thomas sont vraiment excellents sur toutes ses dernières courses !

 

  1. Du château FILHOT au 34ème

t-cortege-de-dequisement_2761510_1200x800Bon, bon, bon… l’euphorie du passage sous l’arche d’arrivée m’a un peu fait perdre le rythme, là ! D’ailleurs, Alain, comme à son habitude, ne manque pas de me le faire remarquer ! 4min20 pour ce dernier kilo. Je temporise donc l’allure, surtout que nous abordons une belle et assez longue section trail au profil ascendant. On se calme ! Nous entrons dans le petit village de Fargues, accueillis par une fanfare. Nous avons eu un petit problème de coca qui s’est renversé, du coup, je profite du ravitaillement du 29ème pour prendre un verre de glucose afin de préserver le coca qui reste pour les 5 derniers kilos car je sens que je vais en avoir besoin. Mise à part la section trail montante où le GPS a affiché un déconcertant 4min39, je maintiens mon allure entre 4min23 et 4min27 au kilo. Mais c’est moins facile qu’au début à ce stade de la course… Jo m’avait annoncé un parcours descendant du 24 au 34ème… Euh… bah non, y a quand même quelques « crapahouilles » là, mon chéri ! De toutes façons, j’aurais dû me méfier car pour Jo tout est plat à part l’Alpes d’Huez !!!

11054822_819522951465387_2925301757916625521_oJ’informe Alain que les jambes commencent à se faire dures ici, au 28ème Il me rassure, me motive à bloc et sollicitera les encouragements des spectateurs à chaque passage de château ou de village ! En plus, il me dit qu’on arrive à la belle descente de 400m et je vais donc pouvoir me relâcher. Il profite du ravitaillement pour remplir à nouveau la bouteille de coca et me la tend afin que je me ressource en énergie.

Le profil descendant et les encouragements d’Alain m’ont fait un bien fou. Et on continue de doubler des coureurs mine de rien. 4min24, 4min22, 4min29 et 4min21 du 28 au 31ème où l’on aborde une autre « crapahouille ». Ouille, ouille, ouille. Mais ça passe. Alain me ravitaille souvent car j’ai vraiment soif et besoin de sucre. Il commence à faire super chaud. L’organisme commence à être bien fatigué et les jambes se durcissent à vue d’œil. Je pense alors à Jo qui doit être arrivé. Je dis à Alain que mon chéri m’avait dit que c’était tout plat mise à part la côte du Château YQUEM. Ça fait bien marrer Alain qui me promet de lui passer une soufflante dès qu’il verra le « chéri » en question !

Au 32ème, je me fai123s doubler par un coureur que j’avais doublé au 25ème : ce n’est jamais bon signe ça ! J’entends Alain lui dire « Ah tu as retrouvé une seconde jeunesse ! », le soupçonnant de vouloir me rassurer quant au fait que ce dépassement venait d’une accélération de ce coureur et non pas de mon allure qui faiblissait ! Mais je ne suis pas dupe. Je sens que la foulée se fait plus lourde… et de toutes façons, le GPS, lui, ne ment pas : 4min40 au kilo ! Aille, aille, aille !

Les jambes commencent à bien lancer maintenant. Ce que je craignais depuis le début est en train d’arriver. Je suis en train de payer ce départ trop rapide. C’est juste ingrat un marathon… Au début, tu es si facile à cette allure que tu dois te freiner grave. Après le 10ème, tu as l’impression d’être sur ton rythme footing et ce jusqu’au 24ème. A partir de là, tu es toujours bien, mais tu sens quand même que tu dois courir un peu, ce n’est plus si facile. Et puis, arrive le 35ème km et là, tu passes direct en résistance ! Et si par malheur tu t’es trompée d’allure en début de course et qu’en plus tu abordes 5 kilomètres de montée, douce au début puis une belle côte, bah là, il faut t’attendre à prendre cher !!!

125Je ne lâche rien pourtant. Je reste dans la foulée du coureur qui m’a dépassée pour garder le rythme malgré les douleurs musculaires bien en place maintenant. Alain continue à m’encourager et me dit de tenir. Et ça marche plutôt bien comme stratégie, même si je suis vraiment à la lutte : 4min24 au 33ème ! Mais bon, ça ne durera pas longtemps. Je laisse échapper mon lièvre improvisé à la faveur d’un ravito ! Je ne sais d’ailleurs même pas pourquoi je me suis arrêtée au ravitaillement alors qu’Alain avait fait le plein de coca. Juste pas le mental suffisant de souffrir en restant à ce rythme jusqu’au bout ? Mystère ! Mais ce qui est sûr, c’est qu’à partir de ce moment-là, ça devient vraiment compliqué et physiquement et, surtout, mentalement !

