Marathon de Paris 2018, un marathon riche en émotions par Nicolas DUHAIL
Marathon de Paris 2018 – 42.195km – dimanche 8 avril 2018 – par Nicolas DUHAIL – TEAM OUTDOOR POLI
Le marathon est une discipline singulière, pour laquelle j’ai un respect particulier, comme bon nombre de coureurs. Si on l’aborde à la légère, on risque fort de le regretter ! La distance ne pardonne pas les erreurs, la moindre contrariété peut vite s’avérer rédhibitoire.
Alors pourquoi venir se frotter à ce mastodonte de la course à pied ? Pour le challenge bien sûr, mais aussi pour tenter de reprendre une bonne base de vitesse. En effet, c’est lors de la Mascareignes (65km) à la Réunion en octobre 2017 que j’ai réalisé que je préfère courir que marcher durant mes courses. Je décide donc de participer au Marathon de Paris en 2018, pour tenter de battre mon record personnel (02:31:53) réalisé en 2014 à Sénart, lors de mon premier marathon. En plus d’être proche de chez moi, c’est l’ambiance sur cette course qui m’a donné envie d’y participer.
Dans ce compte-rendu, je vais tenter de vous retranscrire mon marathon au travers des émotions diverses et variées qui sont passées dans mon esprit.
Nicolas
La motivation
La reprise de la course à pied à l’automne 2017, après avoir passé 2 mois à me tourner les pouces (fracture de fatigue au sacrum), fut laborieuse. J’ai vraiment eu l’impression de repartir de 0, les muscles ankylosés par l’inactivité, et les kilos en trop alourdissant ma foulée. Difficile de suivre mes partenaires d’entraînements lors de leur footing de récup, c’est dur pour le moral.
Mais après quelques semaines à trottiner, je commence à retrouver des sensations oubliées. Le plaisir commence même à pointer le bout de son nez ! Je suis déterminé à retrouver mon niveau pré-blessure, en sachant que ce ne sera pas une sinécure. En m’inscrivant fin octobre au Marathon de Paris, je me fixe un bel objectif pour le début d’année 2018.
Le doute
Alors que je suis heureux de pouvoir recourir, et que ma silhouette s’affine progressivement, il est temps de passer à autre chose que du footing. En effet, ce n’est pas en trottinant 3 fois par semaine que je vais battre mon record. Je retrouve donc la piste avec un peu d’appréhension, avec des séances très légères pour commencer.
Puis vient la première séance de seuil, un 4000m, que je vais essayer de faire à fond. Je le termine dans la souffrance en 14:02, c’est-à-dire à l’allure que j’aimerais bien tenir sur marathon dans quelques mois… Ça s’annonce compliqué ! Je ressens une grosse incertitude concernant ma capacité à atteindre ce niveau, mais croisons les doigts.
La persévérance
La véritable préparation marathon commence le 1er janvier, soit 14 semaines avant l’objectif. Je décide de suivre le programme fourni par Adrien GUIOMAR à ses collègues, basé sur son expérience et celle de son coach. Le programme est contraignant, mais on peut dire qu’il a fait ses preuves. Plus d’informations sur ma préparation ici : http://www.team-outdoor.fr/blog/pas-a-pas-nicolas-duhail-revient-sur-sa-preparation-marathon-de-paris/
Le principal est de ne pas baisser les bras durant cette période. Même si les chronos sont mauvais, même si les sensations ne sont pas terribles, il faut serrer les dents et enquiller les kilomètres ! Assiduité est le maître mot.
La lassitude
La fatigue fait vite son apparition, et l’enchaînement des séances est difficile à supporter, mais pas insurmontable. De plus, l’hiver a été rude cette année, avec neige, pluie et vent sans arrêt. La météo n’a pas été de notre côté, et il fallait se motiver pour sortir dans ces conditions.
Les kilomètres défilent, les tours de piste s’enchaînent, les entraînements se succèdent, et une routine commence à s’installer. Heureusement, les séances sont variées : VMA, seuil, côtes, escaliers, allure marathon, sortie longue…
Le dépassement de soi
La préparation fut ardue, mais heureusement j’ai eu la chance de pouvoir la réaliser en groupe. Tout seul, cela n’aurait pas été la même histoire. Rien de telle qu’une séance à plusieurs pour se motiver mutuellement, et donner le meilleur de soi-même.