Un point de côté me force à marcher quelques mètres avant de pouvoir repartir. Alain me motive de plus en plus. Il m’explique qu’il est venu ce matin pour remplacer la personne qui devait m’accompagner qui a eu un empêchement de dernière minute. Qu’il a pourtant bossé toute la nuit et qu’il n’a pas dormi. Mais que quand son coach des RAPETOUS lui a dit qu’il avait besoin de lui et que c’était pour accompagner la première féminine, il n’a pas hésité une seconde. « Alors, tu vois Agnès, t’as pas le droit de lâcher ! » Non, je n’ai pas le droit !

129Je serre les dents mais le moral n’est pas au beau fixe. « T’en as vu d’autres Agnès, tu es forte, tu vas le faire »… Alain me motive comme il peut quand il me voit marcher. 4min34, 4min34, 4min38 et 4min54 pour les quatre derniers kilos nous menant au 37ème kilomètre où la pente s’accentue fortement avant d’aborder la fameuse côte du château YQUEM. Je lui exprime ma crainte que Christine revienne vu mes kilos désastreux. Il me dit que c’est impossible. Je n’ai que ça en tête, offrir la victoire à Xavier. Je n’ai pas envie d’échouer si près du but. Je n’ai pas envie de le lâcher, lui qui a eu la gentillesse de croire en moi et de m’offrir la possibilité de courir ce magnifique marathon, ni de lâcher Alain. Et j’ai envie que Jonathan soit fier de moi. Alain, me redit que si c’est dur pour moi, pour Christine c’est aussi dur, voire plus. Que c’est normal de ralentir ici. Que ça monte depuis 3 kilomètres, que le parcours n’est vraiment pas facile et qu’il dira deux mots à mon chéri à l’arrivée quand il le verra ! Mais, il n’aura pas à attendre jusque là car, au moment même où il me dit cela, j’aperçois le T-shirt jaune de mon homme qui dévale la pente ! « Le voilà », dis-je à Alain…

 

  1. En route vers l’arrivée !

P1280763Il a eu la bonne idée de se pointer à ce moment-là, mon homme ! Ça nous a fait du bien, et à moi de le voir et à Alain, je crois, car il n’est désormais plus le seul à me supporter au sens figuré, mais surtout au sens propre ! J’étais en phase : « Je suis nulle, je n’aurais pas dû partir si vite en suivant Christine, une débutante… ; elle va revenir et je ne vais même pas pouvoir remercier Xavier… »  etc etc etc… Tout cela en continuant de courir. L’arrivée de Jo me calme. Il me dit que Christine a pointé à 10 minutes derrière moi au passage du 23ème – en réalité c’était bien moins large comme avance avec seulement 4 minutes !!! – et que je peux y aller sereinement, que c’est normal de ralentir ici car ça monte, que je vais pouvoir marcher dans la côte YQUEM avant de repartir vers l’arrivée vu qu’après c’est plutôt profil faux-plat descendant.

61Après avoir marché / couru dans la fameuse côte que j’avais pourtant préparée à l’entrainement en faisant une séance hebdomadaire de 6 répétitions d’une côte présentant les mêmes caractéristiques (même longueur, même pourcentage) sélectionnée par Jonathan à ma demande, mais qui me parait alors vraiment, mais vraiment beaucoup plus longue et beaucoup plus pentue qu’à l’entrainement, je me requinque d’une gorgée de coca au sommet et bascule direction Sauternes. Le travail d’Alain et de Jonathan a porté ses fruits : j’ai retrouvé ma confiance et j’essaie d’accélérer malgré les douleurs musculaires. En plus, je sais maintenant que Jo a remporté la victoire et le bonheur d’apprendre cela – même si je n’en doutais pas une seule seconde – ça donne des ailes !!! Après le 5min28 et le 5min02 au 39 et 40ème, je suis à nouveau dans l’allure au 41ème avec un beau 4min26 qui fait du bien au moral.

33On vient juste de passer le 41ème alors que ma montre bipe le 42ème. On le savait depuis le début, de toutes façons, qu’on allait un peu jouer les prolongations : quand on aime, on ne compte pas ! Je remarche un peu histoire de boire mon coca tranquille dans la dernière petite côte avant de me lancer à l’assaut du dernier kilomètre. Alain est super heureux, Jo m’encourage. On est maintenant à l’entrée du parc du Château et j’entends le speaker qui annonce mon arrivée. Je remercie vivement Alain pour tout ce qu’il a fait pour moi. Il me dit de profiter de cette dernière allée et des applaudissements des nombreux spectateurs. Jonathan et lui s’écartent pour que je puisse profiter un peu seule du moment. Je récupère le T-shirt du Château GUIRAUD que j’avais confié à Alain afin d’arriver avec. J’entends Val qui hurle, Stéphane qui m’encourage aussi et plein d’autres. J’aperçois Xavier qui saute partout quelques mètres avant la ligne d’arrivée ! C’est beaucoup, beaucoup d’émotions ! Je m’arrête lui taper dans les bras avant de repartir franchir la ligne d’arrivée.