Tenter de s’accrocher à plus fort que soi est le meilleur moyen de progresser. J’ai dû me sortir les tripes de nombreuses fois sur la piste pour ne pas lâcher le wagon. Et quel plaisir de terminer une grosse séance au sprint avec ses partenaires (même si je suis abonné à la dernière place) !
Le relâchement
10 jours avant l’échéance, place à la récupération. C’est la fameuse période d’affûtage nécessaire pour que le corps se régénère. Seulement quelques footings, une séance de 4km d’allure marathon (une formalité après ce qu’on a enduré) le mardi, et quelques lignes droites le jeudi.
Vendredi, c’est la journée de repos, la première depuis un moment pour ma part. Comme par hasard, il fait un temps magnifique. Je n’ai qu’une envie, c’est d’enfourcher mon vélo et d’aller rouler en ressortant le cuissard court ! Mais je suis raisonnable, retour à la maison, et repos sur le canapé devant Koh-Lanta !
Samedi même « problème », il fait beau ! Je m’autorise un petit footing pour délier les jambes, 30 minutes tranquilles puis 6 accélérations. Ensuite ce sera sieste toute la journée pour être dans les meilleures conditions possibles le lendemain.
Le stress
C’est le jour J, je me réveille à 5h15 pour manger et avoir le temps de digérer avant le départ à 8h25. C’est tôt, mais j’arrive à me rendormir une heure avant de partir prendre le métro. Avec la grève de la SNCF, pas facile d’arriver à l’heure.
Fidèle à mes habitudes, je suis à l’arrache pour le départ. Je dois passer Avenue Foch pour déposer mon sac, puis rejoindre le départ sur les Champs-Élysées. J’en profite pour m’échauffer en slalomant entre les milliers de participants.
J’ai la chance d’avoir obtenu un dossard élite, qui me permet de rentrer par l’avant, et de partir dans la foulée des Kényans. Points bonus supplémentaires pour les toilettes situées à un mètre de la ligne de départ, idéales pour se soulager avant le coup de pistolet.
L’envie – KM0
Je retrouve mon coéquipier Benoît GANDELOT, bien visible grâce à son débardeur jaune. Pour ma part j’ai opté pour le T-shirt classique, étant trop pudique pour exhiber mes épaules. À mes pieds, je porte des Adidas Adizero Boston Boost flambant neuves, inaugurées cette semaine. Accompagnées bien entendu de chaussettes THYO Energy Run.
Aux côtés de Ben, mes partenaires d’entraînement, Adrien, Flo, Damien et Clément. Pour l’instant ça rigole encore, mais j’aimerais voir leurs visages d’ici 2 heures ! Je profite de cet instant d’euphorie : ça fait plusieurs mois que je vis au rythme de ce marathon, maintenant j’ai envie d’en découdre.
8h25, le départ est donné. Autre avantage du sas élite, ça ne bouscule pas, il y a de la place pour tout le monde sur ce large boulevard. Je laisse les favoris s’échapper, et à moi de jouer ! Le premier kilomètre jusqu’à la place de la Concorde est en faux-plat descendant, ça part vite.
L’incertitude – KM2
J’ai travaillé tout l’hiver une allure marathon de 3:30/km, ce qui donne en théorie un marathon en 2:27:41. Cela me laisse une petite marge pour espérer casser la barre des 2h30. Je pars comme prévu avec Adrien et Flo sur cette allure.
Damien, blessé en fin de préparation, et Clément, prennent le départ de leur premier marathon. Malgré leurs superbes séances à l’entraînement, ils préfèrent donc jouer la sécurité et partir légèrement moins vite. Ben choisit également d’être plus prudent et préfère ne pas s’immiscer dans mon groupe. Je lui souhaite bonne course en le dépassant, en espérant qu’il atteigne son objectif. Je ne le reverrai plus. Son compte-rendu à lire ici : https://www.facebook.com/teamoutdoor/posts/1314767291957098
Pour l’instant, je ne ressens pas une grosse fraîcheur dans mes jambes, et je ne suis pas en aisance respiratoire. Les sensations ne sont pas terribles, mais la course est encore longue, je sais que j’ai besoin de temps à l’allumage.
La contrariété – KM4
J’ai pris le départ avec 4 gels EAFIT (Performer x2, MyoControl x1, Finisher x1) pour m’alimenter durant ces 42 bornes. Pour les transporter, j’ai voulu expérimenter une technique de chaussette coupée sur l’avant-bras, permettant de maintenir les gels (théoriquement). À l’arrêt, aucun problème, mais en courant à 18km/h, les gels commencent à se faire la malle !
Je m’en veux de ne pas avoir testé ça à l’entraînement. Après avoir essayé de les remettre en place plusieurs fois, je m’avoue vaincu et abandonne la chaussette. Deux gels dans chaque main, et c’est réglé ! Vivement le short Beryl Team Outdoor Poli qui va arriver avec ses deux poches prévues pour les gels.
L’espoir – KM5
Premier passage sur la place de la Bastille, et premier ravito. Pour l’instant il fait encore bon, mais les rayons du soleil commencent à percer. Je laisse le soin à Adrien de prendre une bouteille d’eau, qu’il nous passera bien aimablement.
Je sens maintenant que mes jambes se réveillent, mes muscles ont fini de dormir. Les sensations s’améliorent, je ne suis pas en galère au niveau du souffle, et c’est tout bon pour le moral.
L’allégresse – KM7
La course est à présent lancée, j’ai pris mon rythme. Adrien est là pour nous (Flo et moi) servir de lièvre de luxe, jusqu’au 14ème kilomètre. Mais les autres participants l’ont bien compris, et ont vite fait de prendre sa foulée. Cela permet de créer un bon petit groupe de 6 ou 7 concurrents.
Je profite de l’instant présent : visite de Paris, odeur de pain chaud qui sort du fournil. Pour le moment, cette balade au soleil est bien agréable !
La concentration – KM9
On arrive à la sortie de l’avenue Daumesnil, passage devant le magasin TEAM OUTDOOR. Je reste concentré pour maintenir l’allure. Un coup d’œil sur la montre à chaque kilomètre me permet d’avoir une idée de la situation.
Pour l’instant, les kilomètres sont souvent un peu rapides, on est en avance sur l’objectif. Le lièvre est trop fougueux ! On essaye de le calmer, car pour lui c’est du footing actif ;)
Attention également à l’hydratation et l’alimentation. Je me prépare à prendre mon premier gel car tous les minéraux de mon corps partent en sueur.
La surprise – KM10
Peu avant le château de Vincennes, on rattrape Menouar BENFODDA, un coureur atypique avec un RP en 2:22:47. Cette année, il nous surprend lorsque l’on jette un œil à ses chaussures : il court en vigatanes (espadrilles catalanes), modèle minimaliste ! L’année dernière, il avait fait ce même marathon en costard-cravate ! Apparemment, il est adepte des records loufoques.
La sérénité – KM13
Dans le bois de Vincennes, je me sens bien. Le boulot a été fait en amont, désormais il ne reste plus qu’à concrétiser. Les spectateurs sont un peu moins présents à cet endroit du parcours. Je profite de ces quelques minutes de silence pour me concentrer sur ma respiration, et sur le bruit de nos pas matraquant le bitume.
J’observe les coureurs autour de moi : chacun est dans sa bulle. Tous au même rythme, dans la foulée du coureur qui le précède : c’est une belle mécanique ! La décontraction est primordiale, je relâche mes bras à la moindre descente. Objectif : rester souple le plus longtemps possible :)
Au kilomètre 14, Adrien a fini son boulot et s’écarte. Un grand merci pour nous avoir emmenés jusque-là, et pour avoir permis la cohésion du groupe. Désormais il va falloir bosser et se relayer.
La confusion – KM17
Apparemment, Flo était un peu trop dans sa bulle. Au 17ème kilomètre, il ne voit pas le ralentisseur et s’écroule sur la chaussée. Aïe ! Je me retourne pour voir ce qu’il s’est passé. Plus de peur que de mal, il se relève et rattrape le groupe sans trop de difficultés.
J’espère qu’il n’a pas trop puisé dans ses ressources. En tout cas, il est bien amoché, au genou ainsi qu’à l’omoplate. Mais pas le temps de se lamenter, la course ne s’arrête pas.