DSC_0462Une fois celle-ci franchie, je m’empresse de retourner faire la bise à Xavier, puis d’aller remercier Alain avec qui j’ai passé 3h et 13 minutes intenses ! Certes, le chrono n’est pas celui que j’espérais, mais au vu des conditions de course, d’un parcours loin d’être facile, même s’il est magnifique, et d’une distance un peu longue, je suis ravie, mais vraiment ravie! Et il y avait plus qu’un chrono à aller chercher aujourd’hui. Cette victoire, j’y tenais vraiment et ces 10 semaines d’entrainement ont été faites dans ce sens. Juste l’envie de remercier Xavier pour sa confiance, de porter haut les couleurs de son château et de profiter un maximum de la fête ainsi! Après ce début d’année très compliqué pour moi, et donc pour nous, quel bonheur de vivre un tel week-end ici avec Jonathan !

 L’après-course

19Bon bah, même si je n’ai pas fait une « Thomas » – lequel finit second – , je n’en menais pas large non plus. L’excitation de la victoire passée, les gambettes me rappellent à l’ordre avec des crampes de partout. Jonathan et Eloi, puis Alix seront presque obligés de me porter sur la table de massage quelques 100m plus loin ! Après de longues minutes de massage, les crampes semblent enfin se calmer. Je vais pouvoir aller me mettre au sec et profiter de ce bel après-midi au soleil au château FILHOT. Le temps passe très vite à papoter avec Nico qui me raconte sa course et son arrivée au sprint. Je suis ravie qu’il monte sur le podium. Il a superbement bien géré sa course en partant à son rythme et en remontant tout le long. Thomas sort enfin de la tente des secouristes. J’en profite pour papoter avec sa très sympathique femme, Emilie. Guillaume est là également ainsi que Val et Eimi. Une partie de la famille TO réunie ici, c’est juste génial. Vient le moment de la remise des récompenses.

P1280696Nous ne monterons pas sur la première marche du podium au Challenge des Châteaux, remporté par le château CLIMENS pour seulement 3 minutes. Le Château LA TOUR BLANCHE est juste derrière nous, également à moins de 3 minutes ! Un beau match à distance ! C’est ensuite l’heure des podiums individuels, moment que l’on partage avec la famille PLANTY. Quel bonheur de voir le sourire de Jonathan aussi resplendissant. J’aime le voir heureux comme ça. C’est vrai que j’avais beaucoup hésité à l’accompagner ce week-end là car, pour ces trois jours, mon amie Caroline avait organisé une surprise pour mon coach Bertrand pour fêter ses 30 ans de course à pied en Ardèche. Tous ses amis y étaient. Un gros dilemme pour moi de choisir entre les deux évènements. Mais quand on voit son homme si heureux, de revoir son meilleur pote, de passer du temps avec ses amis, de revenir défendre son titre, de l’emporter et d’être aussi fier de moi également, alors je suis contente d’avoir vécu ces moments-là avec lui. Même si j’ai eu une très grande pensée pour le coach ce week-end-là…

C’est sous les meilleurs hospices, mais les jambes bien raides, que l’après-midi se termine. On rentre au gite pour une bonne douche avant de repartir au château GUIRAUD pour un petit débriefing avec Xavier et deux petits verres d’une bouteille Château GUIRAUD ! L’édition 2016 est d’ores et déjà lancée avec des belles surprises à venir. On ne vous en dit pas plus et on vous laissera le soin de les découvrir !!!

 

  1. Les prochains objectifs

DSC_0460Les prochains objectifs ? Déjà récupérer car j’ai vraiment mal aux cannes ! Et très certainement continuer sur la route avec l’envie de faire les 100 kilomètres de Millau même si ce n’est pas facile de résister à la tentation des beaux trails montagnards estivaux… Alors, je ne sais pas…

Pour terminer, je voulais remercier mon homme, en premier lieu, pour tous ces bons moments partagés, pour sa générosité, et aussi pour sa confiance quand il m’écoute pour ses entraînements. Un très grand merci à Xavier pour son invitation et sa confiance, et à Alain pour tous ses conseils, ses encouragements et sa disponibilité. Merci également à Val pour ses encouragements et son amitié. Et mes excuses pour la longueur de ce récit, ça faisait juste très longtemps que je n’avais pas pris un tel plaisir de courir alors … quand on aime, on ne compte pas !!!

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Agnès

Crédit photos des récits marathon sauternes : Républicain Gironde, PO PLANTY; Bernard MUGICA