La peur – KM21.1
On arrive au semi-marathon en 01:13:18, à moins de 30 secondes de mon RP ! Là j’avoue que j’ai une légère appréhension pour la suite de ma course. Comment vais-je pouvoir terminer dans de bonnes conditions après avoir été aussi vite ?
Tant pis, c’est trop tard pour se poser ce genre de questions, il reste à assumer et tenir cette cadence infernale jusqu’au bout. C’est le moment d’engloutir un deuxième gel EAFIT.
Le partage – KM22
Pour le moment, le groupe est solide, personne ne lâche et les relais passent bien. À notre niveau, pas de bataille pour la victoire et les 40k$, juste le chrono nous importe. On est tous dans le même bateau, et chacun peut contribuer à la réussite du groupe.
On passe pour la deuxième fois place de la Bastille, où notre pote Julien nous encourage. À chaque ravito, celui qui attrape une bouteille la passe ensuite aux autres. Je trouve qu’il règne un bel esprit d’équipe.
La confiance – KM23
Les kilomètres défilent et le rythme est toujours adéquat. Nous sommes bien dans l’allure. J’ai la sensation d’en avoir encore sous le pied, pourvu que ça dure.
Le plaisir – KM24
Autant le premier semi était une découverte pour moi, autant je connais bien cette deuxième partie du parcours, car j’étais lièvre l’an passé pour Flo. Mais ce n’est pas pour autant que je ne lève pas la tête. Je profite du paysage qui nous est proposé, notamment les monuments comme la cathédrale Notre-Dame de Paris.
L’ambiance sur le parcours est toujours incroyable, surtout sur les quais de Seine. Par ce beau temps, les spectateurs sont nombreux à faire le déplacement pour nous encourager. C’est agréable de se sentir soutenu dans notre épreuve. Comme je me sens bien, je n’hésite pas à prendre des gros relais pour apporter ma pierre à l’édifice.
La réjouissance – KM25
Après avoir eu droit aux encouragements (ainsi qu’à de nombreuses conneries) d’Arnaud DETHOREY sur sa bicyclette, j’aperçois mon frère Alex sur le côté, lui aussi en vélo. Renaud est aussi venu nous voir, il partagera quelques hectomètres avec nous, alors que nous apercevons le Musée d’Orsay.
Puis c’est au tour de mes parents de me surprendre, juchés sur leurs vélos. J’apprécie le fait d’avoir sacrifié leur grasse matinée pour venir me voir ! Avec tous ces supporters, les kilomètres passent plus vite. Merci à tous, même ceux que je n’ai pas reconnus !
La peine – KM30
Les odeurs de pain chaud ont laissé la place aux odeurs de pisse dans les tunnels. L’entente dans le groupe commence à être moins cordiale, les relais passent moins bien. On aimerait tous rester caché jusqu’à l’arrivée, mais malheureusement il est nécessaire de se sacrifier pour avancer.
Nous distinguons la Tour Eiffel de l’autre côté de la Seine, dans un halo de lumière. Ce soleil, agréable à 8h30, commence à être agressif deux heures plus tard. La chaleur entraîne la déshydratation, qui amène les crampes. Je fais donc tout mon possible pour boire à chaque ravito, et j’avale un 3ème gel avant de manquer d’énergie.
Je ne suis maintenant plus dans la facilité, il faut forcer pour maintenir l’allure. Au moins, la préparation permet de ne pas se prendre « le mur » de plein fouet, je suis toujours aux alentours de 3:30/km.
Au 33ème kilomètre, un long faux-plat nous fait baisser de rythme. Mais je ne suis pas le seul à lutter : mon père est derrière, sur son destrier, en train de se déchirer pour arriver à suivre !
L’incompréhension – KM36
On entre dans le Bois de Boulogne, mon terrain d’entraînement. C’est alors que ça devient du grand n’importe quoi au niveau des panneaux indiquant le kilométrage. Je passe le KM36 en 3:55, c’est un peu la panique car je n’ai pas l’impression d’avoir ralenti. KM37 en 3:07, ça se rééquilibre. Idem sur les deux suivants, 3:52 et 3:06 !
Les mecs qui ont posé les panneaux ne tournaient sans doute pas à l’eau claire.
La déconnexion – KM37
J’ai vraiment les jambes qui commencent à tirer. Le souffle, qui ne posait pas de problème jusqu’à présent, commence à être court. Je dois faire face à l’arrivée d’un point de côté, il choisit bien son moment.
C’est à cet instant qu’il faut débrancher le cerveau. Cinq kilomètres allure marathon, c’est ridicule par rapport à ce que j’ai déjà enduré. J’avale mon dernier gel (finisher) en espérant qu’il me porte jusqu’à la ligne.
La souffrance – KM39
La marque de haut-parleurs JBL, partenaire de l’événement, a placé sur le parcours des « Motivation Men », affublés d’un haut-parleur dans le dos. L’un deux décide de nous accompagner, avec une musique affreuse supposée nous aider ! Heureusement pour mes oreilles, il ne parvient plus à nous suivre au bout de quelques hectomètres.
La douleur devient intense, j’essaye de suivre le rythme imprimé par Fabrice DESRUES, vainqueur quelques semaines plus tôt du semi de Rambouillet. Je m’efforce tout de même de le relayer comme je peux, mais je n’ai plus beaucoup de forces à jeter dans la bataille.
Nous passons devant le dernier monument du parcours, la fondation Louis Vuitton. Difficile d’apprécier l’architecture à sa juste valeur lorsque l’acide lactique parcourt tous mes muscles. Je me concentre sur la ligne verte qui représente la trajectoire optimale du marathon, en pensant que chaque pas me rapproche de l’arrivée.
La réminiscence – KM40
Depuis quelques kilomètres, le groupe a commencé à exploser, et a perdu 2 ou 3 unités. Tout le monde a atteint ses limites et est poussé dans ses retranchements. L’américain Kyle LARSON semble être le plus en forme sur cette fin de course, il s’échappe tout doucement et je m’accroche désespérément.
Plus que 2 petits kilomètres, il est temps de sacrifier toute l’énergie qu’il me reste. Je lutte contre mon cerveau, qui m’envoie sans arrêt des signaux d’alarme. J’ai bien compris que mon corps avait mal, mais il va falloir tenir encore un peu.
Cela me rappelle ma dernière séance de vitesse, effectuée 10 jours plus tôt. C’était un 10x1000m avec 1’30 » de récupération, et la dernière série fut un supplice, tant les jambes me brûlaient. J’avais explosé, mais j’étais quand même allé au bout. Aujourd’hui, sur ces derniers kilomètres, je retrouve ces mêmes sensations : ce souvenir me permet de puiser au plus profond de ma force mentale.
L’abnégation – KM41
Dernier kilomètre, je suis vidé, je ne sais pas où en est le chrono, mais je veux tout donner jusqu’à franchir cette satanée ligne d’arrivée. En effet, ce sera sûrement mon dernier marathon avant longtemps, je ne compte pas battre ce record de sitôt, donc autant le descendre un maximum !
Ce marathon nécessite un effort colossal, je ne me rappelle pas avoir autant souffert lors de mes précédents marathons. Mais ma détermination ne m’a pas fait défaut aujourd’hui, j’avais un appétit d’ogre pour venir à bout de cette épreuve.
La déception – KM42
Il reste 200 mètres, j’aperçois l’arche d’arrivée. L’américain Kyle a pris quelques mètres d’avance, tandis qu’un concurrent revenu de l’arrière me dépose littéralement (belle gestion de course). De toute façon, à cet instant précis, je lutte contre moi-même.
Je découvre le chrono, qui est affiché sous l’arche. 2h27, et les secondes qui défilent sous mes yeux. Et là, c’est le drame, je vois le RP de Jonath (02:27:50) me passer sous le nez ! La déconvenue est de courte durée.
La délivrance – KM42.195
Passage de la ligne, enfin c’est terminé ! C’est l’extase : le calvaire de mes jambes arrive à son terme. Je regarde ma montre : elle indique 02:27:56. Je m’écroule par terre pour savourer ce moment et reprendre mes esprits. Beaucoup d’émotions contradictoires traversent mes pensées. Ma tête est au paradis, tandis que mon corps se trouve en enfer.
Je pense que je suis resté allongé deux minutes sur ce tapis, à apprécier ce moment rare. Je ne connais pas grand-chose permettant de vivre des sensations pareilles, et d’éprouver autant de sentiments distincts.
La jubilation
Finalement, un autre finisher a pitié de moi et décide de m’aider à me relever. Je suis heureux, mon objectif est atteint. À vrai dire, je m’étais fixé 5 objectifs, par ordre croissant de difficulté : être finisher, battre mon RP, passer sous les 2h30, battre Flo, et enfin battre le RP de Jonath. J’ai donc accompli les 4 premiers, ce qui est déjà très satisfaisant !
La communion
Après avoir récupéré ma médaille et mon T-shirt, je ne m’attarde pas car je suis attendu pour un repas de famille. Tous les ans, à l’occasion de Noël, mon Grand-Père nous invite tous au restaurant. Mais comme c’est compliqué de trouver une date pour réunir tout ce beau monde, ça se termine souvent en mars ou avril !
Je suis congratulé pour ma récente performance, et ça me fait plaisir de pouvoir partager ça avec mes proches.
L’excès
Mais n’oublions pas l’essentiel : un bon burger pour reprendre des forces, puis place au buffet de desserts à volonté ! Soyons honnêtes, je pense que leur chiffre d’affaires a pris un coup ce 8 avril.
Cheesecake, tarte citron meringuée, cookies, moelleux au chocolat, glaces, crêpes, mousse au chocolat, tout y passe ! C’est la débauche, les autres clients me regardent mal à partir de ma 3ème assiette ;)
Il est temps de conclure ce récit. J’ai atteint mon objectif, RP battu d’environ 4 minutes. Ça paraît peu, mais en y regardant de plus près, c’est 6 secondes de mieux par kilomètre (3:30 vs 3:36). Si on m’avait annoncé ça quand j’ai repris la course fin 2017, je n’y aurais pas cru.
Je retiendrai aussi que le marathon est une épreuve exigeante. La course en elle-même bien sûr, mais également la préparation qui va avec. Ça demande du temps, de l’énergie, et une bonne dose de motivation. C’est pourquoi je pense laisser passer un long moment avant mon prochain !
Je me suis aussi rendu compte que le marathon requiert des qualités particulières. En effet, je suis incapable de suivre Flo et Clément sur la piste lorsque qu’ils font 20x400m en 1:08 (j’ai passé cette séance en 1:11 de moyenne), mais mes aptitudes d’endurance me permettent d’être devant sur marathon. Peut-être qu’un jour je me lancerais sur un 100km route pour voir si c’est adapté à mes compétences !
Finalement, ce fut une belle aventure qui s’est conclue de la meilleure des manières. Maintenant profitons du printemps. Un peu de repos, puis place à la saison de trail : j’ai hâte de retrouver de la boue, du dénivelé, et des changements de rythme ! Rendez-vous en mai au Trail des Lavoirs pour se faire plaisir.
Crédits photos :
Christophe Jullien Photographie
Athaa – Farhay Photographie
Alexandre Duhail – Isabelle Duhail
Laurence Tange (MaxiCross de Bouffémont)
Bruno Turbé (EcoTrail de Paris)
Alexandra van Hauwe (Trail d’Auffargis)
Marcin Witamboski (Trail d’Auffargis)
Marc Franz (Trail d’Auffargis)
ASR Trail 78 (Trail d’Auffargis)
Vincent
14 avril 2018 @ 13 h 39 min
Merci pour ce CR très riche en enseignements pour nous, autres coureurs. Et bravo pour cet énorme chrono.
Claire Duhail
14 avril 2018 @ 17 h 08 min
Quel beau récit !
On est fiers de notre fils à double titre : Préparation et Performance, bien sûr, mais aussi la jolie manière de raconter ce marathon…
BRAVO !!!!
Marc
18 avril 2018 @ 22 h 53 min
Bravo.
Je suis content de constater que je ne suis pas le seul à avoir eu la mésaventure des panneaux 36 et 38 mal placés ! Dans mon cas, j’ai regardé ma montre au 36 et au 38 mais pas au 37…ni au 39. J’ai donc cru que j’etais en train d’exploser sans voir que ça s’équilibrait aux 37 et 39. Je n’ai plus regardé ma montre jusqu’à l’arrivée pour ne pas me décourager encore plus, et me suis trouvé bien surpris mais heureux en constatant sur la ligne que mon objectif était atteint (2h59)…. Mais clairement cette erreur m’a obligé à encore plus de mental pour finir la course en étant persuadé que l’objectif ne serait pas atteint…